Chapitre 5

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Me débattant toujours avec mon pull, j'attrape mon portable au fond de mon sac, qui trouve que c'est une merveilleuse idée de se caché entre mon porte-monnaie et ma plaquette de pilules. Dans la précipitation, je renverse le contenue intégral de ma besace à terre et ne prends la peine que de m'emparer de mon smartphone ainsi que de mon paquet de cigarettes. En apercevant le nom de l'une de mes meilleures amies s'afficher sur l'écran, un immense soulagement me saisit et je la rappelle immédiatement.

— Allô ?
— J'ai bien cru que tu ne décrocherais pas. Tu avais encore ton téléphone en silencieux, c'est ça ? demande-t-elle.
Je souris bien qu'elle ne puisse pas le voir et lui réponds que non sans pour autant lui dire ce que je fais. Chaque partie de mon corps que Maxime a touché me brûle et une vive chaleur a élu domicile dans le creux de mon ventre. J'ignore si c'est de l'envie ou de la honte et mets cette drôle de sensation dans un coin reculé de ma tête.

— Tu recherches toujours un boulot ? me questionne-t-elle après avoir pris de mes nouvelles.
— Oui. Dis-je en retournant sur le balcon et en allumant une cigarette. Pourquoi ?
— J'ai justement quelque chose à te proposer. Il me manque une serveuse pour mon salon de thé et on a pensé à toi.

— On ? Je demande en expirant une bouffée de tabac.

— Asia et moi, tu sais bien qu'Athéna ne quittera jamais son boulot pour un simple poste de serveuse. Dit-elle et je jurerais qu'elle à lever les yeux au ciel.
— Je commencerais quand ?
— Hier ?
 Je pouffe face à sa réponse, c'est toujours comme ça avec Astrée. Elle a ouvert son salon de thé depuis plusieurs mois déjà et jamais elle n'aurait pensé que notre petite ville adorerait autant le principe. Asia et elle ont vite été dépassées, du moins c'est ce que j'ai constaté le peu de fois ou je suis allé les voir. Je n'aime pas spécialement bosser pour la famille ou encore les amies, mais Asia et elle sont plus que ça maintenant. Je réfléchis pour la forme et accepte rapidement.
— Super, tu peux passer signer ton contrat ? Genre dans une dizaine de minutes ?
 Je me tourne légèrement en écrasant ma cigarette pour contempler Maxime assis sur le canapé tout en étant faussement captivé par l'émission que nous regardions pendant le dîner. Si je reste ici, je risque de déraper et mon ami ne mérite pas d'être un pansement après ma relation catastrophique. Je dois encore mettre de l'ordre dans toutes mes pensées et comprendre ce que je ressens en réalité. J'ai beaucoup trop d'estime pour Max et il vaut mieux qu'être un simple passe-temps. Non il mérite qu'on se consacre corps et âme pour lui et pour son amour.
— Je serai là dans cinq. Dis-je avant de raccrocher et de retourner dans la chaleur du salon.

Je range mon portable dans ma poche arrière et rejoins mon sac pour ramasser mes affaires, l'ambiance n'a jamais été aussi tendue. Est-ce que je viens de briser une amitié en me jetant sur sa bouche ? J'en ai bien peur. Intérieurement je me remercie de ne pas avoir monté mes vêtements, il faut absolument que je quitte cet appartement qui m'oppresse. En douceur, je me relève et me positionne sur la droite de Max qui me contemple avec de l'embarras et l'envie de recommencer ce que mon smartphone a stoppé, au fond de ses iris. Mal à l'aise, je gigote tout en détournant le regard vers l'écran plat pour reprendre contenance. Quand je plante de nouveau mes yeux dans les siens, j'empoigne mon courage à deux mains et murmure d'une voix mal assurée.
— Je dois partir.

— Arty, je suis désolé, si c'est à cause du...

— Astrée m'a appelée pour me proposer un boulot, je dois aller signer des documents. Je lance pour l'empêcher de revenir sur l'épisode du baiser.

 Je lui offre un sourire qui j'espère est tranquillisant et regagne l'entrée pour attraper mon gilet et mettre mes baskets. Nous n'avons jamais été autant gêner qu'à cet instant, Max s'essuie à nouveau les mains sur ses cuisses tout en gardant ses distances pendant que je lace mes chaussures, la tête basse. Je ne prends pas la peine de bien les attacher et fais un simple nœud pour quitter cette drôle d'ambiance rapidement.

— On se revoit bientôt, c'était sympa.

Je lui adresse un signe de main et claque la porte derrière moi en dévalant les marches aussi vite que mes jambes me le permettent. Je m'engouffre dans ma voiture, jette mes affaires à l'arrière et démarre en trombe.

Merde, merde, merde ! Quelle idiote !

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Je mets un peu plus de cinq minutes pour arriver devant la grande maison de mes amies et je prends encore dix bonnes minutes avant de sortir de mon véhicule durant lesquels je repense à ce début de soirée catastrophique. Je me remémore chaque moment au ralenti et une désagréable sensation m'enserre le cœur. J'adore Max, mais je n'ai rien ressenti, sauf de la honte. Pour alléger ma conscience, j'attrape mon smartphone et pianote quelques excuses que j'envoie à Maxime et rallume ma troisième clope depuis mon départ de chez mes parents. À la première bouffée, je me dis que ce n'est pas raisonnable, à la troisième je réalise qu'un jour ça va me tuer et une fois fini j'en conclue que demain je me commanderais une cigarette électronique pour espacé et arrêter définitivement.

Une sonnerie stridente me sort de mes pensées et le nom de Flavien me fige sur place. Décidément il ne comprend pas que notre relation est terminée pour de bon cette fois, il faut dire que c'est sans doute de ma faute qu'il s'obstine à me faire revenir auprès de lui. Quand j'ai déserté notre appartement, je ne lui ai pas donné la « chance » de me retenir. J'ai profité de fuir alors qu'il était dans un train en direction de son boulot. Je peux dire sans mentir que c'était la meilleure solution, si par malheur Flavien m'avait vu filer de notre logement, je ne serais sûrement plus en vie aujourd'hui.

Un éclair zèbre le ciel suivi d'un horrible bruit qui fait battre mon cœur bien plus vite que la normale. Je quitte mon véhicule avant qu'un nouveau coup de tonnerre ne s'abatte sur la ville et cours à toute allure sous le porche de mes amies. Lorsque Astrée apparaît dans l'embrasure de la porte, je me mets à sangloter comme une enfant et m'effondre dans ses bras.

Et si...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant