« Pourquoi t'as tout le temps peur quand on fait un geste brusque devant ton visage ? T'es une vraie chochotte ! » Non, j'ai juste reçu de nombreuses claques et fessées quand j'étais enfant. Je ne suis pas une chochotte ; je suis juste traumatisée. Traumatisée parce que ma mère m'a déjà saisie par la gorge. Je ne me souviens plus de ce que j'ai fais pour qu'elle aille jusque là mais je sais que je me rappellerais de ce jour toute ma vie. Parce qu'un enfant n'a pas à subir ceci. J'avais à peine 8 ans. En aucun cas je méritais de vivre ça, d'être sous les coups. Ma mère se défoulait sur moi quand elle était en colère. Certes cette période n'a pas durée très longtemps mais à quand même existée. Suite à la violences physiques, les violences morales et psychologiques sont apparues.
Quand ma mère est énervée elle est capable de tout et peut aller très loin. Que ça soit dans ses propos ou ses gestes. Elle ne se rend pas compte à quel point ses mots peuvent blesser. « Espèce de grosse feignasse. », « sale gamine », « Espèce de grosse conne. » Ces paroles resteront gravées à jamais dans ma mémoire. Pendant une bonne partie de mon adolescence, je n'avais pas confiance en moi. J'avais l'impression d'être une merde, de ne servir à rien, et que je devais mourrir. Les adultes ont osé me demander pourquoi. À cause de ma mère et parce que j'étais une enfant HPE. J'étais détruite intérieurement mais je faisais tout pour ne pas le montrer. Sauf que ça n'a pas marché et ça s'est vu au bout d'un moment. J'ai tout fait pour résister. J'ai tout fait pour ne pas prêter attention à ce que ma mère pouvait me dire d'horrible. J'ai tout fait pour ne pas pleurer à chaque fois qu'elle haussait la voix sur moi. « Pourquoi t'as peur quand un adulte te crie dessus ? » Pour ça. Cette peur des grandes personnes m'a suivie toute ma scolarité. J'avais peur qu'elles soient toutes comme ma mère et qu'elles pourraient me crier dessus comme elle le faisait. C'est pour cette raison que je respecte les professeurs et que je ne leur parle pas beaucoup par peur de les déranger. Les seules et uniques fois où des membres de l'éducation nationale m'ont crié dessus, je finissais en larmes parce que j'étais terrifiée ; je me sentais en danger car je pensais qu'elles pourraient me frapper. C'est pareil quand un professeur dispute un élève autre que moi. Je suis capable de ressentir les émotions des deux personnes en même temps. Dans ces moments là, mon cerveau ne sait plus où donner de la tête. Je suis pleine de sentiments qui ne sont pas les miens. Je me sens coupable alors qu'il n'y a aucune raison de l'être.
Malheureusement j'aurais préféré vous dire que seule ma mère est impliqué dans ton ça. Mais mon père l'est aussi. J'ai également subis des violences psychologiques de sa part. Il n'était là que pour ça et on aurait même dit que ça l'amuser de me parler comme ci je ne valais rien. Pour lui, je ne méritais pas ce que je voulais et je n'étais capable de rien. Je ne savais faire quelque chose de mes dix doigts et j'étais nulle et bête. Et moi je croyais vraiment ce qu'il me disait. J'étais persuadée que c'était vrai. Alors que pas du tout. Je sais faire énormément de choses et je suis capable de tout.
Je suis certaine que quelques uns d'entre vous doivent se dire que les violences psychologiques sont inexistantes ou que ce ne sont pas des violences. Pourtant c'est exactement pareil que de la violence physique, ça vous fait le même effet. Chaque insulte, chaque critique, à chaque fois qu'on vous rabaisse ; c'est semblable à un coup que vous recevrez de la part de quelqu'un parce que ça vous fait mal. Ce n'est pas rien, c'est grave et ça, il faut en prendre connaissance. Donc si un de vos parents ou si vos deux parents vous parle mal, vous insulte, critique vos choix ou autre ; ce n'est pas normal et il faut vous en rendre compte et en parler à un professionnel. Passer sa vie à être mal à cause de ses géniteurs n'est pas quelque chose qu'il faut prendre à la légère. Le nid familial est censé être un endroit où nous vivons dans la bienveillance, la sûreté et l'amour. Ce n'est pas le cas pour un grand nombre d'entre nous. Pour beaucoup tout ça n'est que synonyme de peur, de méchanceté, de hurlements et de douleurs.
J'ai gardé secret tout ce qu'il se passait chez moi pendant plus de dix ans. Je ne parlais à personne de la situation. Jusqu'à ce que je rentre au lycée et que ce fut trop pour moi. Supporter ma mère à longueur de temps était devenu impossible. J'ai donc fait part de tout ça à une assistante sociale qui m'a suivie quelques temps. Ma mère à été convoquée et a caché son jeu comme devant chaque personne qu'elle ne connait pas. C'est donc pour cette raison que à chaque fois qu'une amie à qui j'ai pu parler de ma mère venait chez moi me sortait « Mais elle est gentille ta mère. » Devant oui mais pas en arrière plan. Ma grand mère et ma famille proche sont les seuls à connaître l'autre côté, sa face cachée. Vivre dans ma maison, c'est semblable à l'enfer. Plus le temps passe et moins je supporte y être. Le comportement de ma mère s'empire d'années en années et c'est difficile. Plus personne n'arrive à l'avoir sur le dos. Je n'ai jamais été proche d'elle mais aujourd'hui il est devenu quasiment impossible de lui parler. J'aimerais tant avoir une belle complicité avec ma mère. Quand je vois des filles sur les réseaux sociaux ou même autour de moi qui ont de très bonne relations avec leur mère ; je les envie et ça me fait mal au coeur. Je me dis qu'elles ont une chance énorme, que ça doit être génial d'être si près de sa maman et que moi aussi j'aimerais avoir pareil. Moi aussi je veux ça. Je pleure souvent pour, et à cause de ma mère. Parce que je ne sais plus quoi faire pour qu'elle soit fière de moi et pour être à la hauteur de ses attentes. Je ne sais plus quoi faire pour arranger son état, pour qu'elle soit plus calme et qu'elle arrête de crier à travers tout pour un petit truc sans importance. Je ne sais pas quoi faire pour avoir un lien fort avec elle. Je n'ose rien lui confier et je n'ose pas lui parler de mes émotions ou mes sentiments parce que j'ai peur. Je pense que c'est pareil de son côté, elle ne sait pas comment aborder la situation. On m'a souvent dit que je rejette ma mère, que je ne veux pas faire d'efforts et que c'est moi le problème. C'est vrai, mais c'est ma mère qui m'a mise au monde, qui a voulu de moi et qui m'a fait du mal ; donc je pense que c'est elle qui devrait venir vers moi, au moins pour s'excuser de certaines choses qu'elle a faites. J'aime ma mère de tout mon coeur même si je ne sais pas lui dire mais il y a des choses que je ne peux pas lui pardonner parce que c'est trop dur de le faire.
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Je suis désolée
Teen Fiction« Je ne veux pas mourrir mais avoir l'impression de l'être. Je dis tout le temps avoir besoin de quelqu'un pour vivre et avancer ; c'est vrai mais la personne dont j'ai aussi besoin le plus c'est moi. » En cours d'écriture.