N

20 5 20
                                    

Vendredi 04 Octobre, suite.

La phrase s'est imprimée dans l'esprit tourbillonnant d'Axel. Le garçon fantôme le fixe de ses yeux gris.

-Qui es-tu? répond Axel.

-Nyl.

-Tu es... un fantôme?

-Je ne sais pas. Tu es quoi, toi?

La question prend Axel au dépourvu. La réponse est évidente! Alors pourquoi hésite-t-il?

-Je suis Axel, déclare finalement le lycéen. Pourquoi es-tu ici? Qu'est-ce que tu me veux?

-Emmène-moi voir la mer, répète encore Nyl.

-Pourquoi?

-Il faut que je voie la mer.

-C'est loin, la mer.

-Oui.

-Oui.

Ce dialogue n'a pas de sens. À vrai dire, rien n'a de sens dans la vie d'Axel en ce moment même.

-Pourquoi tu m'accompagnes partout?

-Parce que je peux voir le monde.

-Tu ne peux pas, tout seul?

-Non.

-Alors pourquoi moi?

-Tu es Axel.

Le lycéen est perplexe devant sa réponse. Les yeux gris du fantôme sont certes tristes, mais vifs d'une intelligente dissimulée par des réponses courtes et évasives. Axel remarque qu'il porte un uniforme.

-Tu es... étais un collégien?

-Oui.

Axel soupire à cette réponse fermée. Il en a marre de poser des questions, mais il veux en savoir plus.

-En troisième?

-Oui.

-Tu vas m'accompagner jusque chez moi?

-Oui.

-Les autres peuvent te voir?

-Non.

-Ok.

Axel tourne au coin de la rue, le fantôme avec lui. Nyl le suit sous sa forme de brume durant les cinq minutes qui constituent le trajet.

Axel est seul quand il rentre le soir. Ses parents travaillent loin et rentrent tard. Le lycéen monte dans sa chambre. Nyl a reprit sa forme de garçon et le suit encore. Le jeune homme balance son sac dans un coin. On est vendredi après tout.

-Tu vas rester là comme ça? demande Axel.

Nyl ne répond pas. Ses yeux se promènent dans la chambre et l'analysent. Axel le regarde faire, jusqu'à ce qu'une évidence le frappe.

-Dis, si je te touche, est-ce que je te traverse?

La question basique des histoires de fantômes, comment Axel a-t-il pu ne pas y penser? Nyl se retourne vers lui.

-Je ne sais pas.

Axel s'avance et tend le bras.

-Je peux?

-Oui.

Axel ne remarque pas immédiatement que le ton employé par Nyl, trop étonné par ce qui lui arrive pour réfléchir. Il s'approche encore un peu et leurs mains se touchent. Juste un peu, pas plus qu'un battement d'aile de papillon.

-On dirait une étincelle...

Le fantôme au coin de la rue [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant