Mexico T.2

6. Dilemme

Je rentre à l'appartement, l'esprit embrouillé, je me trouve pathétique. Sa venue ne devrait pas autant me toucher, les mois ont passé j'aurais du déjà tourner la page. Pourtant j'ai l'impression que ce repas à rouvert une plaie qui était encore fraiche. Il a un sacré culot de venir ici sans explications, juste pour me torturer. Mais si on y réfléchi bien, nous avons toujours fonctionné ainsi, nous faisant du mal à tour de rôle parce que c'était notre seul mode de communication. Je passe la porte et suis surprise de voir Vincenzo dans la cuisine. Il est rare qu'il soit à la maison le soir.

_ Tu ne travailles pas ? Lui demandai-je en enlevant mon manteau.

_ Non j'ai pris ma soirée, j'ai passé une journée... particulière on va dire me répond-t-il en continuant de couper son oignon.

_ Oh, tu veux en parler ?

Il suspend son geste le temps d'une seconde et je m'attends à ce qu'il m'envoie balader, me rappelant que sa vie ne me concerne pas lorsqu'il se tourne vers moi en s'accoudant contre le plan de travail. Mais à ma grande surprise il me fait un petit sourire

_ J'ai reçu des nouvelles de ma famille. Aves les années passées, je pensais avoir su prendre du recul mais je me sens toujours autant à leur merci.

Il parle peu de sa famille, c'est un sujet sensible pour lui. Je sais simplement qu'il a un frère et une sœur et qu'il est l'aîné de sa fratrie. Il ne porte vraiment pas son père dans son cœur, il en parle toujours comme d'un homme froid, strict, qu'il n'a pas beaucoup vu durant son enfance suite à la mort de leur mère. La seule personne dont il parle avec amour encore c'est sa grand-mère qui les a élevés quand ils se sont retrouvés seuls. Mais je n'ai jamais su ce qui l'a poussé à couper tout contact avec eux. Il m'a juste dit qu'ils s'étaient disputés et qu'ils se sont balancés certaines choses qu'ils ne peuvent plus retirer aujourd'hui, ça a été trop loin. Je suis surprise alors que sa famille ait tenté de le contacter mais je me dis que c'est peut-être une chance pour renouer un minimum de lier entre eux.

_ Que voulaient-ils ?

_ Me ramener à la maison souffle-t-il en se passant une main sur le visage, fatigué. Au début il faut avouer que ça m'a fait un petit quelque chose de penser que mon père voulait que je rentre car je lui manque. Une idée absurde ajoute-t-il en ricanant, l'air triste.

_ Peut-être qu'il ne sait pas très bien exprimer ses sentiments mais ça ne veut pas dire que tu ne lui manques pas tentais-je de le rassurer en m'asseyant sur le plan de travail à côté de lui.

_ Tu ne connais pas mon père Eli, je suis sur que cet homme a fait taire ses émotions comme dans cette série bizarre que tu regardes le soir.

_ Eh ! Ne parle pas mal de Vampire Diaries ! M'exclamais-je en le tapant sur l'épaule

Il pouffe de rire et c'est à peine si je lui ai fait mal mais il lève les mains en l'air pour se rendre avant de retrouver son sérieux.

_ Si tu veux tout savoir, en réalité mon père a clairement exprimé ses émotions. Il veut que je rentre, pas parce que je lui manque, mais parce que c'est une honte pour la famille que l'aîné de la fratrie ce soit enfui. A croire que cet homme est resté bloqué en 1950 et que je ne suis pas maitre de ma propre vie. Mais je ne compte pas rentrer et ça il ne pourra rien y faire.

Il se tourne vers moi et se place finalement devant moi, mes jambes de chaque coté de ses hanches.

_ Ma vie me convient parfaitement ici et je ne voudrais changer cela pour rien au monde bella mia me murmure-t-il en me regardant droit dans les yeux.

Je déglutis péniblement et mes poumons manquent clairement d'air mais j'essaye de ne pas perdre la face. Je ne sais pas combien de temps il reste ainsi à m'observer, son pouce dessinant de petits cercles sur ma cuisse mais le charme se rompt instinctivement lorsqu'il reprend la parole.