~Chapitre 20 : Souvenirs d'enfants~

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Elle était toujours assise là, en dehors des heures de classe. Ce banc. 

Basique, en bois sombre, à l'abri sous le préau. Et, bien qu'il ne lui appartienne pas, c'était en quelque sorte devenu le sien. 

Les enfants n'y allaient pas. Pourquoi risquer un regard dédaigneux, qui  vous fait sentir misérable alors même qu'il est lancé par une fillette ? 

Cette fillette, il fallait bien l'avouer, elle était étrange et inquiétante. Il y avait quelque chose de dérangeant dans ses yeux bruns qui semblaient ceux d'une adulte, détonnant sur son visage enfantin. 

Elle était froide, si froide. Le marron devait être une couleur chaude, mais chez elle c'était la plus glaciale des teintes, qu'aucun bleu n'aurait pu surpasser. 

Cette fillette, il fallait bien l'avouer, elle était mystérieuse. Presque personne ne connaissait son nom, ou ne le retenait, parce qu'elle se fondait dans la masse. Elle était petite et insignifiante et en avait parfaitement conscience, ce qui ne l'empêchait pas d'arborer un petit air hautain. 

Cette fillette, il fallait bien l'avouer, elle était antipathique et désagréable avec tout le monde. 

Cette fillette, personne ne l'aimait, à part peut-être sa famille. Les élèves la trouvait méchante, les enseignants trop discrète et peu impliquée. 

Et ce sentiment de haine était tout à fait réciproque. 

Vous avez peut-être croisé, un jour, une petite fille aux couettes d'un marron très clair, gambadant gaiement dans la rue. 

Vous vous êtes sûrement demandé ce qui la rendait si joyeuse. 

La vérité, c'est qu'elle était heureuse pour un rien. 

Pour avoir croisé un beau papillon, avoir mangé une glace (fun fact : mon correcteur avait changé « glace » en « girafe » ;-;)

Et juste pour être là, à sautiller. 

Les petits plaisirs de la vie étaient pour elle une fête. 

Elle s'entendait bien avec tous les enfants de son âge. Sauf un, mais ça ne comptait pas.

Parmi tout ses camarades, elle avait deux meilleures amies. L'une avait des cheveux noirs, l'autre blonds. 

Pour ces deux-là, elle aurait été capable de n'importe quoi. 

La petite pensait que le monde était beau et avait tout à nous offrir. Elle voyait la vie en rose. 

La petite avait quelques chagrins, mais son amie blonde lui avait appris à se relever sans pleurer, à sourire en toutes circonstances. 

Et, depuis, elle souriait beaucoup, tellement que c'était presque devenu un de ses traits de caractères. 

Tellement qu'elle en avait mal aux joues, mais s'en fichait. 

Parce qu'un sourire est le plus beau cadeau qu'on puisse offrir à ses proches.

La sensibilité est un fléau. 

Ou du moins, c'est ce que pensait l'enfant.

Elle pleurait tout le temps, pour un oui ou pour un non. 

Ses yeux étaient toujours emplis de larmes, prêtes à couler à la première occasion. 

Derrière ton sourire...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant