LE ZOO FAIRY (T3) : Comen et ses secrets

1 - L'assomant silence

***

​Plus rien. Plus de bruit. Plus de mouvement. Comme si les Cyllèles n'avaient été que le fruit de leur imagination, l'eau était redevenue parfaitement calme. Désormais, on entendait plus que le sifflement du vent.

​Soudainement, un hurlement déchirant venait percer ce terrible silence. Recroquevillée sur elle-même, Calya éclatait bruyamment en sanglots.
​Malgré elle, elle n'avait pas réussi à lui attraper la main. Impuissante tout comme avec Idríl, elle avait simplement regardé Anétha couler. Désespérée et l'esprit chamboulé, elle s'interrogeait. Où se trouvaient leurs âmes à présent ?

​Perplexes, Ida et Lokri s'échangeaient un regard interrogateur. Aussitôt il se mettait à chercher Anétha mais ne rencontrait aucune trace d'elle. En faisant rapidement le lien, Ida se précipitait vers la rousse. Doucettement elle lui caressait les cheveux en comprenant peu à peu ce qu'il venait de se passer.

​Gardant la tête coincée sous ses bras, Calya s'efforçait de maîtriser ses sanglots.

​— Je n'ai pas pu la sauver, grommela-t-elle.

​— Tu as fait de ton mieux, lui répondit Ida, d'un ton bienveillant.

​Comment pouvait-elle lui dire cela alors que de sa faute Anétha était morte ? Il lui était franchement impossible de se calmer. De quelle manière une telle soirée avait-elle pu autant virer au cauchemar ? Et finirait-elle par se réveiller un jour ?

​Le visage gonflé en raison de ses nombreuses larmes, elle cherchait une quelconque réponse. Elle se revoyait au début de la soirée en train de danser avec Fanaelyss tout en riant aux éclats. En l'espace de quelques heures à peine, elle avait à tout jamais perdu Idríl et Anétha, Asaelle avait été capturée des Humains et Níniel avait brutalement disparu.

​Épuisée et le corps endoloris, elle se laissait porter par son chagrin. Peu à peu ses forces diminuaient alors qu'ils se trouvaient perdu au milieu de la Manche.

​De longues heures plus tard, battant lourdement des paupières, elle observait un ciel gris s'étendre au-dessus d'elle. Mettant quelques instants avant de s'habituer à la forte luminosité qui s'en dégageait, grognant, elle se protégeait vivement les yeux de ses bras. Prenant tout son temps et grimaçant, elle finissait par se redresser.

​Chacun de ses membres la faisait atrocement souffrir. N'ayant pratiquement pas fermé l'œil de la nuit, elle avait sans cesse revécu les morts d'Idríl et d'Anétha.

Le cœur meurtri, elle observait chacun de ses amis assis à côté des uns des autres pour se tenir chaud. Leurs regards plongés dans le néant d'un silence pesant en disait long sur leur immense peine.

​Claquant des dents, près d'elle, elle croisait fugacement le regard de Fanaelyss qui tentait de lui offrir un bien mince sourire. L'ignorant, elle observait un peu plus loin Aravena jouant avec son épée. L'estomac noué, Calya se souvenait qu'Idríl l'avait tenu quelques heures avant de rendre son dernier souffle.

​Immédiatement elle orientait le regard dans la direction opposée. Assis en face d'elle, Oryon jouait distraitement avec ses doigts. Le cœur sur le point d'exploser à chaque minute, la gorge sèche, sa douleur était inexplicable. Il venait de perdre Anétha, son amie de plus longue date. Depuis plus de sept ans, ils vivaient ensemble et ne s'étaient encore jamais séparés. Elle avait toujours été là pour lui et n'avait point hésité une seconde avant de plonger dans l'eau gelée pour le sauver de l'emprise des Cyllèles. La considérant comme sa sœur, Oryon était inconsolable. Pourquoi les étoiles l'avaient-elles appelé elle aussi ? Pourquoi avait-il fallu qu'on la lui arrache ? Qu'avait-il fait pour mériter une telle punition ? Le sacrifice d'Idríl ce soir-là n'avait-il pas été suffisant ? Comment pouvait-on vivre sans ceux qu'on aimait le plus ?