Le réveil du Phénix

- XI -

James vérifiait une dernière fois sa coiffure dans le miroir de l'entrée, tandis que Remus le regardait d'un air moqueur :

- C'est bon, môôôôsieur est prêt ?

Pour toute réponse, James se contenta de tirer la langue. Remus sourit : son ami était de bonne humeur, c'était bon signe. Passer la soirée du Nouvel an avec un Potter de mauvais poil n'aurait pas été de tout repos. Lunard était confiant : la soirée avait tout pour bien se passer. Ils allaient se retrouver chez Emmeline Vance pour fêter la nouvelle année et repartir sur de nouvelles bases. James allait parler à Lily, ils allaient se réconcilier, peut-être même s'embrasser à minuit, comme dans les films moldus que Remus avait regardé pendant les vacances avec sa mère. Le jeune homme connaissait la plupart des gens qui allaient venir chez Emmeline, donc il n'y avait pas de risque d'incident majeur... Tout allait bien se passer. Il le fallait. Car ce que Remus ne s'avouait pas à lui-même, c'est que, s'il avait envie de voir cette soirée bien se dérouler, c'était principalement parce que Marlene McKinnon serait présente. Le jeune Lupin voulait se montrer sous son meilleur jour, pour essayer d'épater la jeune femme. Alors, si Potter et Evans commençaient à s'écharper, il allait devoir jouer le rôle qu'il jouait la plupart du temps : celui du négociateur, du pacificateur. Mais il ne voulait pas montrer ce visage-là à Marlene : il voulait lui prouver qu'il était digne d'intérêt, qu'on pouvait rechercher sa compagnie pas seulement parce qu'il était calme, intelligent et de bon conseil. Remus voulait lui prouver qu'il était possible d'envisager entre eux autre chose qu'une simple relation amicale. Mais le jeune était déterminé à ce que la soirée se passe de la meilleure des manières possibles, afin de laisser le champ libre pour voir Marlene. Remus croisait les doigts.
James, en le voyant si stressé pour une simple soirée entre amis, lui fit remarquer qu'il avait l'air d'un Comète 260. Remus, loin d'être un expert en Quidditch, ne comprit pas l'allusion, et le jeune Potter dut lui expliquer qu'il s'agissait d'un balai de bonne qualité, mais qui présentait le défaut d'être particulièrement raide. Remus fronça les sourcils, inquiet.

- J'ai l'air stressé, Peter, demanda-t-il au petit Pettigrew quand ils arrivèrent au point de rendez-vous qu'ils avaient convenu pour aller tous les trois chez Emmeline Vance ?

Le jeune homme le contempla un instant, et il tira sur son nœud papillon, un peu gêné lui-même de sa réponse.

- Hum... oui... on dirait que quelque chose te tracasse...

- Moi je sais, s'exclama James, tout fier de lui ! Tu vas croiser ta collègue de stage, McKinnon !

Lunard acquiesça, tandis que les deux autres firent une moue amusée.

- T'inquiète, Remus, tout va bien se passer, fit James avec une gentillesse inaccoutumée, lui qui était d'habitude si moqueur. Il suffit que tu sois toi-même, et tout va marcher comme sur des roulettes !

- Oui, répliqua Lupin d'un ton sec, tout va bien se passer si je ne suis pas obligée de vous surveiller toute la soirée, toi et Lily ! Entre nous, James, je te le dis : ça m'arrangerait que vous ne vous écharpiez pas en public. Je serai un peu occupé !

Le jeune Potter à lunettes prit un air offensé :

- Sache, cher ami, répondit-il avec hauteur, que je n'ai aucunement l'intention de m'écharper avec Evans. Pour tout vous dire, j'ai l'intention de me réconcilier avec elle, d'ouvrir le dialogue. 

Soulagé, Remus hocha la tête d'un air approbateur. Peter, consultant sa montre, les interrompit d'un air paniqué.

- Navré de vous arrêter, les amis, mais on risque d'être en retard si on ne part pas maintenant !

- Relax, Peter, maugréa James. Personne n'est jamais à l'heure, dans ce genre de soirée.

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