Chapter 59

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Il est autour de dix-huit heures et je viens de rentrer. Le lycée est devenu aussi invivable que la vie à la maison depuis que Lauren est revenue. Ça va faire trois jours qu'elle est là, trois jours que je me retiens de la regarder, d'aller lui parler... Je me sens constamment observé, je ne sais pas comment il se débrouille pour savoir ce qu'il se passe à mon lycée mais c'est.. étonnamment surprenant et terrifiant. Alors je me fais une montagne de scénario dans lesquelles il m'observe à travers les grilles, ou bien il est dans les immeubles d'à côté avec une paire de jumelles... C'est complètement irréalisable je le sais mais je deviens complètement paranoïaque. De lui, je peux m'attendre à tout. J'hésite même par moment à inspecter tous les étudiants pour savoir si il n'a pas un complice. 

"Ta journée ?" Ce sont les simples mots que j'entends de sa voix une fois que j'ai passé le seuil de la porte.

"Bien." 

"Dans ta chambre." Voilà les seules interactions que j'ai avec lui une fois que je rentre de cours. Je dois maintenant faire ce que j'ai à faire pour les cours de demain et avancer pour les prochains jours, tout ça jusqu'à dix-neuf heure quarante. 

J'ouvre la porte de ma chambre en laissant sortir de ma bouche un long soupire. Je me pose sur ma chaise et sors le nécessaire pour travailler. 

Il me reste environ une dizaine de minutes avant que l'on m'appelle pour le diner et je n'ai plus rien à faire. Je me contente de lire une fiche sans vraiment y porter de l'attention, je me préserve juste au cas où Alejandro, mon géniteur, déciderais de venir inspecter ce que je fais. Ce qui ne manque pas d'arriver puisque j'entends ma porte s'ouvrir.

"Qu'est-ce que tu fais ?" Il me demande simplement.

Je regarde d'un œil furtif le titre de la feuille avant de lui dire. Comme à son habitude, savoir ce que je fais ne lui suffit pas, il s'approche de moi et reste debout à droite de ma chaise, le regard fixé sur moi. Bien que j'en ai l'habitude je dois avouer que ça met une légère pression. D'autant plus que je ne sais même pas pourquoi je lis cette feuille. Je fais mine de savoir ce que je fais et écris deux, trois phrases dans mon cahier avant d'entendre sa voix une seconde fois.

"Bon, tu descends manger maintenant." Il sort de la chambre et descend jusqu'au salon. Je soupir de soulagement, pouvant enfin m'arrêter là. 

Je sais que je ne dois pas perdre de temps, il m'a dit de descendre et ça doit être fait dans l'immédiat. Je laisse tout en place et sors à mon tour de ma chambre, descend les marches et m'installe à table. Ma mère a son visage rivé sur son assiette, pas un mot ne sort, elle reste silencieuse. Ça me fais un peu mal au cœur de la voir comme ça.. On mange une fois de plus dans cette ambiance pesante ou le silence règne, seul le bruit de nos couverts contre l'assiette se fait entendre. Je dois avouer que je préfère supporter ce moment qu'entendre les cris incessants de ce fou allié.

Une fois la table débarrassée, je monte directement prendre une douche, m'habiller pour la nuit et pars m'enfermer dans ma chambre, soulagée que ce jour se termine. Je m'assois sur mon lit, le regard perdu dans un coin de ma chambre, hésitant à regarder à l'extérieur. Elle me manque c'est horrible.. Je me relève et m'approche de ma fenêtre, regardant ce qu'il se passe à côté. Les volets sont ouverts, la fenêtre aussi. Bordel.. Je ressent une envie inexpliquée de sauter et de la rejoindre. Ma respiration devient plus intense quand je la vois entrer, j'ai du mal à suivre un rythme correct. Qu'est-ce que je fais maintenant ?? Elle est tellement belle... Ses cheveux sont mouillés, j'insinue qu'elle sort de la douche.. Ce que j'aimerais sentir le doux parfum de ses cheveux.. de son corps... elle me manque.. La vision que j'ai d'elle se déforme dû aux quelques larmes qui se créent aux coins de mes yeux. Comment est-ce qu'une personne peut vous manquer autant..? Je peux sentir mon cœur se resserrer sur lui-même, je veux l'avoir dans mes bras.. maintenant... Mais ça serait trop beau, non ? On est pas dans je ne sais quel film.. Ce qu'il se passe dans cette foutu réalité c'est que quand Lauren tourne ses yeux de jade sur moi, elle me regarde avec une profonde détresse, un désire indescriptible et de la colère. Et contrairement à ce que je veux, elle s'avance d'un pas fragile mais déterminer jusqu'à sa fenêtre et la ferme en tirant ses rideaux. Cette action m'a fait ressentir une douleur atroce aux fond de moi. J'aurais aimé ne pas avoir eu l'envie de venir la voir... Ça me fais tellement mal de la voir autant en colère et abattue... Ma poitrine qui était restée serrée, me crée d'innombrables douleur auxquelles je ne peux pas mettre de mots dessus.. Je ne veux plus vivre comme ça, pourquoi est-ce que ça fais aussi mal...? Pourquoi j'ai l'impression qu'on a entaillé mon cœur de coups... Je sens ma gorge se nouer pour ne pas laisser toute cette affliction se transformer en sanglot. Mais c'est trop tard, ce que je ressens est bien trop fort pour résister à l'envie de craquer et de s'effondrer... Je me laisse tomber sur mes genoux et déverse en silence ma peine. 

Instable (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant