Chapitre 12

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La femme en face de moi me fit m'allonger avant de me demander de retirer mon haut pour accéder à ma blessure. Légèrement gênée, je m'exécutais quand même, sans un mot. En faisant ça, j'exposais directement mes marques à sa vue et je ressentis d'ailleurs un stress certain à le faire, mais je n'avais pas le choix.

J'observais immédiatement son visage en quête d'un sentiment de surprise, de dégoût ou d'aberration, mais elle ne laissa rien transparaître.

Une part de moi espérait qu'elle garde le silence, qu'elle fasse comme si elle n'avait rien vu, tandis qu'une autre, plus réaliste, se préparait déjà à encaisser des insultes ou tout autre forme de rejet.

Ce n'était pas dans mes habitudes de ressentir de la honte, mais face à son regard scrutateur, je baissais les yeux. Au moment où je commençais à penser qu'elle ne me soignerait pas, et à juste titre puisqu'on ne soigne pas l'ennemi, elle me fit mentir en plaçant ses mains au-dessus de mon flanc. Une lumière orange en jaillit suivie d'une sensation de chaleur réconfortante.

Était-il possible qu'elle ne connaisse pas l'origine de ces marques ? Je me dis qu'elle ne me soignerait pas si c'était le cas.

Je croisais son regard et le sourire qu'elle me rendit n'enleva rien à mon sentiment si ce n'est que je me sentais maintenant tout aussi perdue que honteuse.

- Est-ce que c'est douloureux ?

Je n'étais pas sûre de comprendre à quoi elle faisait référence avant qu'elle ne passe les doigts sur mes tatouages. Je ne savais pas si je devais lui répondre ou garder le silence. Parce que je savais que si je commençais à lui répondre, elle prendrait l'ascendant sur moi et je me retrouverais obligée de répondre à toutes ces questions.

Je me contentais alors de hocher la tête de gauche à droite.

Après quelques minutes de soin, j'entendis un vacarme assourdissant derrière les portes de l'infirmerie, comme si des gens allaient débarquer.

J'eue le temps de remettre mon haut tâché de sang avant que les portes ne s'ouvrent à la volée et que ne déboule une tête rousse que je connaissais par coeur.

A la seconde où j'avais vu mon frère entrer dans la pièce, je m'étais levée pour lui sauter dans les bras. Je pensais ne plus jamais le revoir. Alors qu'il répondait à mon étreinte, mon corps eu soudainement un mouvement de recul.

Il ne s'offusqua pas de ma réaction, plaçant sans doute cela sur le compte de mes blessures.

- Putain Karin ! J'ai tellement eu peur ! Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que ça va ? Tu es blessé !?

- Elle n'a presque plus rien. J'ai soigné le plus important. Le reste peut cicatriser seul. Il faut tout de même lui faire un pansement.

Je n'osais pas prononcer un mot. J'avais peur du moment où il allait découvrir mes marques et des explications que j'aurais à fournir. Je commençais déjà a trier ce que je pensais pouvoir dire de ce qu'il me semblait plus raisonnable de taire. Une pensée réconfortante s'immisça en moi. Peut-être qu'il ne connaissait pas non plus l'origine de ces marques ? Malgré cela, mon pessimisme reprit le dessus. Qu'il soit au courant ou pas ne changeait rien à leur origine, à ce qu'il était, ce qu'ils étaient tous et à ce que j'étais.

Je vis ses yeux passer en revue mon corps à la recherche de la moindre blessure qui ferait mentir la médecin et j'eue beau placer mes bras dans mon dos pour dissimuler celui qui était tatoué, rien n'échappa à sa vue.

- C'est quoi ça ?

Je me mordais la joue. Qu'est-ce que je devais répondre ? Est-ce que je pouvais faire comme si je ne savais pas ?

Alors que je cherchais une réponse convaincante, la médecin me devança.

- L'éveil de ses pouvoirs de hollow.

Je lui lançais un regard horrifié.

D'abord parce qu'elle confirmait ce qu'avait dis mes ravisseurs et ensuite parce qu'elle m'avait soigné en dépit du fait qu'elle sache ce que j'étais en train de devenir. J'aurais pu me dire qu'elle avait décidé de me laisser une chance mais si c'était le cas, elle ne l'aurait pas divulgué à mon frère.

Alors que je doutais de ses intentions, le stress accéléra les battements de mon coeur.

Mes yeux se portèrent sur Ichigo. Le choc de la nouvelle le fit froncer les sourcils et je me reculais instinctivement. Est-ce que mon propre frère pouvait me faire du mal ?

Au fond de moi, j'étais certaine qu'il ne lèverait jamais la main sur moi, mais il n'en restait pas moins un Shinigami. Un shinigami qui avait en face de lui un futur hollow, un être qui mangeait, non qui dévorait, des âmes.

Un de ses êtres qui avait tué maman.

Une violente nausée me prit et je portais une main à ma bouche. Cela eut pour effet de le faire reprendre contenance et il amorça un pas dans ma direction, auquel je répondis par deux en arrière. Mon instinct me hurla de m'échapper et je ne sais comment, une boule de feu noir se matérialisa dans ma main. Je la plaçais devant moi en signe de défense.

- Ichi-nii, je te jure que je n'ai rien fait de mal !

Ma réaction le surprit tellement qu'il se figea.

- Karin, tu ne penses quand même pas que je vais te faire quoi que ce soit ?

- Je suis en train de devenir un monstre, tu n'as pas le choix.

- Karin arrête ! Ne dis pas n'importe quoi !

C'est Rukia qui avait hurlé ces mots. Je me tournais vers elle.

Méfis toi d'eux.

La boule de feu noir qui était apparu au creux de ma main disparue aussitôt que cette voix raisonna dans ma tête et je plaçais mes mains de chaque côté de mon crâne.

C'est quoi ce bordel !

- Karin qu'est-ce qui t'arrive ? La panique dans la voix de mon frère m'alerta davantage.

- Je...une voix, j'entends une voix dans ma tête !

- Je sais que c'est difficile à comprendre mais c'est normal. Ecoute moi.

Je ne veux que ton bien.

- Si ce sont bien des pouvoirs de hollow, il faut que tu apprennes à les maîtriser avant qu'ils ne prennent le contrôle. J'ai dû suivre le même entraînement.

Je le regardais, les yeux ronds, et comme s'il lisait dans mes pensées il me répondit :

- Moi aussi, j'ai des pouvoirs de hollow.

Pour me le prouver, je vis son visage se recouvrir d'un masque blanc marqué de traits rouges. Ses yeux prirent une couleur noire alors que ses iris se colorèrent en jaune. Sa tenue changea aussi.

Une colère sourde vibra à l'intérieur de moi, aussi dirigée contre moi qu'elle l'était contre lui.

HitsuKarinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant