- XXIII -

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Cela faisait désormais un peu plus d'un mois que Sirius était à Poudlard. Retrouver l'imposant château l'avait soulagé. Retourner à Poudlard, lorsque l'on vient d'une famille comme les Black, c'était un peu comme retrouver son véritable foyer. Bien sûr, Sirius ne suivait aucun cours et ne voyait jamais les élèves des quatre maisons. Les seuls contacts qu'il avait étaient les professeurs, Albus Dumbledore, les elfes de maison qui s'occupaient du château, et Dorcas Meadowes.

Dorcas...

En la revoyant après tout ce temps, Sirius avait eu un choc. Le jeune homme s'était imaginé mille et un scénarios dans son esprit. Mais il n'avait pas envisagé la possibilité que Dorcas puisse ne pas le reconnaître. Sirius était devenu comme un étranger pour elle. Quoiqu'il se soit passé pendant sa captivité, quelque chose avait profondément changé Dorcas.

Cela se voyait même physiquement. La jeune femme avait toujours eu une apparence éthérée. De lourds cheveux bruns, une peau diaphane, des yeux couleur de ciel. Mais désormais, Dorcas avait constamment l'air d'être dans les nuages. Elle avait un aspect désincarnée, comme si elle n'était plus vraiment là. Elle parlait toute seule, s'enfuyait brusquement sans raison apparente, parlait à peine à Sirius.

Et le jeune homme en avait le coeur réduit en morceaux. Voir sa bien-aimée ainsi l'anéantissait. Sirius s'était imaginé tellement de choses. L'espoir de revoir Dorcas l'avait fait tenir, quand il avait tous les os du corps broyés. C'était son amour pour elle qui l'avait fait tenir.

Mais l'espoir s'était envolé quand Dorcas et lui s'étaient revus pour la première fois. Sitôt son arrivée à Poudlard, Sirius avait demandé à Dumbledore à voir Dorcas. Le vénérable sorcier avait hoché la tête d'un air navré. Il n'avait pas tout dit à Sirius concernant l'état de la jeune femme. Mais quand Sirius apprit ce qu'il était arrivé à la jeune femme, il n'avait pas cru Dumbledore. Mais pourquoi lui aurait-il menti ? Sirius n'en avait aucune idée, mais il ne pouvait concevoir que Dumbledore puisse lui dire la vérité.

Et pourtant.

Quand il s'était précipité vers elle, Dorcas avait eu un moment de panique, créant instinctivement un bouclier de protection. Sirius avait été projeté en arrière, presque assomé. Le temps qu'il reprenne ses esprits, Dorcas s'était envolée. Depuis lors, il tentait, patiemment, de reprendre le contact avec la jeune Meadowes. Au bout d'un mois, la jeune femme acceptait la présence de Sirius. Mais dès qu'il s'approchait, elle s'échappait.

Sirius était patient. Il savait qu'il finirait par y arriver.

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James Potter commençait à définitivement prendre goût au risque qui accompagnait chaque nouvelle mission pour l'Ordre du Phénix. James avait été envoyé en mission pour découvrir une planque des Mangemorts. Si l'endroit était vide, les Mangemorts avaient laissé un parcours piégé. Franck et James ne s'en étaient tirés que d'un cheveu, et seulement grâce à la réactivité de l'Auror. James, loin d'avoir été traumatisé par le risque, ne s'était pas senti aussi vivant depuis des mois. Le jeune homme s'ennuyait ferme dans la boutique de balais où il travaillait. L'heure n'était manifestement pas au Quidditch.

L'action manquait terriblement au jeune homme. Alors, quand Dumbledore avait demandé qui se sentait prêt à prendre plus de risques pour l'Ordre du Phénix, sans hésiter, James s'était dit partant. Il était de ceux qui voient dans les heures noires l'occasion de faire preuve de courage. Le risque, l'adrénaline le transcendaient, le faisaient vibrer.

Il était fait pour cela.

Et il faisait preuve d'une telle témérité que Dumbledore se demandait parfois s'il n'aurait pas mieux fait de refuser la candidature du jeune Potter. Mais après la mort soudaine de ses parents, le jeune homme avait un profond besoin de sens, d'action. Le décès de Mr et Mrs Potter avait ébranlé James, intimement. Il ne savait comment faire face aux sentiments qui venaient avec le deuil. Alors la solution avait été de s'immerger corps et âme dans le travail pour l'Ordre.

Et il ne se serait rétracté pour rien au monde.

Pas même les angoisses de Lily.

Car les actions d'éclat du jeune Potter, aussi brillantes soient-elles, n'enlevaient pas le goût acide de l'inquiétude lorsqu'il partait en mission pendant quelques jours. Lily imaginait le pire. James tué, capturé, torturé, quelque part, par les fidèles de Voldemort. Les récits glaçants de Mary, qui était rentrée saine et sauve, mais traumatisée, de son séjour chez les Mangemorts, n'avaient fait qu'exacerber l'inquiétude de Lily. Généralement, lorsque James partait en mission, la jeune femme renonçait au sommeil jusqu'à son retour. Elle ne pouvait s'empêcher de prier pour que James rentre en un seul morceau. Une autre solution était que Lily aille avec James, et fasse partie de la mission. Elle prenait moins souvent part aux missions de l'Ordre, mais lorsque c'était le cas, le danger était souvent au rendez-vous. Par deux fois, James et Lily, en mission avec Alice et Frank, avaient échappé de peu à Voldemort. Le Seigneur des Ténèbres n'était que très rarement présent pour combattre l'Ordre. Généralement, il laissait le sale travail à ses sous-fifres. Mais il recherchait activement l'endroit où Dorcas Meadowes se cachait. Seule une poignée de personnes connaissait l'emplacement exact de la cachette de la descendante de Serdaigle. A deux reprises, James, Alice, Lily et Frank avaient trompé la mort en s'échappant au dernier moment du piège savamment orchestré par le Seigneur des Ténèbres. Mais maintenant que Alice et Lily étaient toutes les deux enceintes, il était hors de question pour elles de participer à de nouvelles actions pour l'Ordre, Dumbledore l'avait annoncé à la dernière réunion.

Mais un autre sujet préoccupait Albus Dumbledore : Peter Pettigrew. Le jeune homme avait l'air bizarre, ailleurs. Même s'il avait toujours été dans les nuages, Dumbledore avait l'impression que quelque chose avait changé. Peter avait visiblement moins de contact avait James et Remus. Il était plus isolé dans l'Ordre. Mais paradoxalement, cet isolement semblait lui convenir. Un soir, après une réunion, Dumbledore avait tenté d'établir le dialogue avec le jeune homme.

- Peter, vous savez que vous pouvez me parler, si vous en ressentez le besoin ?

Le jeune Pettigrew avait souri.

- Ne vous inquiétez pas, Professeur Dumbledore, je vous garantis que tout va très bien pour moi.

En sortant de la réunion de l'Ordre du Phénix, Pettigrew fila tout droit à l'auberge du Chaudron Baveur. Severus Rogue l'attendait.


Le réveil du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant