2. Il faut couper le cordon

1.4K 77 8
                                    

L'air est froid et je me maudis de ne pas avoir pensé à emporter une veste avant de sortir. Je maudis aussi ce foutu pays où il fait tout le temps froid. Heureusement le square est vide quand j'arrive et je m'installe sur une des balançoires. Mes pieds raclent le sol tandis que je me balance mais je n'y prête pas attention, mon esprit ne cesse de rejouer la scène qui vient de se passer chez moi. A quel moment mes parents ont-ils pu penser que tout ceci serait une bonne idée ? De la part de ma mère je ne suis choquée qu'à moitié, elle n'a jamais vraiment su me comprendre et nous n'avons jamais été très proches. Mais venant de mon père je suis extrêmement déçue. Nous avons toujours été proches lui et moi, il me connait et je ne peux pas croire qu'il cautionne les actes de ma mère. Finalement, le retour à la maison n'est pas aussi glorieux que ce que je pouvais m'imaginer au Mexique. Je pensais que tout cela nous rapprocherait, que la peur de nous perdre aurait renforcer notre lien mais je crois bien que c'est tout le contraire. Notre famille s'est brisée en milles morceaux et je ne sais pas si nous trouverons la force de recoller les morceaux.

Et malgré moi mes pensées dérivent vers Rodriguez... il m'a renvoyée ici pour que j'ai la vie de mes rêves, pour que je retrouve ma famille et au final nous sommes complètement à l'opposé. Je me rends compte qu'il me manque plus que je ne voudrais l'admettre. Soit disant d'après la médecine mes sentiments ne sont pas réels, une simple réaction traumatique. Pourtant quand je vois ma vie s'écrouler autour de moi, l'élément le plus réel de mon existence est bien mes sentiments pour cet homme avec qui je n'ai rien en commun. Antonio Rodriguez... parrain de la mafia mais pas que. Si l'on creuse profondément c'est une véritable âme sensible qu'on découvre. Si les gens pouvaient voir cette part de lui qu'il m'a offert, ils pourraient peut-être comprendre ce que je ressens. Mais au final la question ne se pose pas vraiment, il fait maintenant parti de mon passé et restera à jamais un simple souvenir. Il ne m'a même pas laissé un numéro de téléphone, une adresse où je pourrais le contacter, lui raconter tout et n'importe quoi mais simplement avoir la sensation qu'un lien nous lie toujours. C'est très probablement une idée ridicule, un danger pour pas grand-chose mais cela me fait tout de même un pincement au coeur.

Je reste encore un long moment à me balancer, perdue dans mes pensées, ressassant des souvenirs qu'on tente de m'effacer depuis des mois mais un bruit dans les buissons me fait revenir à la réalité. Je scrute les alentours, on ne voit pas grand-chose dans la pénombre et je ne distingue pas le moindre mouvement. Mais ayant déjà retenue la leçon, je décide tout de même de partir et rentrer chez moi. Ce square n'est pas toujours bien fréquenté la nuit, c'est un point de zone ou de deal et je n'aimerais pas tomber sur des camés à moitié bourrés. Néanmoins tandis que je rebrousse chemin, la sensation d'être observée ne me quitte pas. Je lance des coups d'œil furtifs à droite à gauche pour m'assurer que personne ne me suit et ne m'apaise qu'une fois devant chez moi. J'ai probablement rêvée, il y a plein d'animaux qui trainent dans le coin et ça pouvait très bien être un simple renard. Lorsque je rejoins le salon, je suis soulagée de voir que Nate n'est plus là mais mon soulagement est de courte durée lorsque je vois le visage sévère de ma mère.

_ Où étais-tu ? M'interroge-t-elle les lèvres pincées.

_ J'ai fait un tour dans le quartier, je me suis posée dans le petit square.

Elle ne dit rien, se contente de me regarder avec ce regard déçu qui m'a suivi toute mon enfance tandis que je n'égalais jamais la perfection de ma sœur. Mon père s'approche de moi et me serre dans ses bras.

_ Tu nous as fait peur me dit-il.

Son geste me met du baume au cœur et je le serre un peu plus fort contre moi. J'avais peur qu'il n'ait pris le parti de ma mère.

_ Je suis désolée papa, j'aurais du envoyer un message pour vous rassurer.

_ Non tu aurais surtout dû rester ici et arrêter de jouer les drama queen ! S'exclame ma mère. Tu ne peux pas aller gambader où tu veux dès que quelque chose te contrarie !

Mexico T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant