Chapitre 15 {II}

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 Mélody enfourna la chip de pomme de terre dans sa bouche et lécha le sel resté sur ses doigts, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur. De sa main propre, tandis que l’autre s’essuyait distraitement sur le bas de son pyjama, elle appuya furieusement sur la touche bas de son clavier pour arriver jusqu’à la fin de son document. Un coup d'œil aux statistiques lui suffit pour voir qu’elle en était à deux cents cinquante pages. Sa bouche se tordit dans un sens puis dans l’autre, perplexe, sa main allant chercher une autre chip dans le sachet déjà presque vide.
 Sa directrice de mémoire lui avait dit de faire attention, qu’elle avait tendance à trop écrire et que cela ternissait la qualité de son travail. Deux cent cinquante pages et elle n’en était qu’à la fin de la première partie sur les trois qu’elle avait prévu. Pour un mémoire de Master, c’était probablement trop… mais il y avait tant de choses à dire ! Tout résumer en une moyenne de cent à cent cinquante pages comme on leur avait conseillé lors de la journée d’orientation lui paraissait ridicule. Mais sa professeure allait certainement lui faire un commentaire lors de leur bilan à la rentrée. Elle l’entendait déjà : “Je vous avais dit de faire plus court !”
 Mélody soupira, sa chip toujours dans la main, son visage reposant dans la paume de l’autre. Heureusement que les vacances n’étaient pas encore terminées. Noël et bientôt le Nouvel An passés, la jeune femme avait encore du temps pour apporter des corrections. Malheureusement, elle était plutôt du genre à rajouter des choses qu’à en supprimer, le nombre de pages ne cessant alors d’augmenter à vue d'œil. Elle aurait aimé être capable de se canaliser. Ses pupilles se dirigèrent vers la chip dans sa main.
 Il en allait de même avec la nourriture, pas vrai ? Le stress du mémoire et des examens à venir la faisait manger pour deux depuis des semaines. Remettant la chip dans le sachet, elle croisa les bras sur son bureau et y enfouit son visage. Ses cheveux encore humides de sa douche s’échappèrent tout autour d’elle, s’ouvrant comme le ferait un éventail sur son dos et ses épaules. Une mèche qui sentait bon le shampoing à la vanille vint chatouiller ses narines. Il n’était que le début d’après-midi mais elle sentait la fatigue l’envahir, une sieste lui faisait particulièrement envie à cet instant. Les yeux clos, elle aurait certainement pu s’endormir juste là et maintenant.
 Après un instant, Mélody tourna sa tête dans l’autre sens et ouvrit doucement les paupières, détaillant la casquette noire et orange qui reposait sur la tête d’une de ses peluches. Elle sourit en la voyant, se souvenant du jour où Tachi la lui avait donnée. L’étudiante l’avait rapportée du campus avec elle pendant les vacances, se disant que l’avoir sous la main lui donnerait de la force, comme elle l’avait fait depuis quatre ans.
 Puis, trois coups retentirent à sa porte. Mélody se redressa brusquement et remit ses cheveux correctement sur sa tête. Oh non ! pensa-t-elle, affolée.

 — A… Attends deux secondes !

 Prenant la première chose qui lui tomba sous la mains, la jeune femme posa brutalement son dictionnaire sur le paquet de chips, les détruisant au passage, espérant cacher les preuves de sa présence ici.

 — V… Vas-y c’est bon, tu peux entrer.

 Après un instant de flottement, la porte s’ouvrit doucement, une légère hésitation se faisant sentir dans le mouvement. L’étudiante reconnut bien vite la silhouette qui pénétra dans sa chambre : une taille plus haute que la porte, des cheveux noirs, une veste kaki sur un t-shirt noir et un pantalon baggy.

 — Oh, c’est toi ! s’exclama Mélody.
 — C’est que t’as l’air soulagée de me voir, sourit Tachi.
 — Je croyais que c’était ma mère, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.

 La jeune femme se retourna vers son bureau, enlevant le dictionnaire de son paquet de chips, le visage dépité de l’avoir massacré pour rien.

 — Oh des chips, s’enthousiasma son ami en se penchant par-dessus son épaule.
 — Ouais… elle m’aurait encore engueulée si elle m’avait vue en manger. Elle m’a interdit de grignoter entre les repas. Elle trouve que j’ai pris trop de poids depuis le début des vacances…

Fallen {Amour Sucré Campus Life}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant