Chapitre 1

63 6 15
                                    

 — Marie !

L'interpellée sortit de ses pensées et se rendit compte que son prénom avait été prononcé plusieurs fois avant d'atteindre sa conscience.

— Oui pardon.

— La clé à mollette ! Ça fait cinq minutes que je te la demande et ça commence à être vraiment lourd, lui reprocha la jeune fille aux cheveux châtain clair agenouillée devant le rail qu'elle était en train de réparer.

Sans la faire attendre plus longtemps, Marie lui tendit le-dit objet. Elle obtint un remerciement soulagé en retour. Cela faisait maintenant deux heures qu'elle assistait Virginia pour la réparation des rails. Cela aurait été plus rapide si elles s'y étaient mises à deux mais il fallait que l'une d'elles reste sur le quai pour pouvoir aller chercher les outils et pièces nécessaires, ne sachant pas à l'avance de quoi elles auraient besoin. Elles étaient plus douées dans l'ingénierie et la prise en main générale de la gare plutôt que dans la réparation - très rare - des rails. Il n'y avait qu'une seule voie après tout. Un gros soupire satisfait échappa à Virginia tandis qu'elle se redressait.

— Voila une bonne chose de faite !

— Tu es sûre que tout est fini ?

— Tu peux vérifier par toi-même si tu ne me fais pas confiance, la taquina la jeune fille en se hissant lestement sur le quai, après avoir remonté ses outils.

— Oh non ! Je te fais confiance, je veux juste être sûre qu'on n'aura pas à refaire tout ça trop vite, la rassura Marie.

Elles récupérèrent leurs affaires et partirent ensuite à l'atelier pour tout ranger. Virginia éternua légèrement à cause de la poussière qui flottait dans l'air. Cette pièce ressemblait plus à un débarras qu'à un réel atelier. De vielles planches de bois moisissaient dans un coin tandis que des outils rouillaient, pendus aux murs. De grosses machines à l'usage inconnu disparaissaient sous des draps jaunis par le temps. Elles semblaient de toute façon trop archaïques pour être d'une quelconque utilité. Une unique ampoule nue se balançait doucement au dessus du seul établi propre. Une étagère - moins branlante que les autres - accueillant le nécessaire aux deux ingénieures pour accomplir leur travail.

— Le train est sensé passer bientôt donc j'espère que non. Il faut toujours remettre quelque chose en place après son passage.

Marie acquiesça en rangeant les outils à leur place. Cela semblait faire une éternité que les deux jeunes filles s'occupaient de la gare toutes seules. À vrai dire, elle ne savait même pas précisément depuis combien de temps elles y travaillaient. En y réfléchissant bien, elles ne s'étaient jamais vraiment posé la question.

— Nini ? Depuis combien de temps on fait ça déjà ?

L'interpellée s'interrompit dans son mouvement et prit le temps de réfléchir.

— Quatre ans ? Non... Cinq ?

Elle se frotta le menton en fronça les sourcils, vraisemblablement prise dans un problème  complexe. Puis, d'un coup, son visage se détendit. Elle haussa les épaules et continua d'un air nonchalant.

— Peu importe, on est plutôt pas mal loties. Les zombies ne posent presque jamais de problème et on est nourries, logées et blanchies.

Le Dernier arrêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant