Chapitre 3: Flair (partie 1/3)

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Hiver - Cité Fugitive

Maokk se réveilla en sueur.

Les gravures de son brassard illuminèrent l'intérieure de la cahute en terre. La lumière contrastait avec les ténèbres de la nuit brumeuse. Tremblant et étourdi, le jeune homme se leva de la paillasse et tomba à terre. Son corps était meurtri par la vision qu'il venait d'avoir. Une terrible nausée le saisit, l'empêchant de reprendre son souffle.

Il était pourtant rare que des visions non contrôlées, de cette intensité, se manifestent encore. Il avait l'impression d'avoir pourtant progressé ces dernières semaines. Que son Don lui semblait plus facile à appréhender.

Le flot d'images qui lui restaient gravées en tête s'interposait avec la réalité. Maokk tenta de se relever et sorti de la cabane terreuse. Son brassard s'éteignit progressivement, rendant la progression du jeune apprenti plus difficile. Les rues de la Cité n'avaient aucun secret pour lui, mais la vision superposée à sa vue ne lui facilitait pas la tâche. Les huttes de la Cité étaient remplacée par les arbres d'Andorre.

Une nouvelle envie de vomir.

Il tituba tant bien que mal jusqu'à la hutte de son rugmat. Arrivant péniblement jusqu'à la paillasse d'Ejost, il le secoua d'une main fébrile.

Il lui vomit dessus.

— Mais c'est quoi c'te merde ? cria Ejost dans un chuchotement peu maîtrisé.

Le colosse sur lequel Maokk venait de vomir ses tripes se réveilla avec une humeur aussi verte que la régurgitation de son apprenti. La chaleur de la substance se glissa dans les draps de lin et souilla la couchette.

— Bordel Maokk mais pourquoi tu viens vomir sur moi en pleine nuit ? T'pouvais pas aller ailleurs sérieux?

— J'ai vu quelque chose !

— C'fabuleux, maintenant retourne... Quoi ?

Ejost se redressa et attrapa Maokk par les épaules. Celui-ci semblait défaillir à tout instant. Ses boucles noires collées par la sueur sur son front cachaient ses yeux vitreux.

— Depuis quand tu vois des trucs en pleine nuit toi ? T'avais pas fini ça ? s'inquiéta le colosse, soudain plus calme.

Rassemblant le peu de force qui lui restait, Maokk alerta son rugmat:

— C'est Div...Div...J'ai vu Divoyanna. C'est une rugmat.

— Merde !

Ejost réagit au quart de tour. Des nouvelles comme celle-ci, il ne fallait pas les garder pour soi. La principale concernée devait être au courant et le voir par soi-même. Connaissant l'héritière, elle avait besoin de voir la vision de Maokk pour y croire. Il fallait donc faire vite, avant que l'énergie de Maokk ne disparaisse et que la vision ne s'évanouisse à tout jamais.

Ejost enfila rapidement une toge et sans ménager son apprenti, souleva Maokk de terre pour le caler sur ses larges épaules. Il devait sûrement être le seul Doté à pouvoir porter Maokk au pas de course jusqu'à la Grande Hutte, mais le temps pressait, il lui fallait une monture rapide.

Fendant la brume épaisse de la Cité, il traversa sans encombre le campement et se dirigea vers les écuries. Maokk gémit dans son dos et régurgita une petite quantité de bile qui coula le long du dos d'Ejost.

— Tiens bon gamin !

Le rugmat pressa le pas. Dans un fracas à réveiller les sacrifiés, il déboula dans les écuries. La palefrenière qui dormait comme à son habitude sous une mangeoire se cogna la tête en se réveillant.

Les Chroniques de Dégué - Premier Corps - CuirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant