Tout a commencé trop tôt et où ça allait mal. J'avais onze ans, je n'avais aucune formes, je portais un pyjama licorne. J'étais assise dans le canapé et il a débarqué sur moi avec ses sales pattes. Il m'a touché, il a appuyé, il m'a fait mal. Il trouvait ça drôle tout comme ma mère ; alors que ça m'a traumatisée. Durant les cinq années qui ont suivies, il me mettait une claque sur les fesses ou à continuer à me toucher en bas. Pour lui c'était un jeu, ça le faisait rire. Il pensait peut-être que ça me plaisait, que j'appréciais ça. Pourquoi ? Pourquoi à moi ? Aucune idée et je n'aurais sans doute jamais la réponse. La seule professionnelle à qui j'en ai parlé m'a dit que ce n'était pas une agression, que ce n'était rien du tout, que ce n'était pas grave. Je suis incapable de vivre comme avant. Je ne peux pas avoir de rapports sexuels, je ne peux plus me tenir à moins d'un mètre d'un homme sans avoir peur. Je ne peux pas mettre de jupes ou de robes sans être mal à l'aise en public. Je me sens dégueulasse.
La pire partie de l'histoire, c'est que je dois vivre avec mon agresseur tout les jours parce qu'il habite avec moi. Je n'ai pas le choix. Je suis constamment dans la peur. J'ai peur qu'il recommence à chaque instant. J'ai peur quand il est derrière moi, j'ai peur de mettre des vêtements courts ou un maillot de bain quand il est à proximité. Je n'ai pas forcément très envie de révéler de qui il s'agit parce que c'est difficile à dire. C'est difficile de reparler de tout ça des années après. Même si à l'heure d'aujourd'hui j'ai seize ans, j'ai toujours l'impression que ça s'est passé il y a deux jours. Je ne pourrais jamais oublier, il a détruit ma vie. « Pourquoi est-ce que tu n'as pas porter plainte ? » Me demanderiez vous. Tout simplement parce que je n'avais pas de preuve et j'étais mineure. Mes parents ne m'ont pas cru, impossible qu'ils m'accompagnent. J'ai dû rester dans le silence pendant quatres ans et faire comme-ci rien n'était arrivé. C'était dûr ; je suis une victime mais durant longtemps je n'ai pas voulu l'admettre.
Si je raconte cette histoire aujourd'hui, c'est pour montrer à toutes les femmes qui ont étés victimes de violences semblable qu'elles ne sont pas seules. Également parce que je ne veux plus me cacher et que je veux dénoncer. Non, la tenue n'a aucun rapport avec les agressions sexuelles ou le viol. Aucune vêtement n'est provocateur ou vulgaire. Nous sommes libres de nous vêtir comme nous en avons envie et ce n'est une invitation à quoi que ce soit. Ce n'est pas parce qu'on a des formes que nous avons cherché ce qui nous est arrivé. Avoir de fortes hanches, une poitrine voyante, des fesses prononcées fait parti de nous. C'est notre corps, il est fait ainsi parce Nous avons étés créées comme ça et pas autrement. Nous ne sommes pas des objets sexuels ni des morceaux de viande qu'on doit chercher et dont on peut profiter ensuite. Nous sommes des humains ; nous sommes des êtres à part entière. Nous méritons mieux que de vivre dans ce monde de merde où des fous pensent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent et profiter de nous.
Je pensais que les traumatismes pouvaient partir avec le temps mais finalement pas vraiment. Ça reste en moi et j'y pense. Ça reste et malheureusement ça ne s'oublie pas. Tout demeure enfui quelque part jusqu'à la fin de notre vie et on ne peut pas l'effacer parce que ça s'est passé. Nous avons tous vécu des choses qui sont gravées en nous et que nous sommes incapables de supprimer. Même si on essaye et qu'on le veut plus que tout au monde, c'est impossible. Mais vous devriez savoir une chose ; ne vous laissez pas abattre par ce que vous avez pu vivre auparavant. Vous devez être fort et savoir passer au dessus un jour ou l'autre même si c'est dur. Il le faut pour pouvoir avancer. Il le faut pour survivre. Malheureusement notre mémoire n'est pas comme Instagram. Un souvenir traumatisant ou non, n'est pas une publication que nous pouvons supprimer quand on le souhaite. Si seulement cela pourrait être comme ça. Mais ce n'est pas le cas, un souvenir s'installe un jour et reste à tout jamais. Nous sommes son habitation et il ne déménagera pas. Il ne peux pas aller voir ailleurs car malgré tout, il nous appartient.
Aujourd'hui, un grand nombre de femmes et d'hommes ont déjà étés victimes d'agressions ou d'attouchements sexuelles. On dirait que c'est comme une norme, que c'est normal alors que pas du tout. Comment ce fait t-il que nous somme si nombreux ? Les gens deviennent de plus en plus fous ? Ils vont mal ? Ou alors Ils sont juste en manque de sexe ? Je me le demande. Dans quel monde vit-on ? Comment au fur et à mesure des années tout à pu s'empirer à ce point ? Que faut t-il que nous fassions pour qu'on nous laisse tranquille ? Ne plus sortir de chez nous ? Ne plus côtoyer qui que ce soit ? Jusqu'où va t-on devoir aller ?
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Je suis désolée
Teen Fiction« Je ne veux pas mourrir mais avoir l'impression de l'être. Je dis tout le temps avoir besoin de quelqu'un pour vivre et avancer ; c'est vrai mais la personne dont j'ai aussi besoin le plus c'est moi. » En cours d'écriture.