Sauvée

9

Point de vue de Noa:

Crac.

La chaise s'abat violemment sur la tête de Philippe.

Crac.

Elle se fracasse sur son crâne.

Crac.

Sa main s'enlève de mon caleçon et il s'écroule sur moi.

Crac.

Alix est debout derrière lui avec le dossier de la chaise dans les mains.

Crac.

Je suis presque nue sur le lit, en pleurs, avec un homme inconscient et assommé sur moi.

Crac...

Le bruit de l'impacte raisonne dans ma tête. Encore et encore. Je ne bouge pas. Je suis paralysé. Je ne sais pas quoi faire.

-Noa...

Alix s'approche de moi et pousse Philippe, inconscient.

Elle me prend dans les bras.

-Chut... ça va aller... c'est fini... Je suis là...

Je tourne la tête vers Philippe. Ce connard qui a détruit ma vie.

Du sang coule du haut de sa tête, beaucoup de sang, trop de sang et le matelas se colore petit à petit d'une teinte rouge foncé.

-Il...

Je m'effondre encore plus que je ne l'étais déjà.

-C'est fini... ne t'inquiète pas... il ne te fera plus jamais du mal...

Je pleure.

De gratitude.

De peur.

D'impuissance.

De terreur.

-Il ne faut pas rester là... Viens...

Alix me tend la mains. Je lui saisis et la laisse me guider.
Je suis comme mise sur pause. Tout c'est arrêté. J'ai quitté mon corps...

Le salon est vide et je m'imagine Laure, ma « mère », tranquillement dans son lit pendant que son mari perd son sang sur le matelas de sa fille après avoir tenté de la violer.

Encore une fois...

Une fois de plus...

Une fois de trop...

J'attrape au passage une bouteille de vodka qui restait au sol, près de l'entrée puis nous sortons en faisant le moins de bruit possible.
Dès que la porte se ferme je porte la bouteille a ma bouche.

Le liquide glisse dans ma trachée et me fait frissonner.

-Laure est au courant. Elle le sait. Depuis le début...

Je ne sais pas pourquoi je lui dis maintenant ni pourquoi je lui dis tout court. Elle me regarde avec de la peur dans les yeux.