Chapter 75

460 24 0
                                    

Un sentiment d'insécurité nous suis jusqu'à se qu'on traverse les portes du restaurant. Nous en sommes toutes les trois conscientes et pourtant, aucune d'entre nous n'évoque ce sujet. Préférant sûrement préserver nos craintes au plus profond de nous. C'est plutôt étrange d'ailleurs, je veux dire cette peur qui semble persister encore, cette emprise qu'il a encore sur nous inconsciemment. Il est en garde à vue jusqu'à la fin du procès, donc il n'y a aucune chance pour nous de le croiser hors du commissariat. La question est... Pourquoi est-ce qu'on est encore effrayées de lui ? Qu'est ce qui fait que nous sommes toujours entre ses mains ? Je peux imaginer que la conclusion qu'aura le jury pour sa sentence nous effraie mais... Merde, on devrait juste profiter de ce moment ! Si il est libéré d'ici la fin du procès, on aura plus une seule minute de tranquillité, sans avoir peur de ce qu'il pourrait se passer dans l'heure qui suit. 

Nous nous asseyons à une table vide, seule une présentation soignée se trouve sur cette dernière. Des verres à pieds accompagnés d'une serviette rouge pliée en plusieurs fois pour donner une forme de rose, une assiette se présente au bord de la table, chacune contient une illustration différente mais sans trop s'éloigner du thème bien précis que propose ce restaurant.

Toujours dans un silence de mort, chacune de nous scrute du regard la carte déjà posée à nos places, nous passons une rapide commande puis vient le moment d'attente. Seigneur ce silence est atroce que quelqu'un parle !

" J'ose même pas défaire la fleur qu'il nous ont fait." Dit ma mère d'une vois douce, lisant probablement dans mes pensées. Un rire timide nous échappes.

"J'imagine même pas la patience qu'ils ont pour le refaire à chaque fois sur chaque table." Je continue, un peu plus à l'aise. 

"Je pense surtout que ce sont des adeptes fou amoureux de l'origami qui se font un petit billet en plus à chaque serviette." Un nouveau rire se créer autour de la table après les dires de Lauren. Tout semble aller un peu mieux à chaque seconde, ce qui installe un climat rassurant entre nous. 

Quelques minutes plus tard, à rire et discuter, nos plats arrivent. Aucune d'entre nous n'évoque le sujet du procès qui devrais avoir lieux dans moins de deux heures, peut-être par peur de remettre cet anxiété qui nous suis depuis ce matin, ou bien personne n'y pense à cet instant. Mais toi, tu y penses actuellement. Oui, certes.. Mais c'est loin d'être pareil, je psychote trop par rapport à cette histoire ! Je sais pas si je suis la seule à me rendre compte que si ce malade est libre, ont est toutes les trois déjà plus de ce monde ? Ou bien il faudrait qu'on parte très très vite... Par exemple on change de continent ? Ou on va se refugier sous terre, dans un bunker hautement sécurisé ...

"Qu'est ce que tu en penses camz ?" La voix de Lauren se fit entendre dans le creux de on oreille, me donnant un léger frisson avant de me faire revenir sur terre. 

"Hm ?" Je demande sans vraiment avoir vraiment suivi leur discutions. 

"On pourrait revenir ici ce soir." Ma mère aborde un grand sourire en me regardant avec tendresse. 

"Oh, oui oui, si vous voulez." Je répond sans réellement savoir quoi en penser.

"A moins que tu ne préfères un autre endroit ?" Elle renchérit. 

"Non non, ça me vas, pardon." Je commence à dire en jouant nerveusement avec le set de table. Ma mère n'insiste pas plus et continue son assiette sans en laisser une miette, elle a l'air d'adorer ça... Pour ma part, je n'ai pas vraiment l'appétit que j'aurais aimé avoir. Ma petite amie l'a sûrement senti puisqu'à peine quelques seconde passées, je sens sa main se poser sur ma cuisse. Un léger sourire apparait sur mes lèvres en sentant ce contact, je pose à mon tour ma mains sur la sienne et entrelace nos doigts. Un peu de douceur avant l'orage, ça fait toujours un peu de bien...

Le repas se finit dans le calme, Lauren et ma mère ont pris plaisir à discuter ensembles. J'apprécie de les voir ainsi, se rapprocher l'une de l'autre jusqu'à devenir complices. Espérons que cette bonne entente dure... Je sais que je suis pas mal négative, mais j'angoisse énormément pour tout, surtout quand il s'agit d'Alejandro. Il est capable de tout pour gagner, quitte à perdre tout son argent pour se procurer le meilleur avocat ou la clémence du jury.

"Bon, on devrait probablement y aller." Conseil ma mère sous une voix un peu plus neutre que durant le repas. Je peux imaginer que son esprit s'agite autant que le mien. 

On se lève alors presque toutes en même temps et ma mère nous demande de l'attendre dehors le temps qu'elle règle l'addition. Sans un mot de plus, nous sortons. Je m'adosse contre la façade froide qui sépare le parking de la route, la jeune brune me rejoint. Mes yeux restent bloqués sur le sol goudronné, ne sachant pas quoi dire ou penser.

"Eh." Elle lance simplement après s'être adosser elle aussi à ma droite. Je ne répond pas vraiment, pourtant, tout mes sens sont tournés vers elle. "T'as pas arrêter de froncer les sourcils depuis qu'on est entrées dans le restaurant." Elle continue. Je ne voix toujours pas où elle veut en venir. "Et quand tu fais cette tête c'est soit tu te concentre soit quelque chose te contrarie." Un soupire silencieux sort de ma bouche. "Je n'ai pas raison ?"

"Sûrement." Je dis simplement sans quitter le sol du regard.

"Et je sais aussi que tu te prends souvent la tête pour pas grand chose, j'imagine que c'est le cas actuellement." Ça n'était pas une question. Je fronce un peu plus les sourcils et lève enfin les yeux vers elle. 

"Pas grand chose ?" Je lui demande, un peu irritée. Elle se contente de me répondre par un hochement de tête. "Cette merde qui nous arrive, ce n'est pas grand chose ?" Ma gorge se serre.

"C'est dingue, dangereux et sûrement de la folie. Je ne dis pas que ce qu'on vis depuis plusieurs jours n'est rien de grave, je te parle surtout du procès. Il y a pas de raison de s'angoisser pour un combat que l'on va gagner camz." Elle tente de se rattraper d'une voix douce. Ce qui, je dois l'avouer, marche un peu. 

"Qu'est ce qui te prend d'être autant positive d'un coup, tu sais comment est Alejandro dans ce genre de situation ?" Je lui dis, toujours un peu agacée malgré la douceur qu'elle utilise pour me calmer.

"Dis moi." Elle me sourit, pensant tout savoir. Elle a beau être adorable à faire sa petite voix, ça ne va pas m'empêcher de lui faire ravaler son sourire.

"C'est un malade bordel, t'es censée le savoir non ?" Elle me regarde bêtement et secoue lentement la tête, toujours avec se maudit sourire malicieux. "Il m'a malmener depuis que je suis gosse sans que personne autour de moi ne le remarque ou même le stop à temps, parce qu'il a toujours su trouver les mots ou les bonnes menaces pour que plus personne ne s'en mêle, il a bousiller ma vie, mon morale, mon corps sans que j'ai eu le droit de dire un seul putain de mot parce que si j'osais, putain mais si j'osais me rebeller une seule fois, je finissais à moitié inconsciente, étendu sur un des parquet de chez moi. J'arrive même plus à me sentir juste bien même dans ma chambre parce que cette maison est remplie de tout ses moments de tortures incessante. Dans chaque foutues pièces." Je commence sans m'arrêter, rendant ma gorge sèche et serrée. "Il m'a menacé quand il a su pour toi, putain je suis sa fille j'ai toujours fait de mon mieux pour qu'il me fasse le moins de mal possible et malgré ma soumission totale, il m'a plaqué un putain de flingue sur la tempe." Ma respiration commence à manquer. Je peux déjà sentir mes yeux se brouiller de larmes. Son sourire, lui, se décompose au fur et à mesure de mes mots. "Tout ça ce n'est rien, mais putain... Cette nuit la j'aurais pu choisir de crever pour ton putain de cul. Je savais juste que si j'étais plus de ce monde à la con il allait venir éliminer la dernière personne qui lui posait problème, à savoir toi. Et j'aurais pas pu empêcher ça...." Ma voix se brise sur ces dernières paroles. Je n'ai pas cessé de la regarder droit dans les yeux, d'y faire passer toutes les émotions que mon âme faisait ressortir. Je sens les quelques larmes qui s'échappent et ruissellent sur mes joues mais je m'en fiche à vrai dire. 

Prenant en compte, qu'elle ne vas sûrement pas répondre et aussi que je me suis vachement égarée, je rajoute quelques mots. "Ce procès n'a rien de quelque chose d'insignifiant Lauren... Si on le gagne, c'est un miracle. Si on le perd, on est toutes les trois déjà enterrées six pieds sous terre." Je lui donne un dernier regard et entre rageusement dans la voiture en claquant aussi fort que je peux la portière.

Instable (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant