Le réveil du Phénix

- III -

Poudlard

La réponse de Maugrey ne se fit pas attendre. Il envoya un hibou à Dumbledore pour l'informer qu'il passerait le voir à Poudlard le plus rapidement possible. Pour l'instant, en sa qualité de directeur du bureau des Aurors et instructeur des apprentis, il était très occupé, mais dès qu'il aurait un moment, il sauterait sur son balai pour se rendre au château écossais. Pour l'instant, Fol Œil avait d'autres chats à fouetter : les Mangemorts étaient de plus en plus agressifs avec les Moldus, et il devait éviter que ceux-ci se rendent compte de la présence du monde magique. Maugrey estimait qu'il s'agissait davantage du travail des Oubliators, mais tels étaient les ordres du Ministre de la Magie, Harold Minchum. Celui-ci avait placé davantage de Détraqueurs autour d'Azkaban,  mais Fol Œil pensait que cette mesure était inutile s'il n'autorisait pas explicitement les Aurors à remplir les cellules de la prison des sorciers avec des Mangemorts. 

Fin octobre, Maugrey eut enfin un peu de répit, et rendit visite à Dumbledore. Celui-ci l'accueillit avec chaleur et lui proposa de discuter dans son bureau. Un verre de whisky Pur Malt plus tard, Maugrey considéra avec attention la question que son vieil ami venait de lui poser.

- Une association pour lutter contre lord Voldemort ? Pourquoi pas. 

- Je vous aurai imaginé plus expansif à cette idée, Alastor, commenta Albus Dumbledore avec un sourire discret. 

- Je pense que l'idée doit être envisagée avec précaution, répliqua l'Auror d'un ton bourru. Voilà tout. Mais l'idée est bonne. La question étant : qui recruter pour cette mission ? Ces sorciers doivent être au-dessus de tout soupçon. Et Merlin sait qu'en ce moment, les individus de cet acabit sont rares... 

- J'ai ma petite idée. Pourriez-vous penser à quelques connaissances et amis de confiance qui pourraient être intéressés ?

- Sturgis Podmore, cet imbécile d'Edgar Bones... Elphias Dodge, peut-être, cet escroc de Mondingus Fletcher, sans aucun doute, réfléchissait Maugrey à voix haute... Oui, je dois pouvoir réunir quelques participants. Mais seront-ils assez ?

- Je connais de jeunes sorciers qui répondront à l'appel. 

- Jeunes, grogna Maugrey ? Inexpérimentés.

- Peut-être, en convint Dumbledore, mais doués, intelligents, vifs... Décidés à défendre une cause qui leur tient à cœur. Croyez-moi, Alastor, ils seront bien loin de vous décevoir. 

Les deux hommes discutèrent encore quelques instants, avant de se quitter. Maugrey s'engagea à contacter des sorciers de sa connaissances qu'il estimait digne de la tâche difficile de combattre le Seigneur des Ténèbres, tandis que Dumbledore promit d'envoyer un hibou aux anciens élèves à qui il avait pensé. 

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 Ministère de la Magie, Département des Accidents et Catastrophes Magiques

- Hé, Pettigrew, réveille-toi ! 

Peter, avachi sur son bureau, sortit de son rêve en sursaut. La sorcière avec qui il partageait la pièce, Ivy McCornwell, l'observa dédaigneusement effacer d'une main hâtive le filet de bave qui coulait le long de la joue. Ivy et Peter étaient les seuls stagiaires du département des Accidents et Catastrophes Magiques, on avait donc jugé logique de leur donner le même bureau. Ivy avait trois ou quatre ans de plus que Peter, et avait vécu comme un affront le fait de devoir partager sa pièce de travail avec quelqu'un qui sortait tout juste de Poudlard. D'autant plus que Pettigrew était loin d'être le collègue de travail idéal. A vrai dire, il était insupportable. Manifestement, il considérait que ce département était le plus ennuyant du Ministère de la Magie tout entier, et il aurait voulu être à des milliers de kilomètres de là. D'autant plus qu'Ivy lui refilait le travail le plus pénible, sous prétexte qu'il était le plus fraîchement arrivé, pour se réserver le travail d'analyse des accidents les plus intéressants. Peter devait donc taper des rapports portant sur tout en n'importe quoi à longueur de journée.  Pettigrew, alors qu'il fantasmait déjà sur sa collègue de travail aux cheveux raides, avait du se remettre les idées en place d'une manière assez radicale et définitive. Peter n'inspirait que dégoût et pitié à la jeune femme, qui regrettait chaque jour que Merlin faisait de devoir partager son lieu de travail avec lui.