Chapitre 19

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Mon estomac crie famine, je propose à Sam de manger quelque chose. Il me fait non de la tête et me réponds :
- j'ai abusé de ton temps et vais rentrer. Merci Lauren. Mais si tu veux, on peut manger quelque chose demain après l'entraînement. Qu'en penses-tu?
- oui pourquoi pas.
Je le raccompagne à la porte. Il se penche et me donne un bisou sur la joue.
- bonne soirée Lauren et à demain.
J'arrive même pas à articuler quelque chose mais lui rend son sourire.
Je ressemble au bonhomme de neige qui fond au soleil.
Assise sur la première marche de l'escalier, Gustave est en face de moi et semble attendre quelque chose.
- Gus ça va pas. T'imagine ce qui m'arrive ? T'en penses quoi de tout ça ?
« Ma vieille, tu débloques. Tu parles à un chat!» me dit ma petite voix.
Gustave miaule, me fixe de ses yeux jaunes et part en me tournant le dos en direction de la cuisine.
- merci pour ton soutien et ton écoute ! Espèce d'estomac sur patte.
D'ailleurs le mieux gronde à nouveau. Que puis-je bien manger ?
Après une bonne nuit, je me retrouve de nouveau à la patinoire de très bonne heure. Comme dit le proverbe : l'Avenir appartient à celui qui se lève tôt. C'est le cas pour moi. Je suis motivée et très impatiente d'être à cet après-midi.

Brian est satisfait des entraînements, Elizabeth a également validé les adaptations chorégraphiques. J'ai même leur accord pour lever le pied jusqu'à samedi. 3 jours de congé. Quelle chance !

Ayant du temps libre, je décide d'aller voir l'usine. L'accès ne se fait qu'un passant un immense portail fermé avec des chaînes. Un mur d'enceinte fait le tour ainsi que des barrières. Je reste plantée devant l'entrée principale. C'est en voyant l'immense bâtiment comprenant 2 étages ainsi que l'atelier de production et l'annexe de stockage que je me rend compte de la surface. Il est clair qu'on peut aisément mettre une patinoire dont les dimensions sont 60 x 30 mètres. Selon les plans, il y a également un sous-sol permettant de mettre l'équipement de refroidissement de la glace. Il faudra que je questionne Mr George à ce sujet.
Je regarde autour de l'usine qui fait un peu tache dans le quartier. Des petits immeubles modernes se sont construits récemment tout autour. Des maisons modernes sont aussi présentes. Je suis étonnée que la ville ait accepté le plan de réhabilitation mais étant donné que le projet solide avec des soutiens financiers à buts sociaux, sportifs et éducatifs, tout est possible. Il va falloir finaliser les plans pour avoir les derniers accords de rénovation. Cela représente énormément de travaux et de paperasseries.

J'arrive à l'heure à la salle. La voiture de Sam est déjà sur le parking. Je fonce et le retrouve à l'accueil. Il est en grande conversation avec Giuseppe, le patron. Il me voit en premier et crie presque :
- elle est la ! Bon giorno Bella. Comment vas-tu ?
- molto bene et te ?
S'en suit quelques phrases en italien entre nous.
Sam me regarde étonné.
- tu parles l'italien ?
- un petit peu, je me débrouille pour des phrases usuelles. C'est une langue latine tout comme le français. C'est facile de l'apprendre pour moi.
Giuseppe confirme et essaye de me parler en français. Certes avec des fautes mais c'est pas mal.
- donc, tu parles le français, l'italien et l'anglais. J'aimerais aussi pouvoir le faire.
- c'est bien d'assimiler l'apprentissage d'une langue depuis l'enfance. Mon père me parlait toujours en français.
Ne voulant pas m'attarder sur des souvenirs d'enfance, je change de sujet et lui propose d'y aller.
Changée, je retrouve mon beau Sam qui commence son échauffement sur un tapis de course. J'opte pour un vélo. Giuseppe nous rejoint et nous propose une séance cross fit. Les muscles vont chauffer !
On est au deux tiers de la cession et je sens mon pied me lancer. Une douleur s'intensifie au niveau des extenseurs sur le dessus du pied. Zut, zut et re zut. Pas maintenant, je ne peux pas me le permettre.
Je grimace de douleurs et stoppe net mes exercices. Prétextant une petite pause pour m'hydrater, je vais m'asseoir sur un banc. Sam me rejoins quelques minutes plus tard et me lance :
- alors déjà fatiguée ? C'est pas sérieux Mademoiselle.
- pff même pas. J'avais soif.
Inspirant profondément, je tente de me lever et de retourner à ma machine de musculation sans boiter. Ma petite voix crie « aïe aïe aïe ». Dents serrées, je termine tant bien que mal les exercices sans rien paraître.
Après une bonne douche et un bandage scratch au pied, je retrouve Sam sur parking. Me dirigeant vers lui, j'essaye de marche normalement mais mon pied me fait vraiment mal. Sam me regarde arriver.
- tout va bien ? Tu es blanche comme de la craie.
- oui oui ça va. Certainement un peu de fatigue. Je me suis levée de bonne heure.
Pour changer de sujet, j'enchaîne en lui demandant:
- alors tu as faim ? Il est 18 heures. On pourrait grignoter un morceau.
Sam éclate de rire et rétorque:
- tu as raison, il ne faut surtout pas se laisser aller. Tu proposes quoi ?
Hmm bonne question. Je réfléchis à toute vitesse et allait lui répondre quand j'aperçus quelqu'un nous prendre en photo. Un paparazzi !
Non mais c'est pas vrai. Sam se tourne et lâche un juron. Je reste immobile, trop surprise par cette intrusion. Finalement, Sam me dit:
- prends ta voiture et rentre chez toi. Je vais aussi partir de mon côté. Il ne va pas pouvoir nous suivre tous les deux. Il a eu sa photo donc ça devrait lui suffire. Si t'es ok, je passe chez toi d'ici un moment.
Je hoche la tête et lui lance un petit OK. On évite tous les deux de regarder dans la direction du photographe et chacun retourne à sa voiture. Sam démarre en premier. J'attends quelques minutes, faisant semblant de consulter mon téléphone. Vérifiant tout autour de moi, je ne vois plus personne. Pendant le trajet de retour, je regarde dans le rétroviseur mais rien. Ma petite voix me dit « tu deviens parano ma vieille ».
Les paroles de Sam me reviennent en mémoire mais c'est surtout le ton de sa voix qui m'a surpris. Un mélange de tristesse et de colère.

En fermant le portail, je vérifie encore une fois derrière moi mais il n'y a personne. Je fonce, pardon rectification, je marche comme je peux avec mon pied douloureux et rentre chez moi.
- Gustave ! Qu'est-ce que tu as fait ?
Je suis témoin d'une scène de crime. Des plumes sont répandues sur le sol et il y a des minuscules gouttes de sang. Oh non ! Gustave...
Pauvre titi, il a croisé gros minet. Je ramasse ce que je peux mais ne retrouve pas le corps de la pauvre victime. Seul le potentiel tueur trône sur le canapé et semble parfaitement indifférent à mes remarques et mes leçons de moral.
J'ai mal à mon pied et j'ai faim. La tête penchée dans le réfrigérateur en mode expédition de survie, je sors de quoi me faire un bon sandwich. Mordant à pleines dents dans le pain, j'entends mon téléphone sonner avec insistance. Zut c'était Sam. Je le rappelle aussi tôt et il décroche au bout de deux sonneries:
- salut! Tu es rentrée?
- hello, oui je suis au milieu de ma cuisine et en pleine réflexion.
- pardon ? Et pourquoi? Je l'imagine sourire à l'autre bout du combiné.
- pour le repas. J'hésite.
- veux-tu que j'apporte quelque chose ? Italien, chinois, indien ?
- non, non. C'est bon.
- ok alors j'apporte du vin. A toute.
Parfait, cela me laisse un moment pour préparer quelque chose de mangeable. Fille de cuisinier, j'ai toujours aimé me retrouver devant les fourneaux. Papa cuisinait et me faisait participer. J'adorais ces petits moments complices.
Ce soir, ce sera des lasagnes aux légumes et viande hachée. Cela nécessite une préparation mais ça cuit tout seul au four. Je lance une ratatouille avec des tomates-courgettes-aubergines et poivrons. Et fait revenir ma viande hachée avec des oignons et plein d'épices.  La radio diffuse de la musique et je fredonne les paroles de la chanson Relax de Mika. Tout va bien, je gère en cuisine. Gustave est la aussi attendant patiemment sa pâtée.
- rho toi, tu peux toujours attendre. Tu dois avoir encore titi dans ton ventre.
Sermonnant le chat, la sonnette de la porte d'entrée retentit. Déjà ?!

Ma victoire en EcosseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant