Chapitre 22

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Mes yeux se focalisaient tellement sur son poing, qui maintenait fermement le manche de Hyōrinmaru dans son dos, que je ne vis pas immédiatement son visage se crisper.

Je ne le remarquais que lorsqu'il arriva à ma hauteur. Il semblait lutter contre quelque chose d'invisible et, bien loin de comprendre ce qu'il se passait, je lui rendis son regard perçant. Les traces d'admiration avaient disparu, remplacées par une préoccupation dont je n'en comprenais pas l'ampleur.

S'inquiétait-il du fait que j'ai réduit en cendres la machine de ce tordu de capitaine de la douzième ? J'avais beau me creuser les méninges, je ne parvenais pas à trouver une explication logique à son comportement.

En plus, c'était la première fois qu'il me faisait cet effet, celui d'être minuscule face à lui alors même qu'il ne faisait qu'une tête de plus que moi.

Je me sentis tout à coup comme prise en faute. Ce n'était pas Tôshirô qui me faisait face avec désapprobation, mais le capitaine Hitsugaya. Il se dégageait de lui une aura que je ne lui connaissais pas et je comprenais maintenant pourquoi tout le monde le trouvait intimidant. S'il ne tenait pas une place aussi importante dans mon coeur et si je ne savais pas l'homme bon qu'il était avec ceux qui lui étaient chers, je l'aurais trouvé effrayant.

Mon attention fut détournée par une fumée, aussi blanche que la neige, que je voyais se dégager de Hyōrinmaru, toujours fixé dans son dos. Elle était subtile, mais j'arrivais à la percevoir assez distinctement.

Alors que je l'interrogeais du regard, je vis ses pupilles devenir étincelantes. Hypnotisée par leur spectacle, je ne vis pas mon frère se poster devant moi, comme pour faire barrière entre nous, Zangestu en main.

- Qu'est-ce que tu fous, Tôshirô ?

La réaction de mon frère me donna des sueurs froides. A aucun moment je n'avais imaginé que Tôshirô pouvait être sur le point de s'en prendre à moi.

Non.

Même maintenant que je prenais conscience de ses épaules tournées de trois-quarts et de sa jambe gauche légèrement repliée en arrière, comme s'il s'apprêtait à attaquer, je refusais de l'envisager.

Mais cette nouvelle information vint court-circuiter mon cerveau et donner un autre sens à son attitude. Les battements de mon coeur se stoppèrent l'espace d'une seconde. Comment n'avais-je pas pu le remarquer avant ?

"C'est irréversible".

Alors que cette phrase tournait en boucle dans ma tête, comme une excuse, une raison suffisante pour qu'il ne s'en prenne pas à moi, une autre, bien plus effrayante m'éclata à la figure.

Mais me tuer résoudrait le problème.

J'eus un mouvement de recul et serrais davantage Kuroi honō dans le creux de ma main.

- Pousse-toi Kurosaki. Ce n'est pas Karin.

Je n'étais pas sûre de reconnaître sa voix. Elle était si froide, si empreinte d'une colère que je ne lui connaissais pas, qu'elle me fit douter de ma propre identité.

Et je n'étais pas la seule. Je vis mon frère se retourner pour attester de ses propos. Après une seconde, son visage se décomposa et il s'écarta de son passage. Il eut un instant de battement où j'assimilais ce qu'il était en train de se passer jusqu'à ce que je cherche Rukia des yeux.

Je ne savais pas ce que j'attendais d'elle, peut-être qu'elle grimace avant de réfuter les propos de Tôshirô ou alors qu'elle assomme mon frère tout en lui hurlant d'arrêter d'être aussi influençable et naïf. Peu importe, dans tous les cas, je m'étais tournée vers elle pour obtenir un soutien qui ne vint jamais. Comme mon frère, son visage était baissé, comme refusant d'assister à ce qui allait suivre.

HitsuKarinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant