5 décembre.

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Je ne m'énerve jamais comme je l'ai fait hier, je ne suis pas comme ça. Je ne m'attendais simplement pas à apprendre que la femme que j'aime me ment depuis des mois. Clarisse a essayé de me reparler mais je l'ai ignoré, à chaque fois. Je n'ai pas eu la force.

Je me lève du canapé sur lequel j'ai dormis, très mal dormis pour être plus exacte. Ce n'est pas parce qu'il n'était pas confortable mais parce que je n'ai fait que de penser à notre dispute et puis je n'ai pas l'habitude de dormir seule.

Ce matin, je ne perds pas mon temps et pars au travail en esquivant Clarisse. Notre conversation, puisqu'elle doit avoir lieu, ne peut se faire en coup de vent alors elle devra attendre encore. 

La journée au travail n'était pas de tout repos. Comme on s'en doutait, les commandes ont doublés en un week-end. Nous avons tout de même réussis à toutes les traiter. L'organisation que nous avions mise en place nous a permis de ne pas nous noyer face à cette vague. Tout le travail ne m'a pas laissé le temps de penser. Ce n'est qu'en sortant que les souvenirs de la veille me sont revenus en tête. 

Je ne suis pas prête à parler, mais ce n'est pas le cas de Clarisse. Elle m'attend dans le salon. Je l'ignore toujours. Je passe à côté d'elle pour aller chercher mon sac à dos et je m'apprête à ressortir mais elle me bloque le passage.

"On doit aller au club. C'est tout ce que j'arrive à lui dire.

- Je sais, mais ça peut attendre un peu. Il faut qu'on parle. Je la contourne pour aller vers la porte.

- Fais ce que tu veux, moi j'y vais. 

- Non. Elle pose sa main sur la poignée avant que je ne l'atteigne. Tu veux pas parler, très bien mais écoutes moi.

- 5 minutes, après je pars.

- J'aurais pas dû te mentir.

- Non, tu n'aurais pas dû.

- Je croyais que tu ne voulais pas parler?

- Non. Je t'écoute.

- J'aurais pas dû et je m'en excuse. Comme je te l'ai dit hier, j'ai paniqué.

- Ça ne te donne pas le droit de me mentir. Ça n'a rien à voir.

- Laisses-moi parler! Je me tais et lui fait signe de continuer. Il y a quelques mois, quand on s'est mise d'accord pour en parler à notre famille.. Je le voulais vraiment. J'ai essayé de leur dire. J'ai dit que j'avais rencontré quelqu'un et tout de suite ils se sont fait des films. Je voulais leur dire, mais je ne pouvais pas briser leur rêve alors qu'ils étaient si contents.. Tu ne voulais pas risquer de briser leur rêve mais tu as préféré briser notre vie. Et quand on s'est revue, tu m'as dit que tes parents voulaient me rencontrer, qu'ils étaient heureux. Tu paraissais si heureuse et je ne voulais pas ... Je ne voulais pas gâcher le moment pour te dire que je n'avais pas été capable de parler aux miens. Je ne voulais pas te montrer.. Je ne voulais pas que tu me vois faible.. Et après j'ai voulu te dire la vérité,... Mais je n'ai plus osé et je savais pas comment te le dire. Un petit silence s'installe, je comprends qu'elle attend que je lui dise quelque chose.

- Tu ne me pensais pas capable de te comprendre?

- Bien sûr que si.. Mais j'ai eu peur de dire à mes parents que j'étais attirée par les filles. Ils ne le savent pas et.. j'ai eu peur.

- Tu crois que je ne le sais pas?

- Si.. Mais ça s'est bien passé pour toi. Seulement, moi je ne sais pas comment ils pourraient réagir, et je n'étais pas prête à subir leur réaction.

- Je ne t'ai jamais dit que mon coming-out c'était bien passé.

- Pourtant t'es parents t'ont acceptés, non?

- Oui. Avec du temps. Quand ils ne connaissent pas, les gens ont peur. Mon père ne m'a pas adressé la parole pendant plus d'un an, ma mère a mis plusieurs semaines avant de comprendre. Alors oui, ils m'ont acceptés, avec du temps mais c'est pas pour ça que ça a été plus facile de leur dire. Tu ne peux pas connaître les réactions à l'avance.

- Je pensais être prête, je m'en étais convaincue, mais au moment venu.. Je n'ai pas réussis.

- Et tu penses sérieusement que ça aurait été mieux devant toute ta famille, en me présentant comme ça?

- Non.. Mais je me suis dit que si tu serais à mes côtés, ça serait plus facile.

- Ce n'est pas comme ça que ça marche.

- J'ai pensé qu'en te voyant, ils arriveraient à comprendre pourquoi je t'aime..

- Je ne viendrais pas au réveillon.

- S'il te plaît.. Lune.. J'ai besoin de toi. Elle m'attrape les mains pour me rapprocher d'elle.

- Non.. Je ne peux pas.. Je la repousse à contre cœur. Je suis désolée." Je lui dis avant de partir.

Je sors de la maison et pars en direction de la salle de théâtre. Je vois que tout le monde est là, sauf Stéphane qui est en retard, et Clarisse. Jules ne me loupe pas et vient à ma rencontre. Il me pose des questions et je lui réponds simplement qu'il verra ça avec Clarisse si il en a l'envie. Elle arrive d'ailleurs à ce moment-là. Elle n'a pas sa joie de vivre habituelle. Elle a pleuré, je le vois. La voir comme ça me brise le cœur, mais elle m'a blessé et je ne peux pas laisser passer le fait qu'elle m'ait mentis comme ça pendant aussi longtemps.

J'essaie de rien laisser paraître, mais à l'intérieur de moi, c'est le chaos. Mes pensées se bousculent. D'un côté, je n'arrive pas à croire qu'elle soit capable de me mentir si facilement sans que je ne m'en rende compte, et de l'autre j'essaie de la comprendre. Je suis perdue et j'ai besoin de prendre du recul pour pouvoir y réfléchir sérieusement.

C'est probablement sur un coup de tête que je me dirige vers notre professeur.

"Steph, je peux te parler un instant. 

- Bien sûr, tu sais bien. Avec le temps, Stéphane est devenu un vrai ami.

- Je suis désolée de te demander ça, mais... Est-ce que c'est possible que je vienne chez toi pendant quelques jours?

- Oh... ça ne va pas? Demande-t-il inquiet.

- Si, si.. C'est juste l'histoire d'un jour ou deux..

- J'aurais bien voulu t'aider, mais en ce moment c'est pas possible.. Mon cousin squatte déjà chez moi..

- Ok, pas de soucis, c'est pas grave.

- Je suis désolé.. Si je peux faire autre chose pour toi..

- Non, c'est bon.

- Excusez-moi, je sais que ce n'est pas bien d'écouter les conversations, mais je vous ai entendu. Nous interrompt Chloé. J'ai de la place à la maison, donc si tu veux venir. Je sais qu'on ne se connait pas encore, mais tu es une amie de mon cousin alors..

- C'est gentil, mais ça va aller.. Stéphane nous laisse seule pour aller voir ce qui se passe sur scène.

- Tu sais quoi, je te donne mon numéro. Tu y réfléchis, et si tu veux venir tu as juste à appeler, ma porte est ouverte.

- Merci.. Je dis gênée.

- Et si tu as juste besoin de parler, ou de te changer les idées, tu peux aussi te servir de mon numéro.

- Je vais bien, mais c'est gentil.

- Si tu y crois, c'est déjà bien."

24 Jours - Christmas Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant