Chapitre 8

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Grande nouvelle, Alicia a un nouveau mec! elle me l'a annoncé hier soir. Un dénommé Jeff, architecte et grand fan de foot. Oui, pourquoi pas. Elle a organisé un lunch dimanche pour que je puisse faire sa connaissance. En tout cas, je connais ma cousine et quand elle parle de ce Jeff, ces yeux bleues brillent. Elle doit avoir des papillons dans le ventre, la cousine. Je suis contente pour elle.

On est mercredi aujourd'hui et j'ai coaching avec Elisabeth et Brian ce matin à la patinoire. On va revoir ces détails niveau choré et enchainements techniques. J'ai de la chance de travailler avec cette paire incroyable d'entraineurs. Ce sont d'anciens patineurs en couples qui ont décidé de créer leur propre centre d'entrainement dans la banlieue de Montréal. Je me suis d'ailleurs expatriée à moitié pour pouvoir collaborer avec eux. J'utilise le verbe "collaborer" car c'est le cas. Ils sont à l'écoute, ouverts d'esprit, ne cherchent pas à imposer mais à proposer des idées afin de pour atteindre des objectifs et évoluer dans ce milieu sportif. Je les aime énormément. Cela fait maintenant 5 ans qu'on travaille ensemble.  On se retrouve régulièrement au Canada et à Oberstdorf en Allemagne. Ils vont tellement me manquer.

- Lauren, si tu n'arrives pas à modifier ton appuis pour entamer ta série de pas ... tu vas galérer et esthétiquement ça ne marche pas! Tu ressembles à un pingouin sur la banquise. me crie Brian depuis l'autre bout de la patinoire.

Evidemment que cela ne vas pas, j'en ai bien conscience. Je me relève en essuyant la glace collée à mon collant. Je souffle un bon coup et attaque à nouveau ce fameux mouvement. Avec concentration, je m'exécute, quart intérieur, genou fléchi avec le bon angle d'attaque, épaules et hanches dans le bon axe pour faire mon saut. Réussi. Je recommence une fois, puis deux. Au final, j'arrive à refaire le tout une bonne dizaine de fois. Yes yes yes, I did it! 

Brian jubile aussi. Il est tout excité comme si c'était lui qui l'avait fait. Il transpire aussi mais comment est-ce possible ? il ne bouge pas. Il est appuyé à la balustrade et me prodigue ces infos et conseils. Je reviens vers lui en le fixant et en rigolant.

- Quoi ? pourquoi tu rigoles Lauren ? tu as les nerfs qui lâchent ?

- Mais pas du tout. Je me demande comment tu fais pour transpirer alors que tu bouges pas d'un centimètre. Tu as l'air exténué.

Il me fait de gros yeux et éclate de rire. Moi aussi d'ailleurs.

- Bon je crois que c'est bon pour aujourd'hui. De toute façon on doit laisser la glace pour les suivants. Tu as bien bossé Lauren. Bravo ma grande!

- Merci coach. On se voit vendredi matin avec Elisabeth ?

- Et comment. On a même une idée à te soumettre. Faudra qu'on regarde tout cela ensemble. Je fonce car Elisabeth m'attend pour ... Bref, j'y vais. Bye Lauren. 

-  A vendredi. Bye Brian.

Je lui plante un bisous sur la joue en guise d'au revoir puis ramasse mes protèges lames et mon sac. En direction du vestiaire, je croise un groupe de 6 jeunes patineuses et leur souris. Les discussions s'arrêtent et tout ce petit monde se séparent en deux, comme la mer devant Moïse pour me laisser passer. J'entends des chuchotements derrière mon dos et des gloussements. Je me  retourne vers ces demoiselles avec un large sourire.

- Bonjour tout le monde. Prêtes pour cette séance de glace ? qui est votre coach?

Elles se regardent et sont toutes étonnées que je leur parle. Une d'entre elles prend la parole :

- Heu bonjour Lauren. Oui oui on est prêtes. C'est Mme Isabelle la coach de notre groupe.

- Ha oui je vois de qui vous parler. Elle est rousse avec les cheveux court et elle rugit comme un dragon. C'est ça ?

Elles éclatent de rire et ma description leur permet de détendre l'atmosphère. On papote deux minutes sur les mondiaux qui arrivent. Elles me demandent aussi une photo. J'accepte avec plaisir et on prend la pause au beau milieu du couloir de la patinoire.

- Allez les filles, faut y aller car le dragon va rugir! bye bye et à bientôt.

- Salut Lauren disent les filles en cœur en s'éloignant.

J'aime les jeunes, le feeling passe bien avec eux. Je me revois à leur âge, des rêves plein la tête et faisant de mon mieux pour les réaliser. Que de travail et de sacrifices. Se lever aux aurores, aller aux entrainements par tous les temps, l'école, les études, les compétitions. Tout ceci pour pouvoir faire ce que à quoi on aspire : réaliser ses rêves.

"Lauren arrête de philosopher" dit ma petite voix. Je ressort de la patinoire et décide sur un coup de tête de faire un peu de shopping. Peut-être que Alicia est dispo ? je tente ma chance en l'appelant.

- Salut ma belle. Tu es libre pour une virée shopping ? je débite ma question dès qu'elle décroche.

- Heu bonjour. Une voix masculine me répond. Tu es Lauren ?

- Bha oui. Tu es? c'est bien le téléphone d'Alicia?

- Oui oui, pardon. Je suis Jeff. Alicia m'a tendu le téléphone et m'a dit de répondre. J'ai rien compris et je l'ai fait direct.

J'entends mon Alicia qui rigole si fort derrière que cela me fait sourire aussi. J'imagine aussi la tête de ce fameux Jeff rougissant.

- Je suis enchantée de t'entendre  et aussi de faire bientôt ta connaissance. En attendant tu peux me passe la blonde qui va s'étouffer de rire stp?

- Bien sûr. Je suis aussi ravi de te voir dimanche. Bye.

Jeff doit donner le téléphone à ma blonde cousine et j'entends vaguement des gloussements. Et au bout de quelques secondes :

- Allo Lauren!  excuse mais je voulais te faire une blague. Tu vas bien?

- Très drôle ma belle. Tu penses pouvoir me consacrer un moment aujourd'hui pour du shopping ? ou je te laisse vaquer à tes galipettes avec Jeff ?

- Shopping, tu as dis le mot magique. On se retrouve au centre St. Enoch comme d'habitude. Je m'habille en vitesse et j'arrive.

- Ok. A toute.

Je raccroche et secoue la tête. Sacrée Alicia. "Je m'habille et j'arrive". Il est 13h ... Ai-je interrompu une partie de jambes en l'air? Je pense que je vais entendre du Jeff par ci, Jeff par là tout l'après-midi.

Le centre ville est un chantier à ciel ouvert, des travaux partout. C'est l'enfer pour circuler. Je croise les doigts pour trouver facilement une place dans le grand parking du centre commercial.

Un petit moment plus tard, Alicia m'envoie un message "coucou, je suis en route. Tom me dépose. Devant H&M 30 min". Qui dit 30 minutes pour Alicia équivaut à 45 minutes pour le reste du monde. J'ai une marge de manœuvre et décide d'aller chez Zara. Il me faut deux ou trois choses "classe". Pantalons, chemisiers, blazer aussi. Je passe ma vie en tenues décontractées ou avec des vêtements de sport. Faut que je m'améliore. Question jeans et sweet, j'ai du stock. Il est hors de question que j'achète ce genre d'article.

Et puis, il me faut quelque chose pour le gala réservé aux patineurs. Généralement, c'est tenue de cocktail. J'ai bien deux robes mais je les ai mises et remises. Je vais demander conseille à Alicia mais c'est certain que je ne vais pas mettre du rose bonbon. Moi et les couleurs vives ... c'est pour la glace, pas dans ma vraie vie. Mon light motif : Sobriété.

Après une recherche minutieuse dans le rayon pantalons chez Zara, je ressorts du magasins avec deux pièces. Un beige et un noir de coupe classique . Il reste des chemisiers à trouver. Je n'ai pas eu de coup de cœur dans la boutique. Avec un peu de chance, je trouverais mon bonheur ailleurs.

Mon téléphone sonne. Mince c'est Alicia. Je décroche et j'entends

- T'es ou Lauren? je poirote depuis 10 minutes devant l'entrée du H&M.

- Mais j'arrive. Je marche dans ta direction. Commence le repérage de chemisiers pour moi stp. Suis en route. Merciiiiiiii.

Et je raccroche sans laisser le temps à Mlle Alicia d'en placer une. Pour une fois que je suis en retard, elle va pas me faire la gueule quand même.

Ma victoire en EcosseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant