Chapitre 1.4 : 11 Octobre 2015

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11 Octobre 2015

Le lendemain, après une longue journée de cours et avoir passé le test de mathématiques, mes parents sont venus me chercher et nous nous sommes rendus chez notre médecin généraliste. Comme il était cinq heures de l'après-midi, je m'étais dit qu'il n'y aurait pas trop de monde, mais à ma grande surprise, la salle d'attente, bien que non très grande, était bien remplie, et nous avons dû patienter une vingtaine de minutes avant d'entendre le docteur m'appeler. Une fois entré dans son bureau, il me demanda la raison de ma venue.

- Bonjour Lara, dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas ?

- Euh... Mon bras... Je veux dire, j'ai très mal au bras depuis quelque temps, lui ai-je répondu maladroitement.

- Ok, si tu le veux bien, je peux t'ausculter ?

- Oui, oui, pas de soucis.

Il commença par prendre ma tension, qui était parfaite selon lui. Puis, il empoigna son stéthoscope et se mit à écouter mon cœur ainsi que ma respiration.

- Pas de quoi s'inquiéter de ce côté-là ! Tout est normal, m'indiqua-t-il, un grand sourire aux lèvres dans le but de me rassurer.

Je lui rendis son sourire malgré la peur que je ressentais. Je savais qu'il disait cela pour me tranquilliser, mais comment lui dire que ce n'était pas une simple phrase ou un sourire qui aurait le don d'apaiser mes souffrances ? Tout ce dont j'avais besoin à cet instant, c'était qu'il trouve une solution à ce mal qui, en plus de me faire souffrir le martyre, me volait mes nuits et me terrorisait.

- Lara, pourrais-tu me décrire la douleur et me montrer l'endroit exact où tu as mal ?

Une question que je redoutais un peu et à laquelle j'avais déjà eu droit, à plusieurs reprises, de la part de mes parents. Cette douleur, je pense que vous l'avez bien comprise, était insupportable, mais quand il s'agissait de mettre des mots dessus pour la décrire, c'était la page blanche. Comment décrire quelque chose qui ne devrait pas être là normalement ? Qui se manifeste pour la première fois et qui est étrange ? Non, je ne vous parle pas de ces douleurs que l'on ressent quand on grandit et qui disparaissent après quelque temps ! Je vous parle d'un mal spécial qui, selon moi, ne peut pas être comparé et auquel je ne peux pas donner de réelle description. Malgré tout, j'ai essayé de lui expliquer avec toutes sortes de mots qui tournaient tous autour du même champ lexical : la douleur. S'apercevant de la difficulté que je rencontrais, il me posa quelques questions pour me guider : Est-ce une douleur qui tire ? As-tu mal tout le temps ou seulement quand tu fais des mouvements ? J'ai tenté de lui répondre du mieux que je pouvais, et il sembla être satisfait de mes explications.

- Maintenant, Lara, est-ce que tu me permets de faire quelques exercices avec ton bras ?

- Oui, répondis-je, étonnée de voir qu'à chaque fois, il me demandait mon consentement.

- Tu me diras quand tu sentiras que la douleur est plus forte ? Et quand ça fait moins mal ?

Il commença par me demander de lever les bras vers le haut. Par la suite, il prit mon bras gauche et me fit faire quelques mouvements, des rotations et des étirements. La douleur resta constante, sauf lors du dernier mouvement qui la fit s'amplifier fortement. Il finit par conclure :

- À ce que tu m'as décrit et aux mouvements, je pense que tu as une tendinite.

- Une TENDINITE ? M'exclamai-je dans l'incompréhension. Je n'ai que 12 ans et je ne suis pas médecin, comment suis-je censée comprendre des mots aussi techniques ?

- Oui, une tendinite, une inflammation du tendon dû à la répétition d'un mouvement trop fréquemment.

- Un mouvement répétitif ? Mais elle ne fait aucun sport qui nécessite l'utilisation intense de son bras ! Communiqua ma mère surprise.

- Effectivement... Mais tous les autres signes montrent que c'est bien ça.

Après l'annonce du diagnostic, il me prescrivit donc deux antidouleurs que je devais alterner, l'un, toutes les 4h et l'autre à prendre si le premier ne fonctionnait pas. Il m'expliqua aussi que si je ne la ressentais pas, je ne devais pas le prendre. En gros, prendre un médicament seulement quand elle apparaît. En plus des antidouleurs, il m'expliqua que je devais le plus possible immobiliser mon bras à l'aide d'une attelle et que je ne devais pas faire trop d'effort.

Le rendez-vous se termina et nous rentrâmes à la maison après avoir fait un détour à la pharmacie avant qu'elle ne ferme. J'étais soulagée, ma vie pouvait enfin reprendre son cours ! On avait enfin mis des mots sur ce mal qui me rongeait.

Une semaine s'écoula et avec l'un des antidouleurs, je n'avais plus mal durant 3 heures, mais avec l'autre elle disparaissait pendant une demi-journée ! C'était un apaisement ! Vous ne pouvez pas imaginer ma réaction la première fois où elle s'est arrêtée, je pouvais enfin continuer ma vie normalement sans devoir porter attention à mon épaule. Je continuais à aller en cours, à sortir avec mes amies, à étudier.... Le seul bémol dans cette histoire, c'est qu'elle finissait toujours par réapparaître de façon toujours plus importante me plongeant dans une peur terrible. J'avais l'impression que mon corps essayait de me dire quelque chose et que moi, je le niais. Peut-être m'appelait-il à l'aide ? Me disait-il qu'il souffrait d'un mal plus important ? Peut-être m'alertait- il ?


Never Give Up : Une adolescence pas comme les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant