Chapter 58

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Trois semaines. Trois putains de semaines entières que je suis ce règlement à la con. Ces horaires de prison. Trois semaines que je n'ai plus adressé la parole à Dinah, je l'ai vu au bord des larmes plusieurs fois et putain j'ai envie de me flinguer pour lui avoir infligé ça. Trois semaines ou Lauren ne vient plus en cours. Trois semaines ou ses volets sont restés fermés. Trois semaines durant lesquelles je ne vis plus... Austin vient me rendre visite les week-end. J'ai constamment peur qu'il fasse quelque chose mais il n'a rien tenté heureusement. Les nuits sont dures... Les journées sont longues et pesantes... J'aurais dû choisir de mourir... Vivre ainsi est pire que devoir rendre l'âme. C'est juste invivable pour moi. Ma mère ne me parle pas non plus, mais... ses pleurs se font entendre la nuit. Je l'ai déjà vu vouloir me défendre contre mon père un soir, quand il a su que j'ai essayé de parler à Dinah mais il a levé la main sur elle, plusieurs fois. J'aurais voulu lui rendre l'appareil mais je n'ai rien dit. Parce que je sais qu'il est plus fort que moi. Il nous aurait fait taire rapidement.

Lauren a déjà essayé de venir vers moi, me demander des explications... Je n'ai pas pu répondre, je n'ai fait que fuir. Comme une lâche... Depuis elle ne cherche même plus à obtenir quoi que ce soit de moi mais, je la voyais souvent me regarder durant les heures de cours. Du moins les premiers jours, avant qu'elle ne décide de plus venir du tout... J'ai volontairement changé de place. Je suis dorénavant devant, loin d'elle... C'est donc avec le cœur détruit que je passe mes journées. Le soir quand je rentre, mon père me surveille, je n'ai pas une minute à moi sans l'avoir derrière moi à analyser chaque fait et geste, ça en est invivable. 

Nous sommes le lundi, le 20 juin pour être plus précise. Autrement dit sept jour avant l'anniversaire de Lauren. Quand je pense à ça je m'imagine comment cette journée aurait été inoubliable. J'aurais sûrement vu les choses en grand, quelque chose qui fasse bondir son âme, qui lui montre combien je l'aime. Comme elle l'a fait pour moi, le jour de mon anniversaire, elle a su rendre ce jour meilleur qu'il l'était... Mais je ne vis pas dans un rêve. Du moins, plus depuis que mon père a pris le contrôle de ma vie. Alors je continue de vivre dans cette ambiance. Les jours qui passent, sans que je ne puisse agir comme je le souhaite parce que mon père me fait flipper. Je ne le savais pas aussi malade et dérangé pour me pointer avec un flingue... Je n'oserais même pas imaginer ce qu'il ferait si j'enfreins ses règles... D'ailleurs, en parlant de règles, il est bientôt huit heures et quart, il faut que je m'assure que tout soit en ordre pour qu'à trente je sois couchée. C'est ma routine, levée à six heures et couchée à vingt heure trente. Sachant qu'entre ces heures, il y a tout un programme de ponctualité à respecter.

Je me lève de ma chaise de bureau et vérifie mon sac de cours. Je prends soin de m'attarder sur chaque petit détail qui puisse me faire gagner du temps, la prochaine tache à tendance à me serrer le cœur... 

"Karla il est trente. Tes volets, bouges toi." Une voix imposante se fit entendre. Je relève la tête mais ne le regarde pas, je n'aime pas voir cet homme. Je me lève donc et m'approche de ma fenêtre avec hésitation. Comme chaque soir, je ressens cette chaleur dans mon ventre. Elle est divisée entre deux parties... Celle qui me dit que je vais peut-être avoir la chance de voir Lauren, ou bien même, voir ses volets suffit à l'infime bonheur qu'il me reste. Et l'autre partie est celle qui me ramène à la réalité, elle est moi ne sommes plus ensembles et elle est sûrement brisée et collée dans son lit, tout ça par ma faute. Le plus souvent dans ce genre de moment, la deuxième partie est plus forte et prend le dessus, ce qui me procure un mal de ventre horrible et me force à ne finalement pas vouloir voir sa fenêtre, ni sa chambre, ni elle.

Je garde mes yeux rivés sur la bordure de ma fenêtre et monte dans un geste maladroit mes mains jusqu'à la poignet. Je l'ouvre et, toujours sans un regard pour la maison en face de moi, je tente de décrocher mes volets pour les refermer par la suite. Dans une pulsion, je lève enfin mes yeux vers sa chambre mais... Sa fenêtre est toujours cachée derrière son volet. Je soupire doucement avant de tout fermer et d'éteindre par la suite la lumière de ma chambre. Il ne reste plus qu'à me coucher en essayant par tous les moyens de m'endormir. Ce qui est comme tache, pas facile à réussir.

Instable (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant