Quelle ne fut la surprise de la Sorcière lorsqu'elle vit le Divin Empereur en personne, posté devant la porte du palais. Il portait une armure d'apparat faite d'écailles de dragon noires argentées, un des matériaux les plus rares, car seuls les plus puissants chevaliers pouvaient tuer un dragon, et ainsi réaliser eux-même leur armure. La jeune femme possédait elle même une combinaison d'écailles turquoises, mais fut tout de même impressionné par les talents de couturier de l'empereur. Elle s'agenouilla, comme le voulait la coutume lorsqu'il fallait saluer un porteur d'armure de dragon, pour témoigner son admiration devant une telle oeuvre.
-Votre Grandeur, c'est un plaisir de vous revoir...
Le jeune homme la salua à son tour, en prenant soin de l'appeler par son nom d'emprunt, Violette.
-J'attends une délégation des Îles Barbares ce soir, et j'aurais besoin de votre assistance. Vos caméristes s'occuperont de vous adorner. Veuillez m'excuser de vous presser de la sorte, je vous promet qu'une fois ces formalités passées nous prendrons plus de temps seuls à seuls pour converser à propos du Bal.
Un palefrenier emmena Ébènes aux écuries impériales tandis que la Sorcière gravit le grand escalier de marbre veiné d'or du grand hall, accompagnée de ses deux femmes de chambre. Elles la conduisent à un boudoir aux murs tapissés de damasseries jaunes et bleu ciel.
De grands miroirs, des étagères croulant sous les onguents, les poudres et les peignes couraient le long des hauts murs. Une petite porte ouverte menait à une garde-robe d'où une petite femme d'une soixantaine d'année sortit voiles et parures. Les soubrettes baignèrent et parfumèrent la jeune fille à une vitesse si remarquable que en à peine une heure elle se tenait devant un miroir de plain-pied, désarçonnée.
-Pourquoi suis-je vêtue comme une odalisque ? Nous sommes censés recevoir des diplomates du Nord, et non du Sud !
-Nous n'avons fait que suivre les ordres de Sa Grandeur, Demoiselle Violette.
La sorcière se mira encore. Son visage était lourdement maquillé de lila et de poudre de diamants, ses cheveux également étincelaient sous la poudre de diamants, leur donnant une teinte de ciel étoilé. Mais le plus choquant dans son accoutrement était sa nudité apparente. Elle ne portait qu'une culotte de ficelle argentée et sa poitrine généreuse était à peine bandée dans une étole de la même couleur. Des voiles lavande et glacier masquaient le bas de son visage mais laissaient deviner toutes les formes de son corps sculpté par des années d'exercice. Des bracelets d'or blanc et de pierreries teintaient à ses bras et à ses pieds. Elle ne put s'empêcher de rougir devant son propre reflet.
Une autre femme, vêtue d'un justaucorps noir orné d'un long tablier de soie émeraude vint leur rencontre. Une professeure de danse.
-Violette, le temps presse. Vous savez danser la danse du voile, j'imagine. Je viens pour la dernière répétition. La représentation est dans une heure.
Violette haussa un sourcil. Elle savait danser la danse du voile, évidemment, mais il devait avoir une erreur. C'était à une réunion qu'elle devait assister, pas à un ballet...
Une heure plus tard, ses pieds nus en feu, Violette fut introduite, perplexe, dans une salle d'audience informelle, ornée de candélabres répandant une lumière chaleureuse et de sofas de velours bleus paon. Autour de larges tables rondes garnies de victuailles se tenaient les délégations Barbares. Au fond de la salle de jeunes danseuses blondes, surement originaires de la Vallée des Fjords, se produisaient, bien trop courtement vêtues par rapport aux traditions nordiques.
-Par tous les dieux, Professeur, je vais devoir danser devant ces barbares ?
-Oui Violette, Sa Grandeur ne vous a-t-elle pas prévenue ? Allez, tout se passera bien, vous êtes talentueuse.
La jeune fille traversa la pièce d'un pas gracieux, lançant un regard interloqué derrière son voile à l'Empereur.
À quoi donc jouait-il ?
-Et maintenant, messieurs, veut spécialement pour ravir vos yeux, la plus belle femme de nos contrées, je vous présente Violette !
La Sorcière se sentait humiliée. Elle livra sa plus belle performance de danse du voile, mais au fond d'elle, elle bouillait d'un feu plus noir qu'un ciel de nuit orageuse. L'Empereur s'était servi d'elle, l'avait exposée et sexualisée, elle, la femme la plus puissante de l'Empire. Maintenant, elle se fichait que ce soit un ancien ami, elle voulait prendre sa revanche sur cette nuit où il avait eu le dessus, et sur cette soirée-là, où il l'avait exhibée telle une fille de joie.
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Love, war and witchcraft
FantasyAu sein de l'Empire les lois et les dieux décident du destin de chacun de ses habitants. Tout le monde vivait dans cette contrée en harmonie, jusqu'à ce que la Sorcière Suprême croise la route du Divin Empereur, et que ces derniers constatent que l'...