III

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      Voyager incognito fût extrêmement reposant. À vrai dire, nous avions hésité à hisser les couleurs de notre équipage, mais nous avions finalement décidé de nous faire passer pour de simples voyageurs. Accrocher un drapeau ne nous aurait attiré que des ennuis. Comme le commun des mortels, nous pouvions passer tout près des navires de la marine et continuer notre route, sans être inquiétés. Nous pouvions dormir sur nos deux oreilles et même passer près des différents Q.G. disséminés un peu partout. Mais, bien sûr, l'un d'entre nous n'était pas ravi de cette situation calme et paisible...

- Juste trois.

- Non, fis-je en cœur avec Chopper. 

- Deux, et je vous laisse tranquilles.

- Non, répéta-t-on pour la dixième fois.

     Zoro fronça les sourcils en croisant les bras sur son torse - torse que j'avais pris un peu trop l'habitude de regarder, ces derniers temps.

- Deux, et je fais la vaisselle pendant une semaine, surenchérit-il. 

- Zéro, et tu fais la vaisselle pendant une semaine, suggérais-je. 

- Bon, va pour un seul.

     Je secouai la tête.

- Zoro, détruire ne serait-ce qu'un seul navire de la marine, c'est déjà trop, objecta Chopper.

     Il soupira lourdement, comme un gamin mécontent, et se laissa tomber sur le petit canapé qu'il affectionnait tant. En près de dix jours de navigation, nous avions tous finit par trouver notre petit coin douillet dans lequel nous avions étalé nos affaires personnelles, et le canapé semblait appartenir à Zoro, ses haltères et ses sabres trônant près des coussins décoratifs qu'il avait envoyés valdinguer. Chopper avait opté pour le pont, sur lequel il aimait se prélasser au soleil. Bien sûr, pour des raisons de sécurité, nous avions d'abord consolidé les barrières, afin de nous assurer qu'il ne passe pas par-dessus bord sans que nous ne nous en rendions compte. Quant à moi, j'avais établi mon campement sur le gros fauteuil douillet qui trônait près du canapé. Bien sûr, mon choix d'espace vital n'avait rien à voir avec le choix de Zoro...

     Le sabreur écarta un des pans de son kimono pour nous pointer son ventre.

- Regardez!

     Chopper fit mine d'entrer dans son jeu et plissa les yeux pour observer les abdominaux de notre compagnon, mais je dû détourner les yeux. Bon sang, on avait pas idée d'avoir un aussi beau corps. Ç'aurait dû être interdit.

- À cause vous, j'ai grossi, fit-il.

- Ça n'a rien à voir avec nous! S'offusqua Chopper. C'est parce que tu n'arrêtes pas de manger les gâteaux de Robin!

     Je relevai la tête, troquant mon calme apparent pour une fureur sans nom. Zoro eut la bonne idée de se faire tout petit sur son canapé, détournant les yeux à la vitesse de la lumière.

- C'était toi! Et tu m'as laissée accuser Chopper! 

- Mais tu cuisines tellement bien..., marmonna-t-il.

- Les flatteries ne te mèneront nul part, jeune homme. Maintenant, tu peux te brosser pour que je te laisse ne serait-ce que poser les yeux sur un navire de la marine.

     Il fit la moue mais, avant qu'il n'ait pu inventer je ne sais quelle excuse, Chopper grimpa sur la table pour pointer quelque chose :

- Terre en vue!

     Je fis volte face pour attraper la longue-vue. En effet, à l'horizon, émergeant de la brume maritime, je pu apercevoir une île baignée dans le soleil. D'aussi loin, je fus incapable de distinguer quoi que ce soit, mais je me pris à prier de toute mes forces qu'il ne s'agisse pas d'un énième Q.G.. Depuis que nous avions pris la mer, nous n'avions pas pu nous arrêter une seule fois à cause de la marine. Bien sûr, nous pouvions passer en bateau près d'eux, mais nous ne pouvions pas prendre le risque de nous retrouver face à des soldats qui pourraient connaître nos visages. Pourtant, nous avions grandement besoin de nous arrêter. Plus le temps passait, et plus nous manquions de produits de base. Et Chopper était à deux doigts de mourir d'envie de barbe à papa.

Pour le capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant