Indigo

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2015, Île d'Aetheris (anciennement Île de Marakina) dans le Pacifique

La nuit était calme, une pleine lune régnait au milieu d'un ciel dégagé, éclairant faiblement les rues d'un quartier huppé. Les maisons, imposantes et identiques, s'alignaient parfaitement, témoignant de la richesse de leurs occupants. Derrière les fenêtres impeccablement nettoyées de l'une de ces demeures, un garçon se terrait dans sa chambre, à l'abri des regards, cherchant un moment de répit. Assis dans l'obscurité de son placard, une lampe torche à la main, il s'appliquait à un dessin sur une feuille froissée. Son crayon glissait sur le papier, traçant délicatement les contours d'un visage fin, aux traits doux et apaisants. De temps à autre, il consultait une photo sur son téléphone, tentant de capturer la réalité dans son dessin, de rendre justice à ce sourire qui avait fait naître de nouveaux sentiments en lui.

Ses parents, aveuglés par leur quête incessante de perfection et de statut social, ne voyaient en lui qu'un potentiel à exploiter. Pour eux, tout ce qui ne contribuait pas à la réussite et à l'image de la famille était superflu, voire nuisible. L'art, cette passion qui brûlait dans le cœur du garçon, n'était à leurs yeux qu'une perte de temps, une distraction dangereuse. C'est pourquoi il se réfugiait dans ce petit espace confiné, loin des attentes écrasantes qui pesaient sur ses épaules, loin de leur regard sévère et intransigeant.

Dans cette maison luxueuse, où tout était pensé pour impressionner le monde extérieur, il n'y avait aucune place pour les rêves ou les sentiments. Ses parents, impeccables en public, incarnaient l'image parfaite de la famille idéale. Mais derrière les portes closes, leur amour était conditionnel, réservé à ceux qui se conformaient à leurs attentes rigides. Le garçon, avec son amour pour le dessin, se sentait constamment indigne, comme une marionnette dont les fils se resserraient chaque jour un peu plus autour de lui, menaçant de l'étouffer. Oui, Jeon Jungkook haïssait sa vie.

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Assis en position fœtale sur le sol, Jungkook tapait furieusement sur son ordinateur portable, un sourire rayonnant illuminant son visage. Il était perdu dans son monde, absorbé par ce qu'il faisait, quand une voix familière brisa soudain le silence : « Je savais que je te trouverais ici, Jungkook. »

Le jeune homme sursauta, refermant précipitamment son ordinateur, ses yeux cherchant frénétiquement la source de la voix. Lorsqu'il vit Madame Starlight, son professeur d'art, il laissa échapper un soupir de soulagement. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte, vêtue de son costume trois-pièces rouge, parfaitement taillé, épousant chaque courbe avec précision. Sous la veste ajustée, elle portait un chemisier ivoire en soie, dont les boutons en nacre étincelaient délicatement à chaque mouvement. Ses chaussures à talons, d'un noir profond, étaient lustrées au point de refléter les ombres de la pièce. Autour de son cou, un collier fin en argent, orné d'une une simple pierre bleue. Ses cheveux bruns, coupés courts, étaient coiffés avec soin, en contraste parfait avec son rouge à lèvres bordeaux, qui soulignait son sourire bienveillant. Tout dans son apparence, du maquillage subtil à ses ongles impeccablement manucurés, dégageait une aura de confiance.

« Vous m'avez fait peur, Madame Starlight », murmura Jungkook avec un sourire gêné. La femme esquissa un sourire amusé et s'avança tranquillement dans la salle d'art. « Désolée, ce n'était pas mon intention. Mais comme tu n'étais pas en cours d'anglais, je me suis inquiétée. Tu sais, même si tu parles couramment, tu dois assister aux cours, c'est obligatoire. »

Jungkook hocha simplement la tête, resserrant ses bras autour de ses genoux, comme pour se protéger du monde extérieur. Madame Starlight, percevant son malaise, s'assit à ses côtés, adoucissant sa voix.« Et si tu me montrais ce que tu faisais ? » demanda-t-elle.

Le garçon leva les yeux vers elle, hésitant un instant avant de rouvrir son ordinateur. Son visage s'illumina tandis qu'il expliquait avec enthousiasme : « J'ai créé un site web il y a quelques jours. Je vends mes peintures dessus. Regardez, je viens de vendre celle-ci pour 200 000 dollars ! ». Il désigna l'écran où s'affichait une magnifique peinture d'une plage de sable blanc, parsemée de coquillages, avec une mer d'un bleu cristallin scintillant sous les reflets irisés du soleil.

Le Clan KimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant