Une odeur de café et de toast parfume le rez-de-chaussée de la maison. J'arrive à point nommé pour prendre mon breakfast avec ma grand-mère. Je me sens beaucoup mieux après des heures de sommeil et une bonne douche. On discute de différentes choses.
- Lauren, il faut que je te dise que ...
mais la sonnerie de mon téléphone sonne dans ma poche et l'empêche de poursuivre. Encore le même numéro que hier. Bon cette fois, je décroche.
- Lauren Martin ? bonsoir, heu bonjour.
- Oui je suis bien Lauren. Bonjour. Qui êtes-vous?
- Je suis Mr. Edward Shor du cabinet d'avocats Shor et associés de New York. J'essaye de vous contacter afin de discuter d'un dossier important. Je dois absolument traiter ceci avec vous.
- Excusez-moi mais je ne comprends pas le but précis de votre appel. De quoi il s'agit au fait et qui vous a donné mon numéro?
- Hmm et bien pour commencer, c'est votre grand-mère qui m'a donné vos coordonnées. Son nom était mentionné dans mes papiers et j'ai trouvé facilement son numéro de téléphone. On a discuté ensemble hier matin. Comme j'essaye de vous l'expliquer, je suis l'avocat de Mr. Robert Benoit, le grand chef cuisinier. Et je dois vous annoncé une triste nouvelle. Il est décédé en début de semaine d'une crise cardiaque. Votre nom figure sur son testament.
- Quoi? Robert est mort ? je ne suis pas au courant, vous me l'apprenez. Mais pourquoi moi? je sais qu'il était associé avec mon père pour les restaurants de Londres et d'Edimbourg mais ça date puisque cela fait 20 ans que mon père est décédé. Et puis, il a de la famille non ? une épouse et un fils.
- Oui effectivement, c'est bien juste. Toutefois, il a bien fait mention de votre nom dans son testament et vous a légué une part d'héritage. Vous avez reçu mon mail ?
Je suis sous le choc de cette annonce. Robert a toujours pris de mes nouvelles et m'envoyais toujours un cadeau pour mon anniversaire. Il tenait le rôle de tonton/parrain. On se voyait pas souvent car il était un chef réputé et avait ouvert divers restaurants étoilés à Londres, Paris, Rome et New-York. Je sais par l'intermédiaire de ma grand-mère qu'il m'avait soutenue financièrement pour que je puisse aller faire des stages d'entrainement en Allemagne et à Montréal.
- Heu je sais pas ! répondis-je hésitante et sous le choc. Je rentre de l'étranger. Hier j'étais encore dans l'avion en provenance de Tokyo. Attendez je regarde ma boîte de réception.
Les mains toutes tremblantes, je mets en pause l'appel et ouvre mes mails. Une longue liste de messages non lus apparaissent. Pff plus de 50 .. et oui, il y a bien un mails de Shor. Oh my God ! Je lis à toute vitesse les quelques lignes qui apparaissent dans ce message.
Grand-mère Helen me regarde et je vois dans ces yeux beaucoup de tristesse. C'est donc ça qu'elle voulait me dire. Je respire un bon coup, et reprends l'appel.
- Vous êtes toujours en ligne Mr. Shor? alors oui j'ai bien reçu votre message. Je suis peinée par cette nouvelle. Que ce passe-t-il maintenant?
- Et bien Mlle Martin, je vais vous faire parvenir par Fedex les documents nécessaires à l'exécution du testament que vous devrez signer afin d'entériner votre part d'héritage. Je vous fais suivre tout ceci au plus vite et on se recontacte quand vous les aurez lu. N'hésitez pas à contacter mon cabinet si vous avez des questions.
- OK très bien. Merci pour votre appel et au revoir Mr. Shor.
- A bientôt Mlle Martin.
Pleins de souvenirs d'enfance dans le restaurant de mon père remontent à la surface et je reste assise quelques minutes à regarder mon téléphone éteint posé sur la table. Finalement je lève les yeux et rencontre ceux de mammy Helen. Elle pose sa main sur la mienne et ne dis rien. Son geste est rassurant et plein d'empathie.
- Je suis navrée Lauren. Je voulais te le dire hier mais tu étais si fatiguée et puis ce fichu téléphone m'a coupée dans mon élan.
- C'est un choc d'apprendre le décès comme ça.
Un silence s'installe dans la cuisine. Je finis mon café et soupire. Ma journée avait si bien commencée. Je me lève, range ma tasse dans le lave-vaisselle et viens planter un bisous à Helen. Je vais enfiler une tenue de running et crie de puis la porte d'entrée :
- Grand-maman ! je vais courir un peu. Je reviens dans une petite heure. J'ai mon téléphone avec moi.
- D'accord ma pupuce. Sois prudente et fait attention il y a énormément de travaux en directement de Kelvingrove Park.
- Merci pour l'info. Mais je vais longer la rivière. A toute.
Je mets mes écouteurs et sélectionne une playliste. Un peu de stretching et let's go. Courir me fait toujours un bien fou. J'attaque mon circuit habituel en passant vers les jardins botaniques puis en longeant la rivière Kelvin jusqu'au Kelvingrove Park.
Mon esprit est ailleurs et je suis focalisée sur l'appel de Mr. Shor. Pourquoi Robert Benoit, ancien associé de mon père m'aurait légué une somme ? Je l'ai vu l'année dernière dans son restaurant de New York. J'étais justement là-bas pour une tournée de patinage. On avait passé une très bonne soirée. Il avait cuisiné pour moi dans son restaurant et on avait fait honneur à son risotto au homard et à la truffe blanche d'Alba. Sans oublié la très bonne bouteille de vin rouge italien qu'on avait sifflé tous les deux en discutant de tout et de rien en refaisant le monde. On était pompette tous les deux. J'avais eu un sacré mal de tête le lendemain matin.
Un arrêt cardiaque à 57 ans. Merde! Je pense à son épouse et à son fils qui a deux ans de plus que moi. Je me souviens de lui comme un garçon timide avec de grosses lunettes. Mais j'ai jamais gardé de contact avec lui après le décès de mes parents. J'étais partie vivre chez Helen à l'autre bout de la ville et changé d'école aussi. A l'époque, ma tante Emily, la maman de Alicia était mariée à un australien et vivait dans la banlieue de Sydney. Seule ma grand-mère pouvait me prendre. Tante Emily et Alicia sont revenues au pays 3 ans plus tard.
Robert Benoit avait quitté Glasgow pour Londres peu de temps après la mort de mon père. Le restaurant avait continué à être un établissement réputé à Glasgow grâce à Robert et la brigade. Il venait régulièrement en Ecosse pour manager les 2 établissements et avait réussi à faire prospérer l'affaire. Finalement, Robert avait décidé d'axer sa cuisine uniquement à Londres et avait revendu les restaurants écossais.
Toujours dans mes pensées, je ne me suis même pas aperçue que j'arrivais à mon point de départ. 48 minutes de course, c'est parfait. Devant la grille d'entrée, je fais encore quelques étirements et pousse la porte.
- Me voici ! Grand-mère ?
- Je suis en haut, je te fais ta lessive.
- Mais je peux m'en charger. J'ai le reste de la journée pour moi. Répondis-je en montant les escaliers pour la rejoindre dans ma chambre.
- Tsss tsss c'est bon. Profite car je ne serais pas ou plus la pour faire cela à ta place encore longtemps.
- Mais arrête mammy. Ta santé va bien - tu pètes la forme pour une belle lady de .... faut que je me taise ? Quel regard assassin. Rigole un peu. Je n'ai pas articulé le chiffre à haute voix. Je sais que tu es susceptible par rapport à cela. si tu veux, je fais le compte à rebours à l'envers. Tu verras d'ici quelques années on sera sœurs jumelles.
Je rigole un bon coup en me dirigeant vers la salle de bain et je l'entends ronchonner dans mon dos.
Finalement, je prend du temps pour me mettre à jour dans mes mails, messages, téléphone. Tout mon après-midi a été focalisé sur des tâches administratives et c'est seulement vers 17h que je me pose au salon devant le poêle ou un bon feu crépite et réchauffe l'atmosphère du salon. Bientôt le printemps mais surtout bientôt les mondiaux. Encore 20 jours et cela sera le clap de fin.
- Tu es bien songeuse Lauren constate mammy Helen en posant son livre. Je parie que tu stresses pour le patinage et pour les mondiaux. Ne t'inquiète pas ma chérie.
Je la regarde sans lui répondre et prends un magazine people pour passer le temps. Mais non ... encore ce regard gris-bleu. Une magnifique photo publicitaire est en dernière page pour une marque de vêtement pour hommes. Cette photo a été prise en Ecosse vu le paysage et Il porte un pantalon brun et un pull en laine. Un chien est assis à ces pieds. Je soupire et ouvre le magazine.
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Ma victoire en Ecosse
RomanceEntraînements aux aurores, chutes, blessures, compétitions, voyages ... tout ceci fait partie de mon quotidien. J'y suis arrivée mais à quel prix. En laissant de côté le peu de famille qui me reste, des amis d'enfance. Je reviens en Ecosse pour ma...