16 - La gigantesque arène

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​Inutile de préciser que Calya venait de passer l'une des pires nuits de sa vie.

Malheureusement pour elle, elle n'était guère parvenue à se reposer convenablement. À plusieurs reprises, sous un ciel faisant danser les ombres, elle avait tenté de trouver la position idéale qui ne lui ferait point mal au dos. C'est seulement lorsque le jour daignait enfin à se lever qu'elle trouvait désormais le repos qu'elle cherchait tant.

​Les rideaux tirés, l'esprit encore bien trop occupé, elle éprouvait quelques difficultés à revenir dans la réalité. Se redressant vainement, elle n'avait de cesse de s'interroger. Avait-elle prise la bonne décision ?

​Sans plus tarder, l'ouverture de sa chambre laissait apparaître le visage morose de la jeune Greta.

Silencieusement les deux femmes se saluaient.

Toujours sans un mot, le visage déformé par la tristesse évidente de la voir mourir au combat, la jeune esclave se dirigeait précautionneusement vers Calya. Ce matin-là, elle ne trainait pas à l'habiller.

​Pour l'occasion spéciale de cet épouvantable affrontement, la rousse était vêtue d'une combinaison noire de jais qui recouvrait entièrement chaque parcelle de son corps. Bientôt elle se retrouvait coiffée de deux tresses distinctes retombant sur chacune de ses épaules. Malgré elle, elle ne pouvait s'empêcher de se contempler dans le miroir situé juste en face d'elle.

Jouant nerveusement avec ses mains, Calya comprenait aisément qu'elle avait fait le bon choix en acceptant de se battre dans l'arène à la place d'un de ses amis. Pour rien au monde elle ne le regrettait.

​En effet elle avait déjà perdue tous ceux et celles à qui elle tenait le plus. Ce dernier combat, peut-être même l'ultime combat de sa vie, ne l'effrayait pas autant que les sœurs Griffin. À la fin de sa préparation, Greta versait quelques larmes silencieuses qu'elle ne parvenait cependant pas à dissimuler.

Maladroitement et plongeant Calya dans un profond malaise, elle la complimentait avec bienveillance. N'y accordant point la moindre attention, la concernée se détournait lentement de ses gestes.

​Progressivement accompagnée de Greta, elle se dirigeait vers le salon afin qu'elle puisse prendre son petit déjeuner. Vivement rejointe par Oryon, c'est à peine s'ils échangeaient quelques mots ce matin-là.

L'ambiance électrique accablante et onéreuse ne rendait pas les adieux plus faciles. Tous les deux accaparés par de bien vilaines pensées, ils devinaient facilement qu'ils vivaient leurs derniers instants l'un avec l'autre.

​N'ayant jamais été un très grand croyant, contre toute attente, Oryon se raccrochait en l'espoir soudain de revoir Calya dans l'au-delà après sa mort. En vain il tentait désespérément de croire en une force supérieure à la nature, une force mystique qui pourrait venir en aide à son amie. Plongé dans une détresse presque cauchemardesque aux tourments névrosés, muettement il se mettait à prier.

​Lui jetant un rapide coup d'œil, Calya percevait toute l'inquiétude et l'anxiété qui émanait de son corps à présent secoué de tremblements et empreint à des sueurs froides plus violentes les unes que les autres.

Les yeux clos, Oryon remuait simplement les lèvres en priant et invoquant une force supérieure pour épargner la vie de la jeune femme.

​Doucement elle faisait glisser sa main sur la sienne comme pour lui assurer qu'elle ne comptait pas s'en aller de sitôt. Surpris, il rouvrait instantanément les yeux. Inclinant légèrement la tête sur le côté, il ne pouvait désormais plus s'empêcher de retenir ses violentes larmes marquer sa peau au fer rouge. Cette vision lui devenant soudainement insupportable, Calya détournait précipitamment le visage.

LE ZOO FAIRY (T3) : Comen et ses secrets Où les histoires vivent. Découvrez maintenant