Chapitre 34

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- Sérieusement, réalisez-vous l'ampleur de la demande que vous me faites en m'enjoignant d'abandonner tout pour vous suivre ?

- Je suis parfaitement conscient de cela, Tseruja. Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser que vivre sous une telle pression dans ce pays n'est pas viable .

- Voulez-vous dire que je serais mieux lotie en Alvana ?

- C'est exactement ce que j'ai en tête. Vous avez déjà expérimenté cette vie et je suis convaincu qu'elle est plus adaptée pour vous.

- Et comment réagira votre peuple face à une princesse qui transgresse les codes comme moi ?

- Seul mon opinion sur vous compte désormais. J'ai consacré suffisamment de temps et d'énergie au bien-être du royaume ; mes choix personnels ne concernent plus le peuple dorénavant,cara.

-Tu sais très bien qu'il est important pour ton peuple d'approuver celle avec qui tu partages ta vie ; ceci n'est pas un détail insignifiant ,dit-elle, feignant l'incompréhension quant au surnom italien affectueux dont il venait juste de se servir .

-Les choses ne fonctionnent pas de cette manière en Alvana,la coutume veut que le monarque en place soit investi de l'autorité exclusive pour désigner celle qui deviendra sa compagne.

-Cependant, je suis perplexe quant à votre choix et j'avoue ne pas saisir ce qui a pu susciter chez vous un intérêt si vif à mon égard. Je fuis la royauté comme s'il s'agissait de la peste. Les paparazzis cherchent à me faire valser avec la mort au quotidien, qu'ai-je à vous apporter ?

-Si jamais vous êtes confronté à la perspective de danser avec la mort en ces terres, je saurai vous enseigner comment virevolter au rythme de l'amour dans les miennes, mia cara.

- J'ignorais que cous parliez italien, confie-t-elle en louant Dieu dans son cœur d'être noire, sinon elle serait rouge pivoine suite aux déclarations du roi.

-Ma grand-mère maternelle étant Italienne, j'ai eu l'opportunité de passer beaucoup de temps avec elle et d'apprendre cette charmante langue. Cependant, je ne savais pas que vous aviez également des compétences en italien.

-Pendant mes études de médecine, j'ai effectué un semestre en Italie sous prétexte d'un projet universitaire alors que c'était pour mes projets personnels. J'y ai appris quelques mots, mais je suis incapable de parler couramment la langue.

-Je comprends maintenant comment vous avez réussi à créer votre marque : vous êtes une excellente menteuse ! plaisanta-t-il doucement.

- J'étais une menteuse , le corrigea-t-elle, je suis une nouvelle personne désormais. Je vous l'ai dit lorsque vous aviez débarqué chez moi en plein milieu de la nuit.

-D'ailleurs, permettez-moi de m'excuser pour ce dérangement tardif. Ce n'est que présentement que je comprends pour quelle raison je m'étais rendu chez vous sur un coup de tête.

- Qu'est-ce qui explique donc votre comportement étrange ces derniers jours ? Je ne sais toujours pas pourquoi vous aviez annulé notre rendez-vous en Alvana, cela m'a conduit à partir aussi. J'ai pensé que vous faisiez preuve d'une désinvolture que je ne supporterais pas.

- C'est Dieu qui m'avait conduit chez toi ce soir-là. C'est encore lui qui m'avait empêché de me rendre dans le désert avec toi et je pense qu'il nous a préservé de terribles remords et regrets futurs. Je ne suis plus l'homme qui vous a ouvert son cœur meurtri de remords d'avoir anéanti des vies pour se venger de ceux qui avaient violé et tuer sa sœur devant ses yeux.

- Que s'est-il passé pour que vous ayez expérimenté un changement si radical ?

- Je l'ignorais, mais Dieu avait planifié ce voyage à Béarne avant moi. Ton départ pour Béarne n'était pas anodin, il m'a conduit sur le chemin de la vie, parce que je périssais de l'intérieur petit-à-petit en nourrissant une haine indicible dans mon cœur contre Dieu.

- Vous n'en voulez plus à Dieu, si je comprends bien.

-C'est cela, il a ôté le voile qui obscurcissait ma vision. Maintenant, je vois et je sais qu'il n'est pas et il ne sera jamais l'auteur du mal . Je ne peux donc pas l'accuser pour des choses que les mains d'hommes aveuglés par leurs convoitises ont fait.

- Je suis alors rassurée d'entendre cela et je suis heureuse que vous ayez ouvert votre cœur à Dieu. Vous êtes tel le fils prodige qui retourne chez son père, qu'est-ce que cela fait d'être de retour à la maison ?

- Y a-t-il des mots justes pour expliquer ce que je ressens ? Se demanda-t-il à lui-même. J'ai l'impression de revivre, c'est cela, je vis à nouveau, confie-t-il alors qu'un léger sourire se matérialisait sur ses lèvres.

La jeune fille esquissa un sourire à son tour tandis qu'ils venaient d'arriver chez Jalia qui, dès qu'elle remarqua que c'était Tseruja qui était sortie de la voiture, était allé récupérer le petit enfant qui dormait profondément.

- Vous avez eu une belle journée ? Questionna Tseruja pendant que Jalia déposait son fils dans ses bras.

- La journée était belle, nous avons jardiné et cuisiné ensemble, puis Glenn avait fini par s'endormir dans l'après-midi.

- Une belle journée alors, dit-elle en esquissant un sourire. C'est vraiment bien de vivre hors de la ville et du bruit .

-Tout à fait, je ne regrette pas mon choix de vivre ici. Ce serait bien que tu viennes passer une journée avec moi, cela te ferait le plus grand bien.

- Merci Jalia, j'y penserai pour les prochains jours. Je dois y aller, il se fait tard.

- Tu as changé de voiture ? L'interrompit-elle dans son élan.

- Tu es bien curieuse. Ce n'est pas la mienne, c'est celle du souverain d'Alvana.

- Il est ici ? À Béarne?

- Oui, il est là depuis quelques jours. Il est en vacances apparemment pour une durée indéterminée.

- Je suis certaine qu'il est venu pour toi, tu as réellement volé le cœur de cet homme. Je ne sais pas pourquoi je pense cela, mais je crois que tu devrais lui ouvrir ton cœur. Votre rencontre n'était pas le fruit du hasard.

- Merci , dit-elle dans un rire nerveux. Elle ne s'attendait pas à ce que Jalia change d'avis sur le roi si soudainement alors qu'elle ne faisait que la mettre en garde à son sujet lorsqu'elles étaient en Alvana.

-Passe une bonne soirée Jalia et encore merci d'avoir gardé Glenn.

- C'est un plaisir, confie-t-elle en s'approchant près de la jeune fille pour déposer un baiser délicat sur le front de Glenn , puis retourna à l'intérieur.

- Laisse-moi faire ,déclara Alonzo en prenant Glenn des bras de Tseruja pour la déposer dans son siège qu'il avait déplacé de la voiture de la jeune fille.

-Quand est-ce que vous repartez ? lui demanda-t-elle alors qu'ils empruntaient le chemin qui conduisait  chez Tseruja.

- Je vous ai dit que je suis en vacances pour une durée indéterminée, je vous attends Tseruja, avoue-t-il en détournant son regard furtivement pour la plonger dans celui de la jeune fille qui était muette suite à sa confidence.

𝙻𝙰 𝚁𝙾𝚂𝙴 𝙳𝙴 𝚂𝙰𝚁𝙾𝙽Où les histoires vivent. Découvrez maintenant