Chapitre VIII

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- Tais-toi un peu !

- Hum... Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Me relevant d'un coup sous la surprise, je me frottai les yeux avant d'apercevoir Édouard. Il n'était pas parti celui-là ?

- Il y a que depuis tout à l'heure, tu ne cesses de gémir en répétant "je veux marcher". Alors moi, je te demande de fermer ton clapet car tu me déranges. L'infirmier m'a demandé de te surveiller en attendant qu'il revienne, mais sache que je n'ai vraiment pas que ça à faire. En plus si tu veux marcher, et bien vas-y "lève-toi et marche" mec, mais par pitié, tais-toi.

Je ne pus m'empêcher de rougir. 

Il ne m'avait pas seulement surpris en train de parler durant mon sommeil, il avait entendu une de mes peurs profondes. Une de celles qu'on n'ose même pas penser. Ici, c'était ma peur qu'un jour, je ne puisse plus marcher à cause de ma jambe. Les coups portés à celle-ci avaient réveillé cette crainte que je m'efforçais de refouler. Je fis mine d'y être indifférent en détournant la conversation grâce à sa dernière phrase.

- Tu connais l'Évangile ? Tu es catho ?

Il ricana.

- Ah ça non, je peux t'assurer que je ne suis pas catho, non. Je ne crois pas à ce ramassis d'âneries. Mais la citation est connue, c'est tout.

Je me sentis piqué au vif. Ce n'était pas du tout un ramassis d'âneries, pour qui se prenait-il ? Avant de me rendre compte que ma réaction manquait de charité. C'est vrai que pour moi, ce n'était pas difficile de croire en Dieu, j'avais grandi avec cette foi en un Tout-Puissant rempli d'amour et veillant sur nous. Mais tous n'avaient pas eu cette chance.

- Pourquoi dis-tu que ce sont des âneries ? l'interrogeai-je.

- Attends, il ricana. Parce que t'y crois toi ?

- Oui. Vraiment, répondis-je très sérieusement.

- Alors je vais t'expliquer très simplement. Ce sont des âneries parce que je peux te dire que quand les gens meurent, ils ne ressuscitent absolument pas. D'ailleurs, si ton Dieu était si rempli d'amour que tu le crois, il ne permettrait pas tout ce mal sur Terre.

Je m'apprêtai à lui répondre quand l'infirmier pénétra dans la pièce.

- Allez, salut. Et que j'entende plus parler de toi maintenant, me chuchota Édouard avant de quitter la pièce, me laissant seul avec le médecin de l'autre jour. Choueeeette...

Sur les traces de l'espéranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant