Chapitre 23

31 6 0
                                    

- c'est vraiment délicieux. Je ne connaissais pas ce restaurant.
Je suis contente de mon coup. Il avait proposé deux adresses pour notre repas de ce soir mais j'ai eu l'idée de venir ici. L'Escargot bleu est de loin LE restaurant français d'Edinburgh. Une cuisine traditionnelle mais gastronomique.
J'ai été affreusement gênée lorsque nous sommes arrivés et avons dû traverser la salle du restaurant. Des murmures se sont faits entendre et beaucoup de regards ont convergé vers nous. C'était pour Sam à ne pas en douter. La serveuse n'avait d'yeux que pour lui et j'ai eu la nette impression d'être de trop. Encore une fan à n'en pas douter.

- Je dois devenir phobique à cause de toi Sam !
S'arrêtant de manger, il me regarde avec de grands yeux interrogateurs.
- peux-tu développer stp ?
- oui oui, j'ai l'impression d'être surveillée. C'est dingue quand même. Comment fais-tu ?
- je fais rien, je mange c'est tout. J'ai droit à une vie privée et c'est le revers de la médaille de la célébrité. Et puis ces gens ne regardent pas que moi. Toi aussi ma belle.
- heu cela m'étonnerais beaucoup.
- détrompe toi. Tu es connue, ton portait est affiché sur les panneaux publicitaires du prochain championnat qui commence lundi ici même. Même si on est pas des fans de patinage, nous autres écossais sommes fiers des nos représentants. Et tu en fais partie.
- je peux te dire la même chose alors !
- si tu veux. Trinquons.
- à quoi ? à qui ?
- Juste à nous et à cette belle soirée.

Il se faisait tard et le brouillard est tombé sur la ville. D'un bon pas, nous nous sommes dépêchés de rentrer à l'hôtel afin de profiter de cette fin de soirée en toute intimité.

Habituée à me lever très tôt, je n'arrive pas à dormir longtemps et faire la grasse matinée est un luxe que je ne connais pas. Mon téléphone indique 6:30 - "c'est pas possible - Lauren profite, relaxe toi et arrête de cogiter" me lance ma petite voix intérieure. Je me rends bien compte de la chance que j'ai mais impossible. De peur de réveiller mon « Jamie » qui dort à point fermé, je me lève sans faire de bruit et enfile une tenue de sport, lace mes baskets et sort discrètement de la chambre. Il y a une salle de fitness au sous-sol de l'hôtel, cela sera parfait pour moi et mon insomnie. Je vais courir ten maudissant ce problème récurrent de sommeil.

Evidemment, personne à cette heure-ci et c'est tant mieux. Je me défoule sur le tapis de course en écoutant de la musique. Je repasse en boucle les morceaux de musique de mes deux programmes en visualisant mes mouvements. Je profite de l'espace de la salle et surtout qu'il n'y aie personne pour entrainer des rotations de saut. Chose que l'on fait régulièrement lors des échauffements dans les coulisses de la patinoire. Heureusement pour moi, les douleurs à mon pied ne se sont pas réveillées, preuve qu'un peu de repos était nécessaire.  Le temps passe vite et je constate que cela fait plus de 1 heure 30 que je suis ici. Il est presque 8 heures et je pense qu'un petit déjeuner ainsi qu'une douche seraient les bienvenus. Je passe donc à la réception pour commander un plateau de petit-déjeuner et monte dans la chambre.

Sam est réveillé et regarde son téléphone.

- Salut toi ! j'ai faillit envoyer la colonne de secours à ta recherche. Vu la tenue que tu portes, j'en déduit que tu étais en pleine séance de sport.

- Bien le bonjour lui répondis-je avec un sourire. Oui effectivement, j'ai d'abord hésité à aller faire un footing mais j'ai été au plus simple, c'est-à-dire au sous-sol de l'hôtel. Au fait, j'ai commandé un petit-déjeuner, il va être apporté d'ici quelques minutes. Pendant ce temps, je file sous la douche.

- D'accord mais tu n'oublies pas quelques chose ?

- Et quoi donc je te prie ? je le regarde bêtement au pied du lit.

Sam rigole et me fait signe de la main de m'approcher. Contournant le lit je me plante vers lui toujours intriguée. Tel un joueur de rugby, il m'attrape par la jambe et me tire vers lui. J'atterris contre lui de tout mon poids. S'en suit un roulé-boulé à qui dominera l'autre. Malheureusement je n'en sort pas gagnante et Sam m'écrase de tout son poids. On rigole bêtement comme deux gamins.

- Ok je capitule. Puis-je aller me doucher ? je lui plante un bisous et me glisse hors du lit telle une anguille en ricanant.

Après un bon petit-déjeuner, on décide d'aller flâner au centre-ville et de profiter de cette belle journée. Connaissant tous les deux la ville, on se dirige vers la cathédrale Saint-Gilles qui m'impressionne à chaque fois. Puis nous passons à Royal Mals et la fameuse rue Cockburn Street. J'adore cette rue victorienne, j'ai toujours l'impression de remonter le temps et de voir des dames en robes d'époque et des calèches. Sam me demande si l'on peut faire un détour par the Scotsch Whisky Experience.

- Vois-tu, je m'intéresse à la distillerie du Whisky et j'aimerais prendre quelques informations à ce sujet. Il y a également un shop très bien fourni. Cela ne t'embête pas ?

- Pourquoi pas, je n'y suis jamais allée. Mais j'ai aussi une requête à te faire. Vu qu'on est sur High Street, j'aimerais bien aller voir le Mary King's Close. Cet endroit m'a toujours fichu la trouille et j'ai jamais été dedans. Tu es d'accord ?

- Pourquoi donc veux tu y aller si tu as peur ? je veux bien t'accompagner si tu en as vraiment envie. Quoi qu'il va y avoir passablement de touristes. Alors ?

- On y va ! tu es avec moi donc même le fantôme de Jamie Fraser ne pourra pas venir nous narguer.

- Hmm il doit y avoir d'autres fantômes. Je suis pas superstitieux mais je ne joue pas avec le paranormal. Nous sommes en Ecosse et c'est le pays des esprits, des fées et autres superstitions.

Cet endroit est chargé d'histoire, de pauvreté, de misère et de morts. J'ai des frissons en parcourant le dédale des ruelles souterraines datant du 17ème siècle. Après plus d'une heure, nous retrouvons la lumière du jour et la vie urbaine du 21ème siècle.

- Et bien, je ne vais plus me plaindre de notre vie trépidante. A choisir on est bien mieux à notre époque.

Sam me regarde et me demande :

- Tu n'as pas l'air trop traumatisée, mais tu serrais tellement fort ma main que j'ai des doutes.
Je rigole en m'appuyant sur son bras lorsqu'un flash attire mon attention. Il s'agit d'une femme qui nous prend en photo. Elle parle à son amie et elles foncent sur nous comme deux aigles sur leurs proies.
Elles parlent pas bien l'anglais et essayent de demander à Sam un selfie. Je m'écarte pour contempler la scène, un brin amusée par le regard résigné de Sam.
Je le laisse gérer ses fans et avance de quelques mètres. Mon téléphone sonne au même moment, c'est Helen qui vient aux nouvelles.
- bonjour ma pupuce. Comment vas-tu? Tu es toujours à Edinburgh?
- salut grand-mère. Oui je fais un peu de tourisme. Tu es à la maison ?
- oui et Gus me fait la tête. Il m'apprécie pas de rester seul.
Je souris en imaginant ce gros tas de poils aux yeux jaunes.
- cela va lui passer. Alicia est passée ce matin pour lui donner à manger, elle m'a écrit un message.
- tu rentres en fin d'après-midi ? Ou demain ?
- je sais pas encore, pour le moment je suis en plein centre ville et j'ai encore des choses à faire. Je te redis plus tard. Bisous.
Je ne vais pas raconter à ma grand-mère toute ma vie privée mais j'ai la nette impression que Alicia a craché des infos. Je mettrais ma main à couper. Sacrée Alicia.
Sam me rejoint à grandes enjambées et m'attrape la main en me tirant presque.
- serais tu en train de fuir ?
Sam ronchonne dans sa barbe et c'est après un coup d'œil en arrière qu'il se détend un peu.
- je te jure, je suis sympa d'habitude avec les fans mais c'était deux pots de colle. Et tu sais pas la meilleure, une des bonnes femmes m'a foutu la main aux fesses.
Je m'arrête de marcher et le regarde :
- t'es sérieux?!
Vu le regard qu'il me lance, je pense bien que oui. J'éclate d'un fou rire incontrôlable, pliée en deux. J'en peux plus. Le visage de Sam est décomposé et il est évident qu'il lutte en son fort intérieur pour rester sérieux. Chose qui fait que redoubler mon fou rire.
- Lauren stp arrête, c'est pas drôle !
- si tu voyais ta tête, c'est ça qui me fait rire.
Oh boy. J'ai mal au ventre. C'est rare que je me lâche comme ça. J'ai même des larmes qui coulent sur mes joues.
Des personnes passent sur le trottoir et me regardent bizarrement. Ils doivent certainement voir une folle en pleine décompression d'hystérie. Je reprends mon sérieux avec peine.
- ça va mieux on peut y aller ? Me demande Sam.
Je glousse encore sur une centaine de mètres avant de stopper net en voyant mon visage sur un écran géant annonçant le championnat. Merde alors !
- alors ça fait quoi d'être en haut de l'affiche ma belle ? Tu rigoles plus on dirait.
Sam me fixe et sent bien que je suis choquée. Je m'y attendais pas. C'est immense ce truc.
- viens stp. J'ai pas besoin de me voir en grand. Cela me donne un stress supplémentaire.
Maintenant c'est moi qui tire Sam jusqu'à cette fameuse maison du Whisky. Finalement j'ai bien aimé cet endroit et appris beaucoup de chose sur la distillerie. On a même pu avoir une dégustation privée.

SLÀINTE MHATH! (Santé)

Ma victoire en EcosseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant