La perle bleue du désert

Chapitre 2

-"Bonjour Giyu"dis-je d'une voix douce.

Lorsque le noiraud leva la tête vers moi, je ne pus m'empêcher de plonger mes iris vertes dans son regard océan. Sans que je ne comprenne pourquoi, une vague sensation de joie parcourut mon organisme lorsque je vis les traits du visage du pilier se détendre, rappelant presque un sourire.

-"Bonjour Himari"répondit le pilier de l'eau. "Tu reviens de mission?"

-"Oui, j'ai été désinfecter une forêt à 50 km au nord. Sur le chemin du retour j'ai secouru une dizaine d'enfants retenus par la lune inférieure quatre."

Je vis les yeux de mon interlocuteur s'écarquiller à la mention du grade de mon dernier adversaire.

-"Les lunes démoniaques ont donc fini par se montrer...."murmura Giyu, les sourcils cette fois-ci froncés.

-"Hm, en espérant que cela puisse nous rapprocher de Muzan."commentais-je en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille. "Tu reviens de mission toi aussi?"demandais-je alors.

-"Oui, il s'est même passé quelque chose d'assez important. J'aimerais...."

-"Oui?"demandais-je, intriguée par l'air perplexe du seul que je considérais comme mon ami.

-"J'aimerais bien t'en parler..."poursuivit Giyu dans un souffle.

Je me mis à rire faiblement, amusée par l'attitude gênée du noiraud. À bien y penser, je devais donner la même impression lorsque j'essayais de me rapprocher de certaines personnes comme Kyojuro et Mitsuri. C'est d'ailleurs cette similarité entre Giyu et moi qui nous avait amenés à nous rapprocher, quelques temps après mon entrée au sein des piliers. Il était l'une des rares personnes envers lesquelles je n'éprouvais aucune animosité, et plutôt même une envie de rapprochement. En plus de sa maturité, c'était l'absence de cruauté et de haine pure chez Giyu, et ce malgré les horreurs de son passé, que j'avais très vite apprécié. Par ailleurs, son sentiment d'impuissance et de culpabilité me rappelaient fortement les miens, qui ne me quittaient pas malgré les cinq années écoulées. Ainsi, bien que nous soyons tous les deux très réservés, nous avions peu à peu appris à nous connaître et nous apprécier, au fil de déjeuners partagés et de missions menées côte à côte.

-"Je t'écoute."répondis-je avec un petit sourire, en replaçant une nouvelle mèche derrière mon oreille droite.

-"Oi Tomioka-san, je sais que tu n'as pas d'amis, mais tu devrais peut être arrêter de t'accaparer Arano-san. Je suis sûre que tu l'ennuies." retentit une voix claire dans notre dos.

Je dus retenir un éclat de rire face à l'air blasé qu'arbora Giyu face à cette nouvelle remarque très directe de la part du pilier des insectes, Shinobu Kocho. Celle-ci, contrairement à Mitsuri et Kyojuro, possédait une sincérité volontaire et calculée.

Néanmoins, avant que nous ne puissions répliquer ou reprendre notre discussion, une petite silhouette au carré de cheveux blancs et aux yeux violets fit son apparition sur la petite terrasse en bois qui faisait face au jardin.

-"Le maître fait son entrée." annonça l'une des filles de Kagaya-sama.

-"On déjeune ensemble à mon domaine pour que tu me racontes?"chuchotais-je à Giyu, alors que nous nous aligniions aux côtés des autres piliers, un genou à terre.

Le noiraud acquiesça d'un léger hochement de tête afin d'exprimer son accord.

-"Merci d'être venus, mes chers enfants."commença le chef des pourfendeurs d'une voix des plus agréables.

Il se fit guider par ses deux filles jusqu'à l'extrémité de l'estrade afin de pouvoir nous faire face, malgré ses yeux aveugles. Je ne pus m'empêcher de m'inquiéter en constatant que la maladie de notre maître avait prit d'autant plus d'ampleur.