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Jeudi 18 Octobre.

Plus d'une semaine s'était écoulée, et Nyl n'était toujours pas réapparu. Axel avait abandonné l'idée. Il était allé voir le film avec Emma, et elle lui avait changé les idées. Ils ont beaucoup ri, et Axel avait acheté un énorme paquet de popcorns exprès pour eux. Ils ressemblaient vraiment à un jeune couple, heureux et tout ce  qu'il y a de plus normal. Mais le fantôme du coin de la rue ne se fait pas oublier aussi facilement. Nyl, Nyl, Nyl. Il trotte dans la tête d'Axel jour et nuit. Le lycéen est empli de remords, même s'il fait tout pour passer à autre chose. Ce n'était qu'un fantôme, après tout. Juste un fantôme insignifiant...

Emmène-moi voir la mer.

Après tout, Axel l'a peut-être rêvé, et il n'y a personne pour lui confirmer que Nyl existe vraiment, à part la photo. Si ça se trouve, cette photo, c'est un raté d'une personne inconnue dans la rue, et le halo bleu le mélange des lumières artificielles et de celle du Soleil... Si ça se trouve, Axel est vraiment fou. Et il ne compte pas en parler à qui que ce soit. Il a beau essayer de reprendre une vie normale...

Emmène-moi voir la mer.

Cette maudite phrase le poursuit dès qu'il tente de tourner la page. Pourquoi diable se sent-il si mal dès qu'il songe au rire ou au sourire éclatant de ce maudit fantôme? Axel a appelé maintes et maintes fois Nyl; il s'est excusé dans le vide, s'est rendu un nombre de fois incalculable dans cette foutue ruelle.

Finalement, il demande conseil à sa mère: ce soir, alors qu'elle tricote dans le salon, son fils vient s'assoir à côté d'elle.

-Bah t'en fait une drôle de tête! remarque la femme. Quelque chose ne va pas, mon cœur?

Axel ne se formalise même pas du surnom que sa mère lui attribue.

-Euh... Si tu apprécies beaucoup quelqu'un, mais que tu as dit une grosse connerie que tu ne pensais pas et que cette personne est très vexée et coupe tous les ponts avec toi, tu ferais quoi?

-Hm... Je tenterais de la contacter d'une manière où d'une autre.

-Sauf que là, le contact est impossible...

Axel baisse le regard; il a la voix qui tremble.

-Mon chéri, qui est cette personne? C'est bien la première fois que quelqu'un te mets dans cet état!

-Un... ami. On s'est rencontrés il y a pas longtemps, mais on s'entendait bien. Vraiment bien. Et maintenant, il... Il me manque horriblement...

Axel essuie ses yeux et sa mère, attendrie, pose son tricot et entoure son fils de ses bras.

-Tu as le droit de pleurer pour quelqu'un, tu sais, lui chuchote sa mère. Ce n'est pas de la faiblesse, juste de l'empathie, c'est ce qui fait de toi un humain...

Axel serre sa mère contre lui, et des larmes amères s'échappent de ses yeux. Mère et fils restent ainsi dix bonnes minutes, en silence. Axel finit par se relever.

-Merci, maman.

Ils se souhaitent bonne nuit et le lycéen remonte dans sa chambre. Alors qu'il ferme la porte, il entend un bruit.

-Je te manque vraiment? demande une voix familière.

Le fantôme au coin de la rue [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant