DETTE DE VIE

Épilogue

Assise sur le banc, mes yeux se perdent sur le lac face à moi. Trois mois. Trois mois que je suis ici, dans cette petite ville, pour ma protection. Trois mois que je suis partie. Et tout autant de temps que j'attends des nouvelles sur la situation.

... : Vous n'avez pas été très facile à retrouver, Anna Darson.

Cette voix m'arrache de mes pensées. Ma tête fouette vers la personne venant de prendre place à mes côtés.

— Bonjour, Sophie.

Elle me lance un regard amusé en entendant le nom que je lui ai attribué.

Sophie : Vous avez tous fait un excellent travail. La chute de Sandro est un sujet dont on parle encore aujourd'hui. La rumeur s'est répandue sur votre rôle dans l'histoire.

— Quels sont les avis ?

Sophie : Certains ont dû mal à croire que vous ayez pu faire travailler autant de Chefs ensembles, encore moins impliquer les Parrains dans votre opération. D'autres sont impressionnés qu'il ne vous ait fallu que quelques mois pour faire tomber un homme tel que Sandro Nuevez. Mais la majeure partie d'entre eux se demandent où vous êtes, ils veulent vous trouver pour conclure des accords avec vous.

— Quels genres d'accord ?

Sophie : Le genre qui leur garantiront que vous n'irez pas après eux et, en échange, ils vous offriront leurs protections et leurs soutiens.

— Des contrats alléchants.

Je reporte mon attention sur le lac.

Sophie : Nuevez a été le premier à être jugé. Il est actuellement dans l'aile de l'infirmerie de la prison la plus sécurisée du pays.

— L'aile de l'infirmerie ?

Sophie : Il a besoin de soin régulier pour se remettre de ses blessures. Six de ses doigts ainsi que son œil gauche sont manquants. Sa langue a été coupée et près d'une vingtaine de ses os ont été brisés. Son sang doit être nettoyé d'un poison qui, s'il ne le tue pas dans les prochains mois, l'incapacitera pour le restant de sa vie.

S'ils ne l'ont pas tué, les garçons ont certainement trouvés le moyen de l'endommager irréversiblement. Eux aussi, ils ont eu droit à leur vengeance.

— Quel a été le verdict ?

Sophie : 120 ans de prison sans remise de peine.

— Ses hommes ?

Sophie : La majorité d'entre eux ont été jugés et envoyés purger leurs peines dans des prisons aux quatre coins du pays. La dizaine d'hommes restants devront être jugés dans les prochaines semaines. Leurs verdicts varient entre 40 à 100 ans de prison.

— Leurs affaires ?

Sophie : Les Chefs ayant aidé lors de l'opération se sont réparti équitablement les usines de Nuevez et ont fermés certains secteurs comme toutes les maisons closes. Les Chefs, ainsi que les Parrains, ont décidé que le territoire de Nuevez vous revenait de droit. Ils en ont fait un territoire neutre sous leurs protections. Ils attendent votre retour pour que vous en preniez officiellement le contrôle.

Les coins de mes lèvres s'étirent vers le haut.

Ils m'attendent.

Sophie : Comptez-vous revenir ?

— Pourquoi le ferais-je ?

Elle ne répond pas.
Le silence dure un moment avant qu'elle ne le brise.