Chapitre 4

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1 an plus tard.

-Alors, on sèche toujours ma belle ?

-Toujours Terry, toujours.

J'ai fini tant bien que mal mon année scolaire précédente, et en ce moment, je suis un peu le fantôme sur les bancs de l'école. Il me reste une année à faire avant de rendre ce fameux mémoire pour clôturer mon doctorat... J'ai radicalement changé, depuis ce terrible mois de Septembre. Moi qui aimais les couleurs vives et joyeuse... il semblerait que ma définition des couleurs ait viré au noir. Moi qui détestais toute substance douteuse, je fume cigarettes sur cigarettes, et ma collection de gélules s'agrandit au fur et à mesure des mois. Moi qui détestais l'alcool... je bois à longueur de journée, jusqu'à ne plus me souvenir de mon nom... Mon miroir ne se souvient plus de la jeune Océane innocente, jolie sur les bords, souriante comme un bourgeon au printemps... Non, cette fille a disparu, ou s'est enfouie, je ne sais pas très bien au final. Le bourgeon n'a pas eu le temps de fleurir. Il s'est fané avant même de comprendre ce qu'il lui arrivait.

-Demain on fait une fête avec tout le monde. Tu viendras n'est-ce pas ?

-Euh, non désolé Terry je vais aller un peu en cours, faut vraiment que je me remette à bosser...

-Comme tu veux, tu sais que t'es la bienvenue !

-Ouais je sais, merci. Au fait, t'aurais vu Iris ?

-Absolument pas, pourquoi ?

-J'ai pommé les clefs de l'appart...

Il se marre en s'étouffant presque à cause de la fumé puis retourne sur le canapé en me souhaitant bonne chance. Iris est injoignable, personne ne l'a vu. Cette fille a le don de disparaître quand on a le plus besoin d'elle, c'est dingue ça. En montant les escaliers de notre immeuble, je croise Aaron qui sort de mon appart. Enfin, le mien et celui d'Iris du coup. Je saute sur l'occasion.

-Aaron, Aaron !!

-Oui ?

-Iris, elle est où ?

-Dans votre appart pourquoi ?

-Oh yes merci, j'ai perdu mes clefs.

Je comprends mieux maintenant, pourquoi elle ne répondait pas au téléphone... Je frappe à la porte et elle vient m'ouvrir.

-T'as pas tes clefs ?

-Perdues. C'était bien avec Aaron ?

-Oui c'était bien, comment t'as su ?

-Je l'ai croisé dans la cage d'escalier.

-Ah okay... Elle s'étire ; purée qui l'aurait cru ??

-De quoi ?

-Que je me mette en couple.

-Ahhh, bah certainement pas moi !! Dis-je en riant.

-Tu viens demain ?

-Non j'ai cours, je vais aller me coucher d'ailleurs.

-Okay alors bonne nuit !

Je l'embrasse sur la joue avant de me jeter à plat ventre sur mon lit. Mes yeux se ferment immédiatement, et même le réveil ne suffit pas à me les faire ouvrir... C'est Iris qui vient me secouer.

-Meuf lèves toi, ton réveil a sonné tellement fort qu'il a dû réveiller tout l'immeuble, donc tu te bouges maintenant, t'as plus le choix !!!

Je bougonne et me prépare rapidement pour ne pas louper mon bus. Les yeux rivés sur l'écran de mon téléphone, je marche dans la rue. Soudain je heurte quelque chose, ou plutôt quelqu'un.

-Oups, pardon je suis désolé !! Le garçon se confond en excuse en ramassant ma trousse qui à volée dans l'impact. Pourquoi s'excuse-t-il ?

Il me rend mes affaires, et lève la tête vers moi. Son regard rencontre le mien. Je reste bloquée sur ses yeux, ses yeux bleus intenses qui me rappellent Alex... et sa couleur de cheveux... absolument identique à celle de Cléo. J'entend d'ici le destin se foutre de ma gueule. Je dois le regarder avec trop d'insistance car il se détourne en rougissant. 

Je deviens sûrement folle, absolument tout me ramène à eux en ce moment... c'est l'anniversaire de ce triste événement. D'ailleurs quand j'y pense, quel mot débile; "anniversaire" comme si on était censé se réjouir... 

Soudain, je sens une vague de nostalgie m'envahir. Je repense à ma maison, mes parents... ma sœur. Je comprends alors que fuir ma douleur ne me mènera nulle part, il faut l'affronter. Des larmes remplies de haine et de désespoir inondent mes joues. Mon maquillage coule, découvrant un visage qui n'avait pas vu le jour depuis longtemps. Revenant à la réalité, j'essuies le noir que l'eau salé a emporté sur mes joues, pour tenter de dissimuler cette crise de larmes. Mais alors que j'essaye de m'enfuir, le garçon responsable de cette soudaine prise de conscience me rattrape. 

Souvenirs douloureux [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant