Le métro de Tokyo était bondé à cette heure, comme à toutes les heures d'ailleurs. Assis sur un des sièges, Sasuke avait enfoncé ses écouteurs dans ses oreilles pour oublier le monde qui l'entourait. Adon n'avait pas refait surface depuis leurs chamailleries habituelles, et le brun s'en accommodait. Mais après la paix, la tempête n'était jamais très loin. Il connaissait l'entité par cœur. Adon était capricieux, puéril, impulsif et susceptible. Mais derrière ce mur impitoyable de tyrannie, se dissimulait aussi un être protecteur. Il n'avait jamais laissé tomber son hôte, et lorsque le brun était à peine âgé de six ans et qu'il s'était retrouvé seul, Adon avait veillé sur lui. Étrangement, et malgré leur querelle et l'amertume mutuelle qu'ils se crachaient à la figure, Sasuke était aussi attaché à cette boule sombre qui le suivait partout. Une petite silhouette s'assit aux côtés du jeune homme. La fillette, d'une douzaine d'années, s'acharnait à tenter d'ouvrir l'emballage de son paquet de bonbons. Elle était vêtue d'un jogging masculin et d'un t-shirt sali, mais surtout, l'ingratitude se lisait sur son visage que Sasuke reconnaissait. Elle portait la dureté des quartiers sur ses traits.
- Vas-y putain là ! S'exprima-t-elle avec toute la grâce du monde.
- Tu veux de l'aide ? Proposa-t-il en retirant un de ses écouteurs.
- T'occupe, toi. Ques'tu veux ?
Arquant un sourcil, il haussa une épaule et replaça l'objet dans son conduit auditif. Et alors qu'elle pinça sa langue entre ses dents en tirant sur son sachet, ce dernier lui explosa contre toute attente en pleine face. Elle s'immobilisa alors, la moitié des bonbons éparpillés au sol et dans ses cheveux mal attachés. Et sa tête dépitée fut légendaire.
- Ah ah ah. On fait moins la maligne, sale peste.
Ah, et pour couronner le tout, Adon était revanchard. Sasuke esquissa à peine un demi-sourire en coin. Parfois, ses réactions étaient divertissantes, il ne pouvait le nier. La gamine râla à ses côtés, alors que son téléphone vibra dans la poche de son blouson. Le jeune homme l'attrapa en le déconnectant de ses écouteurs et appuya sur la touche d'acceptation de l'appel avant d'apporter son IPhone dernier cri, et totalement volé, à son oreille.
- Ouais ?
- Mais qui est levé aux aurores !
- Salut Suig.
- J'ai une opé pour ce soir, t'es dispo ? Informa son acolyte de mauvais coups.
- J'allais justement t'appeler, j'ai besoin de thune. Confirma donc Sasuke.
- Impecc. Y'a une grosse soirée de prévu au Royal Luxury, prévois une bonne quantité.
- Le Royal Luxury ? C'est un gros club de riches, ça.
- Ouais, mais les fils à papa adorent se faire tourner la tête. Plaisanta Suigetsu. Et puis avec ta gueule d'ange, tu passeras sans souci.
- J'suis partant.
- Viens chez Dei, on se rejoint là-bas.
- Ça marche.
Sasuke raccrocha dans un soupir, ses sourcils se fronçant à peine en rangeant son appareil. Voilà autour de quoi tourner son existence. Le trafic, les mauvais plans, l'illégalité. Il n'était pas joyeux de devoir nager dans toutes ces magouilles, mais il n'avait pas le choix. Comme il le disait, il avait besoin d'argent.
- Quand est-ce que tu vas te décider à arrêter ?
Sasuke l'ignora.
- Tu pourrais avoir une vie meilleure si tu me laissais faire.
Le jeune homme se releva du siège à l'arrêt du métro et quitta le wagon afin de se frayer un chemin dans le torrent de monde. Et tous étaient fabriqués sur le même modèle. Costume cravate ou tailleur élégant, valisettes et coiffures parfaites, ils étaient des robots d'entreprise sans raisonnement. Tout ce que Sasuke rejetait. Arrivant dans la rue où la pollution se mêlait à l'air chaud, il prit la direction du petit quartier terne et lugubre de Kabukicho, mais qui devenait très animé lorsque le soleil se couchait. Un véritable palace des plaisirs, doté de ses boutiques lubriques, ses services érotiques et ses bagarres de clubs.
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✓ OBSCURA. T1. [Sasuke x OC]
Fiksi Penggemar[𝐅𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐓𝐄𝐑𝐌𝐈𝐍𝐄𝐄] Sasuke a toujours été solitaire. Sa vie ne rime à rien. Il vit dans un petit studio insalubre, enchaîne les mauvais plans pour gagner de l'argent et passe ses nuits dans les clubs et les bars. Rien ne l'attend, et...