Jaune

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1839 - Opéra Céleste dans la Cité de Coralina, Île de Nymara dans l'océan Indien.

Il l'avait fait. Il avait réussi à obtenir le premier rôle masculin dans le ballet La Sylphide. Il allait enfin briller. Prenant une profonde inspiration, il s'avança sur scène. Les exclamations du public résonnèrent à ses oreilles. Il leva les yeux pour contempler la salle, et c'est alors qu'il les vit. Des yeux noirs, intenses, qui semblaient percer son âme. Il sentit son souffle se couper. Quelle était cette sensation ? Que lui arrivait-il ?

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1835 - Village de Kaimana, Île de Nymara dans l'océan Indien

Comme chaque jour, le soleil se leva et inonda la Terre de sa lumière éclatante. Dans une petite maison, un jeune garçon se réveilla au chant des oiseaux, la lumière baignant son visage. Il sauta hors de son lit et regarda par la fenêtre, admirant le champ de tournesols appartenant à sa famille. Un grand sourire aux lèvres, il se dirigea vers la cuisine et embrassa sa mère, qui préparait du porridge pour le petit-déjeuner. Il se sentait tellement chanceux. Sa maison était petite, et sa famille ne possédait pas grand-chose, mais il ne manquait de rien, et ses parents soutenaient son rêve de devenir un célèbre danseur de ballet. Son plus grand rêve était de se produire sur la scène de l'Opéra Céleste, le plus beau et le plus grand opéra du pays. Il mettait tout en œuvre pour réaliser ce rêve. En attendant, il jonglait entre aider sa mère dans la confection de vêtements et sa passion pour le ballet.

Il vivait dans un petit village à l'écart du monde. Tout le monde se connaissait. Tout le monde le connaissait. Il était leur soleil, leur lumière dans l'obscurité, leur espoir dans un monde sombre et triste. Sa présence illuminait les lieux, et il semblait toujours être entouré d'un halo de lumière céleste. Chaque jour, il recevait des compliments sur ses performances ou sur son apparence. Certains lui offraient même des cadeaux ou de l'argent, qu'il acceptait toujours avec plaisir et gratitude. Il savait qu'un jour, tout le monde verrait à quel point il brillait, aussi fort que le soleil.

Oui, Jung Hoseok aimait sa vie.

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Pour la millième fois en plus de 200 ans d'existence, Yoongi se disait qu'il aimait être en vie. Après cette journée fatidique de 1651, il avait découvert qu'il n'y avait pas que la douleur sur Terre et qu'il pouvait trouver le bonheur ailleurs que dans la musique. Jin et Namjoon le comblaient de bonheur en le gâtant chaque jour. Ils lui avaient offert une chambre somptueuse au manoir, et il l'aimait profondément. C'était son havre de paix : grande, douce et chaleureuse. Pourtant, il ne l'utilisait pas si souvent. Au début, il faisait d'innombrables cauchemars liés à sa vie passée. Jin avait immédiatement décidé qu'il dormirait avec lui et Namjoon. Puis les années passèrent, et les cauchemars devinrent de plus en plus rares. Sa relation avec Jin et Namjoon évolua également, et il pouvait maintenant les appeler fièrement ses amants. Ils avaient célébré ce lien passionnément pendant plusieurs jours.

La tournure que prenait sa vie lui permettait de s'ouvrir plus facilement sur son passé et ses sentiments. Il se souvenait encore du jour où il avait osé demander à Namjoon la permission de jouer sur un vieux piano qui traînait dans le manoir. Namjoon lui avait alors acheté un piano noir flambant neuf dès qu'il avait découvert son talent. Yoongi adorait jouer pour eux à chaque occasion. Ils lui avaient également trouvé le meilleur professeur de piano du pays. Cependant, il n'en avait pas eu besoin longtemps, car il s'avérait être un prodige. Mais ce qui comptait le plus pour Yoongi, c'était que ses amants assistaient à chacun de ses récitals. Il savourait les compliments de la bourgeoisie, qui tentaient d'obtenir ses faveurs pour qu'il se produise lors de leurs fêtes mondaines. Il aimait les éloges de ses amants et la petite « fête » privée qu'ils organisaient après ses concerts.

Oui, Yoongi aimait sa vie.

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Il avait fallu plus de 50 ans à Yoongi pour se sentir suffisamment bien mentalement pour commencer à dormir seul, mais surtout pour se sentir assez sûr de lui pour quitter le manoir. Au début, il refusait de mettre le nez dehors sans être accompagné d'au moins l'un de ses amants. Cependant, désormais, il sentait qu'il n'avait plus besoin de la surveillance constante de Jin et Namjoon. Il savait qu'ils l'aimaient et qu'ils s'inquiétaient pour lui, mais il pouvait se débrouiller seul. Les attentions, les câlins et les bisous étaient toujours les bienvenus, mais la surveillance permanente était de trop.

Le Clan KimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant