- Ce qui ne veut pas dire que je ne le voulais pas.
Je pris conscience que ma main avait continué de caresser ses cheveux lorsqu'elle se stoppa à l'entente de ses mots. Ces paroles résonnèrent au creux de mon âme alors que, tambourinant dans ma poitrine, mon coeur se fracassait contre les parois qui l'empêchaient de rejoindre son amant.
Je l'entendis hurler qu'il avait eu raison d'espérer et de continuer à y croire malgré les doutes et les peurs. Il chantait si fort que mon esprit avait du mal à rassembler des éléments pour lui donner tort. Mais mon encéphale refusa de s'avouer vaincu et chercha à nous convaincre que tout cela n'était qu'une illusion, qu'un mensonge et qu'en réalité, ses sentiments étaient faux. Il fut cependant le seul à encore y croire.
J'eus soudainement la sensation de vivre un rêve au milieu d'un cauchemar et, comme pour m'assurer que tout cela était réel, que ses paroles étaient aussi vraies que son souffle humide l'était sur ma peau, je serrai plus fort mes bras autour de son cou et respirai son odeur. Lorsqu'il répondit avec la même intensité, je pris conscience que le Tamashī no yūgō ne se serait jamais produit s'il n'avait jamais eu de sentiment à mon égard et un sourire naquit au creux de mes lèvres.
Même si quelque chose au fond de moi se disait qu'il était impossible qu'un être comme lui, aussi beau, intelligent, fort et immortel puisse aimer une humaine comme moi et qu'un milliard de questions se bousculaient dans ma tête, rien ne réussit à atténuer la joie que je ressentis à cet instant. Rien sauf la maudite voix de mon esprit.
"Que ces sentiments soient sincères ou non ne change rien au fait qu'il ait tout perdu. Son grade de capitaine, son statut de Shinigami".
Mon palpitant cessa de chanter et mon sourire disparut. Des souvenirs de Tôshirô bravant ses propres lois pour venir me secourir au Hueco Mundo me frappèrent. Il avait changé. Et que cela soit de son initiative ou non, il n'était plus en accord avec les valeurs qu'il défendait.
"Bien sûr que si. Ce n'est pas parce qu'il est tombé amoureux de toi qu'il n'est plus lui-même".
Mon coeur défendit avec une insistance inflexible qu'au contraire, c'était en acceptant sa punition qu'il restait lui-même.
La seconde suivante, l'humanité qui nous séparait me frappa. Même corrompu par des sentiments, il restait intègre et fidèle à ses principes. Contrairement à nous autres humains, qui aurions sans aucun doute cherché à échapper aux conséquences de nos actes, à n'être que l'exception qui confirme la règle, Tôshirô acceptait volontiers la sanction qui lui était due.
Mais son goût du devoir réveilla en moi un sentiment d'injustice qui fut le moteur de mon inébranlable et insupportable détermination humaine.
Parce que oui, en dépit de ma forme hollow, de mon côté Shinigami et Quincy, je restais humaine. Et je pris conscience que s'il acceptait sa sanction, je n'étais pas tenue de le faire.
La colère, cette émotion si familière et réconfortante, prit possession de mon corps et cette fois, mon esprit s'allia à mon palpitant pour protester contre l'injustice.
Je détachai mes bras de son cou et le repoussai brutalement de moi avant d'attraper son col avec violence et d'unir nos lèvres avec force. Quelque chose s'était réveillé au fond de moi, comme un instinct né de la peur de le perdre, et mon baiser se fit plus pressant.
L'air autour de moi se raréfia et tout autour de nous devint plus oppressant, comme si une étrange énergie volait l'oxygène dans la pièce. Je ne lui laissai pas le temps de comprendre ce qu'il se passait que je rompis notre baiser.
Lorsque nos yeux se croisèrent, je vis que les siens s'étaient illuminés d'une lueur bleutée à la suite de cet échange fugace, et que je n'avais pas besoin de dire quoi que ce soit.
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HitsuKarin
RomansParce que toutes les histoires ont un début qui commence par une fin, laissez moi vous raconter la mienne. Kurosaki Karin. Si mon prénom ne vous dit rien et vous semble assez commun, ce n'est peut-être pas le cas de mon nom de famille. S'il ne vous...