Chapitre IX : Tension et étoiles dans l'air

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— Tu m'énerves, s'emporta Augustin, brisant le long silence qui s'était imposé.

Du moins, je pensai que ce qui précédait était calme, aussi paisible que le sommeil dans lequel j'étais plongé. Je luttais contre la fatigue, contre ma tête qui roulait seule sur mes épaules, contre le démon qui se balançait dans mon ventre. À maintes reprises, je me retins de régurgiter, et l'odeur de l'habitacle n'aidait pas du tout. Tout autour de moi, j'avais l'impression que le noir complet s'était installé. J'en avais que faire de ce qui m'entourait en fin de compte, j'entendais juste la voix lointaine d'Augustin. Il fallait être sourd et aveugle pour ne pas comprendre ce qu'il ressent :

— Tu m'agaces ! Tu pouvais pas me demander de m'arrêter sérieusement ?

Impossible de se tromper, vous dis-je. Pourquoi est-il dans cet état déjà ? Ah oui, moi.

Je baissais les yeux, convaincu de ma responsabilité et j'aperçus une masse de vomi non négligeable à mes pieds, l'origine de l'odeur déplaisante. La prochaine fois que ça me reprend, c'est noté dans mon petit carnet, je ne peux plus extérioriser à l'intérieur de sa voiture.

— Tu m'écoutes au moins quand je te parle ? me gronda-t-il, incertain de mon état actuel.

— Ça pue, me plaignais-je. Promis je vais laver, mais demain parce que là...

J'arrêtais de parler pour éviter de redécorer entièrement sa moquette. Soudain, je sentis ses doigts froids se poser sur mon menton. Son toucher se répandit immédiatement dans tous mes membres. Saleté d'effet indésirable. Il me releva la tête pour s'assurer que je n'avais pas totalement sombré. Je savais qu'à cet instant précis, il fixait le moindre détail sur mon visage, alors je souria bêtement, les yeux clos et les cheveux en désordre.

— Tu te moques de moi, pas vrai ? me questionna Augustin.

Soumis à mon état d'ivresse, je lui ria au nez. C'est fou ce qu'un peu d'alcool peut agir sur l'assurance des gens. J'avais sommeil alors je penchai mon front vers la boite à gants en espérant y trouver un support. L'inattendu surgit alors, Augustin vint claquer ses doigts sur ma joue gauche. Le choc fut brutal, étrangement indolore, me tirant de mon sommeil aussi. Je riais de nouveau.

— Arrête ça, dit-il en perdant patience, j'ai cru que tu t'évanouissais ! Qu'est-ce que t'es pénible quand tu t'y mets !

— Comme toi...

Mes yeux s'ouvrèrent timidement, les cils papillonnants. Finalement, tout n'était pas si noir que ça. Quelques réverbères éclairaient la rue déserte. Ma paume de main rencontra le cuir du siège sur lequel je... siégeais ? Merde, qu'est-ce que je foutais dans une voiture. Je lançai mon désarroi presque accusateur sur Augustin qui semblait ne plus comprendre mes agissements.

— On est où, là ? marmonnais-je avec un mal de tête pareil à un tambour.

— Du calme, on est dans ma voiture, répondit le barbu. Je t'ai ramené ici après t'avoir trouvé dehors inconscient, petit con.

Sa conclusion de trop, je lui en foutrai des 'petits cons' à cet abruti de première qui pense pouvoir tout faire. À aucun moment, je lui ai demandé de m'aider.

L'impression que ma tête allait exploser n'apportait pas que des effets négatifs, des bribes de souvenirs me revenaient progressivement : je vomissais de bon cœur sur le trottoir, Augustin a accouru en laissant derrière son altercation avec quelqu'un. Après m'être essuyé la bouche, je levais fièrement la tête vers mon parrain, quant à lui, son regard était cerné de surprise et de lassitude. Comme si ça ne l'étonnait qu'à moitié. J'ai tenté de me mettre debout, cependant mon corps ainsi que ma conscience se sont effondrés sur le bas-côté de la route. C'est tout ce dont je me souvenais.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 19, 2022 ⏰

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