MaiPandora était allongée sur ses draps d'un blanc immaculé. Ses cheveux étaient éparpillés autour de ses épaules, emmêlés et pleins de nœuds. Elle fermait les yeux, ses paupières crispées de force, à la recherche d'un calme qu'elle ne connaissait plus.
Ses bras étaient couverts de griffures. On ne lui laissait rien d'aiguisé dans cet endroit, alors elle faisait taire sa douleur comme elle pouvait.
Ses cernes la défiguraient. Elle était méconnaissable. Les infirmières s'inquiétaient.
Ses pensées dévastatrices cherchaient en vain un allié dans cet ouragan d'atrocité. Mais son cœur lui hurlait une vérité. Des vérités.
Trahie, par son père. Seule, depuis trop longtemps. Enfermée, de force. Folle, folle folle folle. Dangereuse, pour elle-même, pour les autres ?
La paranoïa cessera-t-elle ? Viendra-t-on la chercher ? Elle est morte ? Morte ? Pour de vrai ? Partie. Les mots, sa faute ? Morte ? Un cauchemar ? Son cauchemar. Morte.
24 décembre, veille de Noël.
Pandora
Je me réveillai avec le souffle coupé. La blancheur de mes draps m'effraya d'abord. Je tournai vivement la tête pour prendre conscience d'où je me trouvais. Les épais rideaux de ma chambre d'enfance m'accueillirent. Les quelques boules de Noël faisant guise de décoration me faisaient pitié.Je me levai avec précaution et tâchai de ne pas faire remarquer mon réveil à mon père.
J'allai me préparer en vitesse et retournai dans mon lit avec l'idée de passer la matinée à lire.
Cette maison m'insupportait. J'aurais donné énormément pour passer Noël au campus mais j'avais encore assez d'empathie pour ne pas laisser mon père seul.
Mes pensées et mes souvenirs s'entremêlaient, j'étais fatiguée et l'idée de devoir passer un diner entier face à mon père m'angoissait.
Lorsqu'il vint toquer à la porte de ma chambre je fis donc mine d'être toujours endormie. Il attendit quelques secondes puis le bruit de ses pas s'éloignant me parvint.
Je passai les heures suivantes à lire et à trier les affaires que j'avais oubliées d'emporter dans ma valise en septembre. Je parlais par message à Clémence qui me montrait ce qu'elle emmenait dans ses bagages pour l'Angleterre, car nous partirions le lendemain à l'aube.
Je descendis en fin d'après-midi mais trouvai la maison vide. Au lieu de déambuler sans but dans les pièces je décidai de préparer un des desserts que nous avions l'habitude de manger pendant les fêtes. Je tenais cette recette de ma mère.
Je n'avais plus eu l'occasion de cuisiner depuis des mois, j'espérais faire quelque chose de mangeable au minimum. Je sortis les ingrédients et les ustensiles avant de lancer une vidéo YouTube au hasard, pour avoir l'esprit occupé.
Les gestes me revenaient machinalement, ayant préparé cette recette un grand nombre de fois.
En une heure le tout était prêt à être enfourné. Je beurrais rapidement un plaque de cuisson et mis mon dessert à cuire. J'activai un minuteur et allai m'allonger sur le canapé.
Après un moment passé à ne rien faire sur mon téléphone, l'odeur me parvint de la cuisine. Identique à celle de mes souvenirs, je revoyais ma mère sortir la pâtisserie du four et m'appeler pour me faire gouter. Je sentis des larmes me monter aux yeux.
![](https://img.wattpad.com/cover/325331464-288-k193099.jpg)
VOUS LISEZ
Soul Scars
RomanceOn me traitait de folle. On me traitait de danger, pour moi-même et pour les autres, de dépressive. On m'enferma. On me trahit. Mais je sortis de cet enfer sur Terre. De cet hôpital psychiatrique. Avec un seul mot d'ordre, la Réussite. J'entrai à...