PandoraFin aout
J'observais la pluie s'abattre sur les vitres du bus qui me ramenait chez moi. Mon regard retraçait le chemin de chaque goutte sur le verre épais. De son départ à son arrivée.
Connaissez-vous Francis Ponge ? J'appréciais particulièrement sa vision du monde qui nous entoure. Donner de l'importance aux choses les plus insignifiantes. Son poème La pluie illustrait à la perfection le spectacle qui se déroulait sous mes yeux.
« La pluie descend à des allures très diverses [...] jusqu'au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes. »
Tout finit irrémédiablement par se briser. La guérison n'est qu'une illusion.
J'aimais les mots. Les poèmes, les romans, les pièces. Tout ce qui était constitué de lettres. C'est pourquoi j'allais commencer des études littéraires. A Stanford, qui plus est.
Je posai ma tête sur le vitrage à côté de moi et fermai les yeux. Ma tempe cognait dessus à chaque crevasse que le car rencontrait.
Les orages grondant accompagnés du vrombissement du moteur et de la pluie s'abattant sur la route me firent m'assoupir.
Je me réveillai quand je ne sentis plus aucune secousse sous mes pieds. Je me rendis compte en observant les alentours que nous étions arrivés à mon arrêt, au bas d'une montagne. Notre villa se situait plus haut, isolée parmi les arbres.
Je sortis, valise en main, et regardai l'autobus partir. J'étais à nouveau seule. Et trempée. Je soufflai et pris le chemin de la maison.
La boue s'insinua dans mes chaussures tandis que je luttai pour ne pas finir ensevelie sous la terre. J'avançais à grands pas et m'essoufflai assez rapidement. Je n'avais pas travaillé mon cardio depuis plusieurs mois. Mes muscles non plus.
Lorsque j'arrivai au bout du chemin et que j'aperçus notre maison, j'étais aussi mouillée qu'après une douche. Je peinais même à respirer sans avaler de l'eau.
Je me dirigeai vers l'entrée et, avant de pouvoir baisser la poignée, la porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître mon père sur le perron.
- Pandora ! Oh mon Dieu mais tu es trempée ! s'exclama-t-il en me dévisageant.
- C'est ce qui arrive quand il pleut oui.
- Entre vite te mettre au chaud, me pressa-t-il.
Il me fit entrer et me prit ma valise des mains. Il se mit à m'observer longuement.
- Ma chérie, dit-il enfin les yeux brillants.
- Papa. Répondis-je froidement.
- Tu m'as tellement manquée.
Il s'approcha pour m'enlacer mais je reculai rapidement, me dérobant à son emprise. Il se racla la gorge et regarda ailleurs, gêné.
- Je vais prendre une douche, l'informai-je. Je pue le chien mouillé.
- Oui bien sûr. Je vais commander à manger en attendant.
Je ne répondis rien et partis en direction de la salle de bain. Avant d'y aller je passai rapidement dans ma chambre prendre quelques affaires.
Je fermai la porte de la pièce et commençai à me déshabiller. Une fois nue je me plaçai devant le miroir. J'observai chaque trace blanche présente sur mon corps avec dégoût. Un flot de souvenirs fit irruption dans mes pensées. Je fermai alors les yeux pour effacer tant bien que mal ces visions de mon esprit et entrai dans la douche.

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Soul Scars
RomantikOn me traitait de folle. On me traitait de danger, pour moi-même et pour les autres, de dépressive. On m'enferma. On me trahit. Mais je sortis de cet enfer sur Terre. De cet hôpital psychiatrique. Avec un seul mot d'ordre, la Réussite. J'entrai à...