64 Hélène

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Jim a l'air déconcerté, stupéfait. Je crois que j'ai fait mouche avec ma petite imitation bien placée.

—ça n'a rien à voir avec ça, c'est juste qu'on est confinés, toi et moi, sans voir personne depuis un mois. Cet inconnu a débarqué avec ses gros souliers dans notre bulle, et en plus, il ne portait même pas de masque, je trouve ça limite, finit-il par m'expliquer.

Je reste un moment interdite.

Pour moi qui, victorieuse, pensais l'avoir enfin coincé, c'est la douche froide.

Monsieur a comme toujours réponse à tout et je dois admettre qu'il n'a pas tort quant à Max qui est venu me dépanner sans masque sur le nez. Il me semblait pourtant que c'était obligatoire désormais et que les stocks de masques barrière AFNOR justement venaient enfin d'être réapprovisionnés un peu partout en France. 

—Oui, c'est vrai, il aurait dû en porter un, je suis d'accord, ça craint. Et le pire, c'est que je n'y ai pas pensé une seule seconde car moi non plus, je n'en portais pas de masque. Autant c'est devenu un réflexe quand on va voir Marilyne en bas ou quand on va acheter quelques courses, autant tu vois, là, à l'appart, ça m'est complètement sorti de la tête.

—Ben n'oublie pas d'en mettre un quand il va revenir cet aprèm, c'est plus prudent, me sermonne t-il. Et tiens, en parlant de Marilyne, j'ai la dalle, je vais aller me chercher un pain aux raisins et peut-être aussi un sandwich pour ce midi. Tu veux que je te ramène un truc ?

—Euh, non merci, c'est gentil. Je t'ai déjà piqué une chouquette ce matin, j'ai eu ma dose de sucre pour la journée.

—Okay. A tout à l'heure ! Tu connais Marilyne, bavarde comme elle est, je ne reviens pas avant une heure.

Je rigole. Encore une fois, il n'a pas tort.

—Habille-toi avant d'y aller quand même, on n'est pas au Spring Break de Cancun ici, Mister Gonflette, ajouté-je tandis qu'il quitte ma chambre.

—Mister quoi ? Gonflette ? Non mais tu crois que tout ça là, cette musculature dessinée, c'est du fake ? se retourne t-il en bombant le torse. Vas-y, mets-moi au défi. Tiens, j'ai une idée, je vais te porter, tu vas voir si c'est de la gonflette.

—Hahaha, t'es vraiment un Paon. Ou un coq.

Il s'approche dangereusement.

—Parce que les coqs aussi portent leurs petites poules avec leurs ailes musclées ? se marre t-il.

—Non mais je ne suis pas une de tes poules moi, pff. Et si je te compare à un paon c'est parce que tu passes ta vie à te pavaner, à faire le beau comme lui avec sa roue.

—Okay, et toi tu sais à quel volatile tu me fais penser ?

—Je m'en fiche.

—A une tourterelle. Tu roucoules quand je suis dans les parages et forcément, ça finit toujours par dégénérer entre nous. Aller, viens par là ma tourterelle, je vais te montrer que mes biceps, c'est pas du vent !

Je l'esquive de justesse.

—Non mais c'est mort, tu ne me porteras pas, Jim. Va mettre ton satané t-shirt pour aller t'acheter ton pain aux raisins et dégage.

—Viens, je te dis ! insiste t-il.

Têtu jusqu'au bout, il parvient à m'agripper par le bras puis alors que je me débats, morte de rire, il me saisit par la taille et me soulève dans les airs.

—Jim, pose moi tout de suite, c'est bon, j'ai compris, t'as les muscles de Popeye, quant bien même, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse, hein ?

Mais j'ai beau m'agiter dans tous les sens, il ne me lâche toujours pas.

—Tu es tellement légère que je pourrais te porter tout le reste de la journée, conclut-il avant de me faire redescendre doucement, jusqu'à ce que mes pieds retrouvent enfin la terre ferme.

Le cœur battant, le souffle saccadé, je réalise qu'il a toujours ses deux mains posées sur mes hanches et que nos deux corps sont collés.

Sans bouger d'un millimètre, il plonge alors son regard charnel dans le mien.

—Je peux aussi te faire l'amour en te portant et en te plaquant contre le mur derrière, si tu veux... susurre t-il d'une voix suave.

Je déglutis.

Est-ce que j'ai bien entendu ? 

Il n'a vraiment peur de rien.

Quel beau parleur !

Il a dû sortir cette phrase téléphonée à tellement de rencards...

Okay, c'est déjà bien Hélène d'en être consciente, de ne pas être une pauvre fille naïve.

Mais il y a un hic.

Pourquoi suis-je quand même en train de ressentir toutes ces choses à son égard ?

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que mon cœur, après avoir manqué un battement, s'est mis à tambouriner entre mes cuisses ?

Pourquoi je n'arrive pas à me défaire de son emprise et surtout, pourquoi je ne m'éloigne pas ?

A suivre... ;-)

Confinée avec un Con fini (FINI)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant