Chapitre 9 :- « Du miel au piment... »

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« La taille de la déception est plus souvent équivalente à celle de l'espoir qu'on portait à la personne ou à la chose » ; Madiou Diallo.

Tidiane marque une pause et demande à son assistante de leur servir à boire. Jant en profite pour demander à ses collègues de partir parce que ça risque d'être long et qu'elle prendra un taxi quand elle aura fini.

-Qu'est que je vous sers ? Il y a du jus de pomme, du jus d'orange du café et du bissap.

-Du jus d'orange svp.

Il lui remet ensuite son verre et elle le remercie.

-Donc Mado et moi avons fait un grand mariage avec une réception dans un hôtel de la place. J'étais contre, mais elle aimait le « voyez-moi », j'ai respecté son choix. Et c'est elle qui a pratiquement tout financé parce que j'ai été clair avec elle sur ce point. Je venais d'avoir un job, je n'avais pas les moyens de financer un grand mariage.

Figurez-vous que sa propre mère n'est même pas venue au mariage. Je suis allé lui vendre visite quelque temps après le mariage, afin d'essayer de les réconcilier mais elle refusa catégoriquement. Savez-vous ce qu'elle m'a soufflé à l'oreille ?

« Tu as épousé le diable en personne ! » ; C'est mot pour mot ce qu'elle m'a dit. A cet instant précis, je me suis dit que cette femme était folle et méchante et je plaignais vraiment ma femme. J'étais encore plus au petit soin avec elle. Nos cinq premières années de mariage furent parfaites, un véritable conte de fée. Je ne pouvais pas rêver mieux...

Mais tout s'écroula comme un château de cartes lorsque j'ai proposé à ma mère de venir vivre quelque temps avec nous. Au départ, j'avais prévu qu'elle vive avec nous mais ma femme m'a expliqué qu'avec tout ce que sa mère lui avait fait subir, ce serait dur de me voir chaperonner par ma maman. Je me suis donc mis à sa place et j'ai demandé à une cousine de vivre avec maman. Mais sa santé commençait à devenir fragile, elle souffrait d'hypertension. Bien qu'elle se faisait suivre et tout et qu'elle respectait son régime, je me sentais plus rassuré en la sachant à mes côtés. Alors je lui proposais de venir passer un peu de temps avec nous. Quoi de plus normal ? Ma mère n'avait pas eu une enfance facile et elle aurait pu faire comme celles qui abandonnent leur bébé ou même les tuent pour mener une existence paisible ou selon les normes de la société. Mais elle ne l'a pas fait, elle a assumé son erreur et ce, même si mon géniteur avait refusé de me reconnaitre. Elle s'est battue corps et âmes, a continué ses études, trouvé un emploi pour me mettre dans de bonnes conditions et m'offrir un avenir meilleur. J'ai grandi en étant la risée de mes camarades de classe qui ne cessait de me répéter :

-Tu n'as même pas de père !

-Tu es un enfant du péché !

-Il parait que ta mère est une *P...

Je rentrais avec les habits déchirés parce que je finissais par me battre contre tous mes camarades qui osaient ternir la réputation de ma si brave mère...

Je lui dois TOUT ! Et aucune femme ne pourra prendre sa place dans mon cœur et dans ma vie !

Alors je fis venir maman dans notre appart de deux chambres et Mado prit soin de lui préparer la deuxième chambre. Elle ne laissa pas transparaitre que la présence de sa belle-mère la dérangeait. Au contraire, elle était au petit soin, sortait faire des courses avec elle, la traitait comme une reine. Ma mère ne cessait de prier pour elle et me menaçait toujours :

-Si tu lui brises le cœur, tu auras affaire à moi !

Toute ma famille était raide dingue de Madeleine et beaucoup de mes cousins m'enviaient. Je m'enviais moi-même en me disant :

Du miel au pimentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant