Chapitre 32

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- Cela me dépasse.

- Cela ne saurait être autrement, pourquoi ne pas simplement céder à l'ardeur de son amour ? Qu'avez-vous à perdre ? Je l'ai fait et je ne peux que me réjouir .

- Ah bon ?

- Oui, assura-t-elle. Je ne suis plus la même Tseruja que vous avez connu, je suis une nouvelle personne, je n'ai plus ce vilain désir insatiable de m'enivrer de toutes sortes de boissons fortes.

- Comment cela a-t-il été possible ?

- Je viens de vous le dire, j'ai accepté l'amour de Jésus pour moi, il a sauvé mon âme. Dieu vous aime trop pour vous laisser quitter ce monde dans l'état que vous êtes actuellement, ne refusez pas son amour, vous le regretterez.

- Je le sais, mais si vous saviez qui je suis en vérité, vous ne penseriez pas de cette manière.

- Même pour le plus grand criminel qui soit,l'amour de Dieu n'a pas de limites. Pourquoi êtes-vous si dur avec vous-même ?

- Parce que je suis un criminel.  J'ai tué une dizaine de personnes de mes propres mains, sans éprouver de regrets.

La jeune fille s'obligea à garder son calme pour qu'il ne voie pas une once de peur dans son regard ou bien dans ses gestes et déclara :

-Vous le regrettez, pourquoi seriez-vous dans cet état en luttant contre Dieu et vos remords.

-Je ne regrette pas d'avoir vengé ma sœur , réplique-t-il d'une voix rocailleuse.


-Quoique ces gens aient pu faire à votre sœur, vous saviez que la vengeance n'appartenait qu'à Dieu. Vous n'avez pas le pouvoir de changer le passé, mais vous pouvez prendre la ferme décision de changer le présent et l'avenir.

- Vous avez sûrement raison, vous semblez avoir expérimenté ce changement dont vous parlez.

-Tout à fait, je parle en connaissance de cause. Je ne suis pas encore transformée radicalement, il y a assurément des choses qui n'ont plus leurs places dans mon cœur, mais j'ai l'assurance que l'ancienne moi n'est plus qu'un vil souvenir.

- Je vous souhaite de l'être complètement dans ce cas. Je suis ravi de vous avoir revu , dit-il en se levant pour partir.

- Vous savez que vous ne m'avez toujours pas expliqué la raison de votre présence à Béarne, chez moi, déclare-t-elle pour le stopper dans son élan.

- Je suis convaincu que vous connaissez la réponse, Tseruja. Vous êtes partie telle une voleuse, sans me donner une quelconque explication.

- Je n'avais plus ma place en Alvana, je n'en pouvais plus d'aller de pays en pays.

- Pourquoi n'auriez-vous pas votre place en Alvana, je ne vous ai jamais fait sentir que vous étiez une étrangère, je vous ai même fait participer à la fête des couleurs de mon pays. N'est-ce pas un geste qui témoignait de mon désir que vous soyez intégrée ?

- Je ne dis pas le contraire. Mais, comprenez que je n'ai fait que voyager de pays en pays ces dernières années, je n'en pouvais plus de cette instabilité. Je me suis toujours efforcé de bien paraître devant les gens, mais je passais par les plus orageuses souffrances. J'ai toujours fait semblant d'aller bien. Pour mon bien et pour celui de Glenn, je suis retourné chez moi en espérant que tout changerait et il s'avérait que sans que je le sache, Dieu avait planifié un rendez-vous avec moi sur le chemin du retour.

- Je vous souhaite alors de vous épanouir dans cette nouvelle vie. Néanmoins, votre désir de stabilité ne justifie point le fait de partir sans donner d'explication. De quoi aviez-vous peur pour prendre la fuite ?

- Est-ce vraiment nécessaire de répondre à cette question ?

- Oui, ça l'est. J'ai besoin de savoir, vous ne savez pas à quel point j'ai cru devenir fou en apprenant que vous n'étiez plus en Alvana.

- Je sais que j'ai été lâche d'une certaine manière, mais je ne voyais pas d'autre solution que de partir.

 -Êtes-vous convaincue qu'il n'est question que de votre désir de stabilité qui vous a conduit à fuir ? Parce que je n'ai point l'assurance que ce soit uniquement cela. Je crois que vous ne vouliez pas fuir que le pays, mais le roi de ce pays également.

- C'est vrai, que voulez-vous que je vous dise ? Je fuis tout ce qui est en rapport avec la monarchie, je ne peux vous appartenir pour cette raison, Alonzo.

- Pourquoi mon statut vous pose-t-il tant problème ? Au contraire, vous ne feriez point face à la pression médiatique à laquelle vous faites face où que vous soyez, même si vous avez renoncé au trône de votre pays.

- Je suis vraiment navrée, je ne me sens pas capable de renoncer à ma liberté et à la vie que je veux offrir à mon fils, il ne mérite pas que je le fasse vivre tout ce que j'ai vécu. Je suis navrée, mais je ne peux être vôtre.

Il n'ajouta rien, apercevant qu'il n'y avait plus rien à dire pour ce soir. La jeune fille était toujours tourmentée par ceux qui avaient fait de sa vie une montagne russe de tourments dans le passé, la poussant à fuir la royauté et tout ce qui avait attrait à elle. Elle ne voulait pas supporter de nouveau ce fardeau sur ses épaules, elle trouvait qu'elle en portait déjà énormément juste par son statut parce que quoi qu'elle puisse faire, elle sera toujours une membre de la famille royale de Syliria. Rien ne pouvait changer cela.

- Je vais vous laisser aller dormir, commença le roi alors qu'il avait déjà atteint la porte de la maison, encore navré de vous avoir importuné à une heure pareille.

- Ce n'est pas grave, répondit-elle dans un murmure.

 - Au revoir, princesse.

- Au revoir, votre majesté, lui dit-elle tandis qu'il avait déjà disparu dans le couloir.

Elle laissa alors ses larmes coulées, en pensant qu'elle était parmi les pires personnes qui soit pour avoir dit de telles choses, la peur la foudroyait tant, elle ne voulait donc pas oser imaginer la possibilité qu'elle soit à ce dernier. Elle ne se sentait pas prête pour une telle chose, l'amour, elle ne l'avait jamais connu.

Elle se demandait même ce que l'on pouvait ressentir lorsqu'il frappait à la porte de notre cœur. Devenait-on insensé au point de se rendre chez l'être aimé en plein milieu de la nuit comme le fit le roi ?

Certainement. Toutefois, elle ne pouvait pas. . .

De plus, il ne reviendrait sûrement jamais frappé à sa porte après sa confidence.

𝙻𝙰 𝚁𝙾𝚂𝙴 𝙳𝙴 𝚂𝙰𝚁𝙾𝙽Où les histoires vivent. Découvrez maintenant