HitsuKarin

Chapitre 25

Il n'existe pas de personnes courageuses qui n'aient pas été envahies par le doute un jour. Qu'il survienne avant, pendant ou après l'action, il subsiste toujours, au travers d'une sensation, d'hésitations momentanées ou de réflexions postérieures. Chez moi, il prend la forme d'une maudite voix qui me dicte avec aplomb de faire machine arrière. Elle me murmure que je ne suis pas capable d'affronter ce qui se cache derrière cette porte.

Je n'ai jamais compris pourquoi il nous arrive parfois d'être notre propre ennemi, de nous saboter et de penser qu'on est incapable de faire face à l'inconnu. Mais c'est exactement pour cette raison que mon regard est figé sur la porte, sur l'instant présent. Je l'observe sous toutes ses coutures, retarde le moment où je déboulerai dans la pièce. Je n'essaie pas de penser à l'effet de surprise que va provoquer mon entrée, pas plus que je ne les imagine déjà au courant et m'attendant de pied ferme de l'autre côté. Je me contente de débrancher mon cerveau et de respirer profondément pour chasser mes doutes.

Je ne me décide à ouvrir la porte que lorsque ma cage thoracique est sur le point d'exploser sous l'oxygène qui la compresse. C'est seulement à cet instant que mon pas assuré, qui ne l'est qu'en apparence, se remet en marche dans un bruit sourd. J'ignore mon instinct lorsqu'il me hurle de faire demi-tour, et je ne prends pas la peine de refermer la porte derrière moi.

Un immense escalier que je ne me souviens pas avoir monté me fait face. Je cherche du regard une autre porte, mais il n'y en a pas. Pourtant, je sais que je ne suis jamais passée par là. Je pense immédiatement à un piège, à une autre salle de simulation, mais une petite fenêtre sans vitre m'indique que ce n'est pas le cas. Je peux sentir l'air frais qui la traverse pour se jeter sur mes joues et venir faire voler quelques mèches devant mes yeux.

Je m'approche pour regarder au travers et je suis prise d'un vertige en remarquant que le vide est au moins à 60 mètres. Je crois n'avoir jamais été aussi haute de ma vie, même dans les bras de Tôshirô lorsqu'il se déplaçait en shunpo. Sous moi se dresse presque l'équivalent de deux immeubles de mon monde, et je ne sais pas combien de temps je mets à dévaler les escaliers, mais lorsque j'arrive au bout, j'ai les mollets en feu.

Seul le soleil m'accueille à la sortie du bâtiment, et je m'arrête net. Je ne sais pas où aller. Je m'attendais à croiser des gardes qui lutteraient jusqu'à leur dernier souffle pour me ramener d'où je viens, et je pensais que leur nombre m'indiquerait le chemin à emprunter, mais la réalité me fait mentir. Il n'y avait personne, pas même mon frère troublant le silence qui règne sur la grande place pour me sortir de là.

Je prends le temps de fermer les yeux quelques secondes, cherchant à m'imprégner de la douce chaleur que le soleil déverse. Après que l'astre céleste m'ait infusé suffisamment de sa force régénératrice, je rouvre délicatement les yeux et dirige mon regard vers l'horizon, juste à temps pour voir apparaître des formes sombres en mouvement qui ondulent au loin.

La chaleur ambiante me donne l'impression qu'elles ne sont qu'un mirage, mais le son régulier de leurs lames s'entrechoquant dans leurs fourreaux brise cette illusion. Une armée de Shinigami se dirige vers moi, et chacun de leurs pas résonne dans l'air, provoquant une cadence sinistre qui fait tambouriner mon palpitant.

Les formes indistinctes se transforment progressivement en silhouettes définies, et bientôt, je peux discerner leurs visages. La concentration monte peu à peu en moi.

Le moment est venu.

Le sol sous moi sembla répondre à ma volonté, et mes pieds s'y ancrèrent profondément, établissant une connexion avec la nature elle-même, cachée sous les blocs de béton. Je sentis la détermination briller dans mes yeux, transformant mon regard en une déclaration de guerre silencieuse. Mon esprit était une forteresse impénétrable, prêt à affronter ceux qui se dresseraient bientôt devant moi.