Chapitre 8

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Il fait nuit, c'est la seule chose dont je suis certaine. Mais je n'ai pas la force d'ouvrir les yeux pour le confirmer. Je ne suis pas sûre d'en avoir envie ni même d'en avoir le courage. Je crois que j'ai peur de ce que je pourrais y découvrir. Je ne me souviens pas de la dernière fois que j'ai ressenti ça, la peur qui me brûle la gorge, mais j'apprécierais de ne plus jamais avoir à l'éprouver.

J'ai la tête qui tourne et je sens les battements de mon coeur qui résonnent dans ma poitrine. Ils sont la preuve que je suis en vie pourtant, je suis incapable de sentir les membres qu'ils sont censés alimenter. J'essaie de bouger les doigts mais ils ne me répondent pas.

J'entends des pas se rapprocher de moi et inconsciemment, ils allument une alarme à l'intérieur de mon esprit qui me fait ouvrir les yeux. Mes pupilles doivent se concentrer pour s'adapter à la nuit mais je parvins tout de même à distinguer une silhouette qui se dessine petit à petit. Elle s'arrête ensuite à ma hauteur.

Le silence de mort qui règne dans ces lieux dont je suis aussi incapable de fournir la description est brutalement rompu les secondes d'après par une voix maussade :

- Je n'y suis pas allé de main morte, mais pour ma défense, tu avais l'air plus résistante que ça.

Je ne reconnais pas l'homme que j'ai devant moi, c'est la première fois que je le vois, mais son masque m'indique qu'il est la deuxième force que j'ai sentie avant de m'évanouir et de me retrouver ici. Je ne sais pas ce qu'ils me veulent et la question me brûle les lèvres mais aucun mot n'est capable de sortir de ma bouche.

C'est à ce moment que les informations sensorielles arrivent enfin à mon cerveau et que je réalise. Je ne peux pas parler parce qu'on m'en empêche. Quelque chose entrave ma bouche.

J'ai le réflexe de vouloir l'enlever mais je me rends compte que mes bras sont aussi entravés. Ma peur intériorisée se transforme en panique. Je bouge pour essayer de me libérer, je teste la résistance de mes chaînes et je puise ma force dans mon indignation. Comment peut-on faire cela à quelqu'un, comment peut-on l'enchaîner comme un animal. Qui sont ces gars putain !

C'est la colère qui remplace maintenant la peur et même le tissu qui me recouvre la bouche n'est pas capable de l'atténuer. Ma voix se fait entendre avec force :

- vous eh i !

Je suis certaine qu'il m'a comprise mais il ne me répond pas.

Je tire sur mes chaînes et le bruit est infernal, il me casse les oreilles. J'essaie de les briser. En vain. Mais j'ai de la force, je peux le faire, je sais que je le peux. J'ai l'habitude de me battre contre des hollow après tout. Alors j'essaie encore.

Je concentre dans mes mains la force que je mobilise habituellement dans mes jambes et je la sens enfin après quelques secondes.

Elle est là et la sentir me réconforte. Elle me rappelle que je suis puissante et que je peux me sortir de cette situation. Je reprends confiance à mesure que mes paumes s'illuminent. C'est la première fois que ma force se manifeste sous cette forme mais je ne m'y attarde pas. Je veux simplement quitter cet endroit, m'enfuir.

Je tire de nouveau sur mes chaînes, sans relâche, sous le regard amusé du semi monstre en face de moi. Il semble se délecter de la scène, me croit incapable de me soustraire à leur emprise. Son masque squelettique ne couvre pas le son de son rire moqueur.

Après quelques minutes qui me semblent être des heures, j'entends enfin quelque chose se briser.

Mais il l'a entendu et senti aussi parce que la seconde suivante, ses mains entourent mon cou. Je vois dans ses yeux qu'il est surpris et je lâche un sourire. Ca t'en bouche un coin connard hein. J'aurais aimé lui balancer ça au visage mais sa poigne est trop forte pour me le permettre.

HitsuKarinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant