16 décembre.

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Ce soir, je vais enfin pouvoir faire les essayages des costumes. Je sais que tout le monde attend ça avec impatience. Je ne montre que très peu l'avancée de mon travail, ils vont donc tous voir leurs costumes finit pour la première fois. 

Je les reçois tous à la chaîne dans les coulisses pendant leur petit temps de pause. Je les aide à s'habiller, vérifie leur confort et leur demande s'ils veulent des petites modifications. Tout est parfait pour la majorité. Je dois ajuster la tenue de Jeanne d'Arc car l'actrice a maigrit depuis que j'ai pris ses tailles. Je note tout sur mon carnet et continue de les faire passer les uns après les autres.

Alan, qui était resté à mes côtés tout le long, sort des coulisses lorsque le tour de  Clarisse arrive. Je la laisse se mettre en sous-vêtements, non sans la regarder, et m'approche d'elle avec sa robe bleue. Nos conversations sont froides. On ne parle que pour dire les choses essentielles. Je l'aide à s'habiller et je dois lutter pour ne pas balader mes mains sur son corps. Pour se faire, j'évite tout contact avec sa peau. Son souffle proche de moi m'est déjà difficile à supporter sans que je ne rajoute de la difficulté. 

"Arrêtes de me regarder comme ça. Elle me dit simplement.

- T'es là pour ça.

- Tu as regardé tous les autres de la même manière ?

- La robe ne te serre pas trop ? Je l'ignore.

- Elle devrait?

- Non. Je m'oblige à faire des phrases courtes pour ne pas céder à la tentation. 

- Alors c'est parfait. Un peu plus décolleté aurait été mieux. Je ne peux m'empêcher de l'imaginer.

- Je ne suis pas sûre que ça existait au Moyen-Âge.

- C'est pas faux. 

- Tournes-toi, je vais t'aider à l'enlever."

Elle s'exécute et je passe mes mains dans son dos pour baisser la fermeture éclair. Lentement, j'arrive en bas de son dos. Je passe mes mains sur ses épaules pour abaisser sa robe. Mon corps la colle presque. Je me sens partir mais je n'arrive pas à me contrôler. Sa chair de poule me demande que de continuer. J'ai envie de la coller à moi, de balader mes mains sur son corps. J'ai envie de frotter mon entre-jambe contre son cul, de venir embrasser son cou, de le mordre par endroit. J'ai envie de l'entendre gémir sous mes caresses. Ma respiration devient plus forte. Je ne contrôle plus mon imagination. 

"Tu peux finir seule maintenant. Je dis avant de m'écarter et de me diriger vers la sortie.

- Attends... Elle me rattrape en tenant ma main. On se voit ce soir ?

- Je t'attendrais dehors." Et je pars la laissant seule, en sous-vêtements.

Je vais m'enfermer dans les toilettes. Il faut que je me calme. Il faut que je reprenne mes esprits. Je ne peux pas m'enflammer juste en la voyant. Je ne peux pas lui sauter de dessus, avoir envie d'elle alors que je suis sensée prendre une décision. Je me passe un coup d'eau froide sur mon visage en espérant que ça va calmer mon feu intérieur. Ça ne fonctionne pas vraiment. Je retourne dans les coulisses et découvre que Clarisse n'y ai plus. Pour être honnête, ça m'arrange. Alan, lui, est revenu. Je peux donc continuer les derniers essayages.

Une fois fini, je sors du bâtiment et attends Clarisse sur le banc le plus proche. Elle arrive quelques minutes après. On décide d'aller directement à notre appartement pour pouvoir parler en totale liberté. Je sens la pression monter. Ce n'est pas une tension sexuelle comme dans les coulisses mais une tension qui précède l'angoisse. 

On s'installe sur notre canapé, comme la dernière fois. Le silence donne une ambiance dramatique. Je sais que je dois me lancer, mais je n'y arrive pas. Je sais ce que mes mots vont provoquer et je ne suis pas prête pour ça. Autant se jeter dans le bain.

"Je n'arrive pas à te pardonner. J'amorce le sujet, directe.

- Alors tu sais ce que ça veut dire.

- C'est pas ce que je veux.

- Mais on ne peut pas continuer alors que tu m'en veux. C'est pas sain, ni pour toi, ni pour moi.

- J'ai besoin de temps. Je me convainc moi-même.

- Non Lune. Ça fait dix jours. Tu ne vis même plus avec moi, comment tu veux que le temps change les choses alors que tu me regardes comme si j'avais brisé ta vie.

- Je t'aime.. Je ferme les yeux pour ne pas laisser mes larmes s'échapper.

- Je sais. C'est parce que tu m'aimes que c'est difficile. Je t'ai blessée, je m'en voudrais sans doute toute ma vie, mais je ne peux pas revenir en arrière. Si tu n'arrives pas à me pardonner, je ne peux pas te forcer. Mais tu ne peux pas continuer à me faire espérer. Tu dois prendre ta décision, tu ne vas pas pouvoir reculer éternellement.

- Je ne veux pas...

- Mais tu le dois.

- Je t'aime Clarisse. Mes larmes sont trop lourdes, je ne peux plus les retenir.

- Plus que tout, je sais. 

- Je ne peux pas... Et si, je prenais la mauvaise?

- J'accepterai ta décision quoi qu'il arrive. C'est toi qui est maître dessus. Et si jamais tu prends la mauvaise et que tu regrettes, tu pourras toujours revenir dessus.

- Je ne peux pas revenir dessus. J'ose enfin la regarder. Je veux que tu refasses ta vie, que tu sois heureuse. Je ne peux pas te faire espérer, je ne peux pas te demander de m'attendre. J'aimerai tellement pouvoir faire comme si ça me faisait rien, mais je n'y arrive pas. Je suis désolée Clarisse..

- Je comprends. Elle lutte pour retenir ses larmes, je sais qu'elle fera tout pour ne pas craquer devant moi. Toi aussi tu as intérêt de refaire ta vie. Tu dois la vivre pleinement. 

- Je ne t'oublierai jamais. Tu es mon premier amour.

- Mais pas le dernier.

- Je t'aime.

- Je t'aime. Je me penche vers elle et je vois qu'elle continue mon mouvement. Ses lèvres se posent sur les miennes. Je l'embrasse avec tout l'amour que j'ai pour elle parce que je sais que ce sera le dernier baiser. 

- Je serai toujours présente pour toi, ne l'oublie pas.

- Jamais. Elle me sert une dernière fois dans ses bras.

- Prends soin de toi Lune." Elle essuie mes larmes et embrasse ma joue. Je lui souris une dernière fois avant de quitter l'appartement.

24 Jours - Christmas Love StoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant