Chapitre 3

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Tseruja se jeta littéralement sur le canapé, essoufflée d'avoir porté tant de sac.Elle avait fait les courses pour plusieurs semaines, car elle voulait travailler sans avoir besoin de s'interrompre pour sortir acheter quoi que ce soit. Elle voulait que ce projet devienne une réalité ! Et son départ, qu'elle espérait définitif, ne serait qu'un ajout dans la réalisation de ce dernier.

Elle avait contacté de nombreuses personnes qui seraient susceptibles de l'aider et elle avait fini par trouver une maison . Cette dernière correspondait parfaitement à ses attentes, car elle était située dans un point stratégique de la capitale et surtout, non loin de là où elle habitait.

Elle avait confié les travaux à Neil, qui la soutenait dans ce projet. Et dans peu de temps, elle pourrait ouvrir son premier salon de thé dans laquelle, elle proposerait un lieu où les clients pourront découvrir ses créations .La maison était assez grande pour accueillir plus de trois cents personnes.

Encore affalée sur le canapé,elle se leva à cause de la sonnerie de son téléphone.

- Salut Neil. 

- Salut Tseruja, tu vas bien?Tu n'as pas reçu d'appels de numéros inconnus?

- Je vais très bien Neil et je n'ai pas reçu d'appels de numéros que je ne connais pas. Pourquoi me poser une telle question?

- Tes sœurs qui me harcèlent pour savoir où tu te trouves.Je ne pense pas que tu pourras rester cacher éternellement à Béarne. Ils finiront par te retrouver et tu n'auras pas d'autres choix que de retourner chez toi, tu n'es pas n'importe qui Tseruja.

- Je ne suis pas une enfant non plus Neil, j'ai vingt-neuf ans et non vingt jours. Si mes parents s'obstinent dans l'idée qu'il faut que je me marie à un inconnu afin de donner des héritiers au trône,je renonce à la royauté. De plus,cela ne m'intéresse pas de gouverner un pays, je trouve que j'ai assez fait plaisir aux parents en sacrifiant plus de dix ans de ma vie à faire des études que je n'aimais pas. J'en ai ma claque, en fait.

- Je te comprends , souffle-t-il, se sentant impuissant, car n'ayant pas les mots qu'il faut pour encourager son amie.

- Alors, si tu reçois des appels de numéros que tu ne connais pas, ne répond pas s'il te plaît.Si Syliria est si important pour mes sœurs, que l'une d'elles devienne reine. Toi, concentre-toi sur ton travail et tes projets. Ne te fais pas de souci pour moi, je trouverai un moyen de transformer les choses.

-Tu penses vraiment que c'est une bonne idée de renoncer à la royauté?

- Oui, je ne veux pas passer ma vie à me soumettre au protocole. Je ne veux pas passer ma vie sous les projecteurs.

- Même si tu cèdes ta place à l'une de tes sœurs,tu resteras une princesse. Tu ne peux pas réellement t'échapper de ce monde que tu essaies de fuir,il te rattrapera toujours.

- Tu as raison, mais je n'aurai pas à vivre en Syliria.Je veux être libre de mes mouvements et amener mes rêves à la réalité.

-Je te soutiendrai quoi que tu fasses,c'est à toi de choisir ce que tu veux faire de ta vie, tu as pleinement raison. Je passerai te voir ce weekend, nous aurons plus de temps pour discuter, je dois retourner travailler.

- Merci Neil, retourne donc travailler. Passe une bonne journée,rajoute-t-elle avant de mettre fin à l'appel.

Elle se leva tout en se motivant pour ranger ses courses. Elle jeta un coup d'œil rapide vers son fils qui jouait tranquillement devant la télévision comme si rien n'importait autour de lui. Elle redoutait affreusement le jour où elle devra lui expliquer qu'elle ne l'avait pas mis au monde, qu'elle était seulement la meilleure amie de sa défunte mère qui était certainement morte de chagrin à cause de la mort de son père lors de son service militaire.

Un voile de tristesse vint recouvrir ses yeux dorés, alors que les images de son amie sur son lit de mort virent la tourmentée. Elle avait l'impression que son cœur se comprimait au-dedans d'elle, au point d'avoir la maligne impression de ne pas être en mesure de respirer comme il se doit.

Elle alla s'asseoir rapidement sur le canapé, une main sur le cœur.Bien souvent, elle avait l'impression d'être à la place de ce petit enfant, qui était dépourvu de père et de mère. Elle avait des parents , mais elle n'avait aucune assurance quant à leur amour pour elle. Elle se sentait telle une intruse dans la famille, comme s'ils n'avaient pas le choix de la garder.

Elle effaça ces idées absurdes, pour aller préparer un succulent petit déjeuner.

- Tiens, mon chéri , dit-elle en tendant un verre de lait d'amande à Glenn.Il chuchota un merci , puis s'empara du verre.Tandis qu'elle se dirigea dans une lenteur démesurée dans la cuisine. Elle ne savait pas ce qu'elle avait ce matin, mais elle n'avait aucune motivation pour rien.

Elle n'avait même pas envie de travailler, pourtant son plus grand désir était de terminer ce pourquoi elle œuvrait si difficilement depuis bientôt une année.Elle se sentait néanmoins si épuisée au point où elle était incapable de réfléchir convenablement. Était-ce peut-être parce qu'elle commençait à prendre conscience de cet acte de folie qu'elle avait fait?Elle l'ignorait, elle avait simplement le désir de vivre comme elle l'entendait. Toute sa vie, elle s'était résignée à se soumettre aux ordres de son père.

Aujourd'hui, elle était une adulte et elle approchait la trentaine à une vitesse fulgurante.Et elle ne sentait pas d'urgence à l'idée de se marier, d'avoir des enfants. En réalité, le mariage était-il une finalité?Était-ce l'ultime raison pour laquelle elle existait? Le but de sa vie était d'épouser un homme choisi par son père, qu'elle ait des enfants afin d'assurer la succession? Était-ce une vie?

Elle refusait cette vie qu'on voulait lui imposer. Elle en avait assez de se plier à la volonté de son père. De toute façon, cet homme était tellement insatiable qu'il ne se contenterait pas d'un simple mariage. Dès lors qu'il apprendrait que sa fille qui était l'incarnation de la douceur était en réalité une cheffe d'entreprise dont les chiffres d'affaires surpassaient largement le PIB de Syliria et des pays aux alentours réunis, il voudrait mettre la main sur sa fortune, sans l'ombre d'un doute.

Elle se demandait même si l'argent n'avait pas plus d'importance qu'elle, aux yeux de son père.Il était prêt à tout même de la chose la plus insoupçonnable pour de l'argent. 

Peu importe ce qu'il faudra qu'elle fasse, elle avait décidé de vivre loin de Syliria le temps qu'il faudra. Peut-être qu'il changera et aura la bonté de pardonner sa fuite?

Après avoir dressé une magnifique table, elle fit son fils s'asseoir sur une chaise en hauteur afin qu'il ne rencontre pas de difficulté à atteindre les aliments. 

Il semblait émerveillé face à toutes ces appétissantes viennoiseries qui était dressé devant lui.Il applaudit de ses petites mains, pour féliciter sa mère dont une larme lui avait échappé à la vue de la réaction de son fils.

Elle l'intima à se servir, ce qu'il fit alors sans aucune hésitation.

Elle le regardait manger avec entrain, en joignant ses deux mains pour déposer ses coudes sur la table. Elle le regardait avec toute la tendresse qu'elle avait en elle pour cet enfant.Ell l'aimait comme elle aimait son propre âme. Probablement plus que la sienne.Toutefois, ce dont elle avait l'assurance, c'est qu'elle était capable des plus grands sacrifices pour lui.

𝙻𝙰 𝚁𝙾𝚂𝙴 𝙳𝙴 𝚂𝙰𝚁𝙾𝙽Où les histoires vivent. Découvrez maintenant