VII

335 12 12
                                    

     J'étais dans la situation la plus étrange de ma vie.

     Et c'était pourtant loin d'être la première fois.

     Mais là, on battait des records.

     Confortablement installé contre les coussins du canapé de la salle des opérations, Garp sirotait un thé, les jambes croisés, un petit sourire satisfait aux lèvres. De l'autre côté de la table pleine à craquer de plans ultra confidentiels pour les Révolutionnaires, Sabo échangeait des anecdotes sur Luffy avec Koby, riant tout deux comme des baleines. Face à moi, assis l'un à côté de l'autre, Hermep et Hack débattaient tranquillement des meilleurs feuilles de thé du monde.

- Vous voulez un biscuit?

     Je tournai lentement la tête vers un Marine qui, un paquet de gâteaux secs à la main, m'offrait son plus large sourire.

     On était où, là?

- Merci, fit Zoro en acceptant les gâteaux pour nous. Il sont délicieux.

     J'observais mon compagnon qui trempa le bout de son gâteau dans son café avant de le croquer. Il avait laissé ses armes contre le mur, trop loin de lui pour pouvoir les attraper en une seconde en cas de problème. Et il s'était littéralement affalé sur les coussins les plus confortables de la cabine. J'étais à peu près sûre qu'il n'était pas en état d'alerte.

     Je lui donnai un coup de coude quand le Marine s'éloigna, et il m'observa en levant les sourcils. Comme s'il se demandait vraiment ce qui clochait chez moi!

- À quoi tu joues? Murmurais-je.

- Quoi? Tu l'as toi-même dit, c'est le grand-père de Luffy. Et Koby et Hermep sont de vieux amis.

- Parfois, je ne te comprend pas.

     Il sourit, comme si je lui avais fait le plus beau des compliments.

- Alors, comme ça tu es devenu second de l'armée Révolutionnaires, petit merdeux, fit Garp.

- Ne me dis pas que tu es déçu, souffla Sabo. Je suis le seul à t'avoir obéit et à ne pas être devenu pirate.

     Le Vice-Amiral éclata de rire en reposant sa tasse vide sur la table, sans même jeter le moindre regard vers les plans tops secrets étalés devant lui. Personne ne semblait d'ailleurs s'en soucier. J'étais visiblement la seule saine d'esprit à bord de ce bateau de psychopathes. Enfin, si on comptait également Chopper. Le pauvre avait tellement peur qu'il s'était enfoncé dans les cousins derrière Zoro et semblait décidé à ne plus bouger d'un pouce. Peut-être espérait-il qu'on oublie sa présence s'il ne respirait pas?

- Tous les trois vous avez toujours été de sacrés emmerdeurs, s'amusa Garp. Et je ne crois pas avoir été un jour d'accord avec la moindre de vos décisions. Mais je suis content de te savoir en vie, et de voir que tu vas bien.

     Une émotion fugace traversa le visage de Sabo, mais il se reprit bien vite, retrouvant son petit sourire effronté et son regard amusé. Mais il fut incapable de cacher ses yeux pétillants et l'émotion vive qui s'y cachait. À l'instar d'Ace, Garp n'était pas son grand père, mais il représentait tant pour lui. Et je savais qu'ils étaient tout deux contents de se retrouver, même s'ils étaient aujourd'hui dans des camps clairement opposés.

- Mais assez raconté de mièvreries, reprit Garp. Parlez-moi de ce qui est arrivé à Luffy.

     Je consultai Zoro du regard et, quand je hochai la tête, il raconta tout. Face au regard brut et franc du grand-père de notre capitaine, il n'omit pas le moindre détail. Il expliqua comment il avait été manipulé et comment il avait jeté Luffy dans la gueule du loup, comment il avait compris à qui on avait affaire et comment nous nous étions séparés du reste de l'équipage, ainsi que la raison pour laquelle nous nous étions retrouvés sur le navire des Révolutionnaires. Je ne l'avais jamais entendu parler si longtemps mais son timbre de voix avait quelque chose d'apaisant, peu importe le sujet dont il était en train de parler, et peu importe la tristesse de son histoire. Alors, l'écoutant attentivement, je m'enfonçai aussi dans les cousins et je profitai de l'instant.

Pour le capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant